Chez Alfa Romeo, Enzo Ferrari a réussi à faire triompher la marque dans toutes les grandes courses. Quand il fonde sa propre compagnie, ses ambitions sont exactement les mêmes. Pour réaliser ces plans, il a fait concevoir par son chef designer Gioachino Colombo un moteur V12. Même si l'expérience de Ferrari avec ce type de moteur est encore limitée, il est fasciné par le V12 depuis les années 1920, date à laquelle il a vu l'incroyable Delage 2LCV. Le nouveau moteur de Colombo est conçu pour équiper toute la gamme de Ferrari annoncée au début de 1947, qui comprenait une voiture de course sportive et une monoplace.

Anticipant ses multiples objectifs, Colombo a fixé la cylindrée initiale à 1,5 litre, mais avec beaucoup de place pour pouvoir éventuellement l’augmenter. Ce choix est tout à fait dans le cadre de la réglementation des Grand Prix, qui autorise une cylindrée de 4,5 litres pour les moteurs à aspiration naturelle et de 1,5 litre pour les moteurs à suralimentation. Le V12 est construit en alliages légers et comporte un seul arbre à cames en tête pour chaque groupe de cylindres. Il est installé dans un châssis tubulaire en acier relativement simple avec suspension avant indépendante et accouplé à une boîte de vitesses à cinq rapports. Le moteur est surnommé type «125» d’après la cylindrée unitaire du moteur, et la première Ferrari qui en est équipée fait ses débuts au milieu de l’année 1947.

Les toutes premières voitures de Ferrari sont utilisées dans divers types de compétitions et sont adaptées, au niveau de quelques détails, en fonction du type d’évènement. Le moteur de 1,5 litre est équipé d'un Supercharger de type Roots. La puissance maxi obtenue s’élève alors à 230 ch. Mais ces voitures ne se sont pas encore à la hauteur de l'Alfa Romeo dans les Grands Prix. Alors même que ce sont Enzo Ferrari et Gioachino Colombo qui ont conçu les moteurs du concurrent Italien !  Profitant des possibilités du V12, Ferrari décide de développer une seconde version de la 125 F1 avec un moteur de deux litres à aspiration naturelle pour la Formule 2. Logiquement baptisée 166 F2, elle s’avére beaucoup plus compétitive que ce soit dans les mains de l’équipe d’usine ou dans celles des coureurs privés

Cependant, déçu par les résultats, et sans doute parce qu’il estime ne pas avoir assez de moyens, Colombo quitte Ferrari et retourne chez Alfa Romeo. Il est remplacé par Aurelio Lampredi, qui continue à développer le moteur de Colombo, tout en travaillant sur un V12 beaucoup plus dimensionné. En 1949, un Supercharger à deux étages équipe la 125 F1, augmentant encore la puissance à près de 300 ch. La voiture de Ferrari n’est toujours pas compétitive par rapport à la vieille Alfa Romeo qui, elle aussi a progressé, et qui continue à dominer cette saison comme d’ailleurs la saison suivante 1950, en remportant tous les grands prix. Ferrari remplace finalement la 125 F1 en 1951 avec la 375 F1 à moteur de 4,5 litres de cylindrée. Ce n’est cependant pas tout à fait la fin pour le moteur de Colombo en Formule 1 puisque Ferrari construit deux voitures à aspiration naturelle en 1951 avec une version de 2,5 litres du V12 d'origine. L’objectif est de préparer la nouvelle réglementation, qui doit entrer en vigueur en 1954.

La plus réussie des premières monoplaces Ferrari à moteur V12 est sans aucun doute la Formule 2. Engagée en courses entre 1948 et 1951, les 166 F2 ont engrangé de nombreuses victoires. Elles sont remplacées en 1952 par une voiture à moteur quatre cylindres 500 F2, au volant de laquelle Albert Ascari va remporter deux championnats du monde consécutifs.

La voiture présentée ici (Châssis : 011F) a été conçue à l'origine comme une voiture de Formule 2 en 1949. Cette première Ferrari est acquise neuve par Juan Manuel Fangio avec le soutien du gouvernement argentin. Engagée par la Scuderia Ferrari, la voiture remporte une première victoire dans le Grand Prix de Monza en Juillet 1949. Lors de la sortie suivante, le châssis 011F apparait dans les couleurs de l’équipe argentine bleu avec un capot moteur jaune. Plus tard dans la saison, la voiture est équipée d'un compresseur et est engagée dans plusieurs courses de Formula Libre en Amérique du Sud par Fangio. À son retour en Europe, elle revient en Formule 2 pilotée à nouveau par Fangio mais avec peu de succès. En Formule Libre, la voiture retourne en Argentine où elle va rester jusqu'à sa découverte par Colin Crabbe à la fin des années 1980. Celui-ci transporte la voiture au Royaume-Uni où elle est entièrement restaurée par Tony Merrick. Les propriétaires allemands actuels ont acquis l'ex-Fangio Ferrari 166 FL en 2003.

Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale

ultimatecarpage.com

supercar.net

swisscarsighting.com

mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :

autogaleria.hu

Vous pouvez retrouver d'autres véhicules, tout aussi exceptionnels, dans la rubrique "VOITURES DE LEGENDE" de ce blog ou en vous inscrivant à la Newsletter (voir ci-contre)