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22 février 2018 4 22 /02 /février /2018 09:00

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LES ACTEURS DE LA REVOLUTION :  ROBESPIERRE (21/50)

 

Arrestation de Louis XVI* et de sa famille à Varennes

 

 

 

 

 

LA FUITE DU ROI : VARENNES (21 JUIN 1791)

 

 

 

 

   20 Juin 1791 : la famille royale quitte les Tuileries. Le Roi déserte son royaume. Il fuit la nation révolutionnaire avec laquelle il a tenté, très maladroitement et par force sans doute, de composer.

    Beaucoup s'attendaient à la fuite de Louis XVI*. Des rumeurs couraient depuis plusieurs semaines dans la capitale, alimentées par les allées et venues aux Tuileries et par les visites fréquentes du mystérieux Axel de Fersen (1), ami de Marie-Antoinette*.

    La folle équipée, qui se termine à Varennes dans la nuit du 21 au 22 Juin, est un nouveau tournant pour la Révolution (2). Elle va avoir des conséquences graves sur le plan intérieur. Sur le plan extérieur, elle va raviver la guerre entre la France et les royautés voisines.

    Robespierre ne parait pas s'étonner de l'épisode de Varennes. Il est même assez satisfait de voir se réaliser ce qu'il annonce depuis plusieurs mois : le Roi, la Reine, ont des relations secrètes avec l'ennemi; ils ont mis sur pied, avec la complicité de la noblesse émigrée, un plan destiné à détruire la Révolution. La séance de l'Assemblée, en ce 21 Juin, est donc très animée. Robespierre veut parler; on le fait taire..Il insiste pour prendre la parole, le Président l’en empêche… Grand tumulte sur les bancs des députés, mais aussi à l'extérieur où une foule très dense s'est massée autour de la Salle du Manège. C'est donc aux Jacobins, le soir, que Robespierre peut enfin s'exprimer :

 

«  Ce n'est pas à moi que la fuite du premier fonctionnaire public devrait paraître désastreuse. Ce jour pouvait être le plus beau de la Révolution, il peut le devenir encore et le gain de 4O millions d'entretien que coûte l'individu royal serait le moindre des bienfaits de cette journée.  Mais pour cela, il faudrait prendre d'autres mesures que celles qui ont été adoptées par l'Assemblée nationale et je saisis un moment où la séance est levée pour vous parler de ces mesures qu'il me semble qu'il eût fallu prendre et qu'il ne m'a même pas été permis de proposer. Le roi a choisi pour déserter son poste le moment où l'ouverture des assemblées primaires allaient réveiller toutes les ambitions, toutes les espérances, tous les partis, et armer une moitié de la nation contre l'autre, par l'application du décret du marc d'argent, et par les distinctions ridicules établies entre les citoyens entiers, les demis citoyens, et les quarterons... » (3)

 

    Pourquoi revenir encore une fois sur la loi électorale ? Maximilien Robespierre ne voit-il pas, à cet instant,  les conséquences de la fuite du Roi sur la politique extérieure de la France ? Ne réalise-t-il pas que ce Roi, maintenant déshonoré, va attiser toutes les haines des têtes couronnées d'Europe contre la Révolution Française ? Ou bien feint-il d'ignorer tout cela ?

    En tous cas, ce n'est pas de cela dont il a choisi de parler mais bien des menaces qui viennent de l'intérieur du pays et qui, chaque jour un peu plus, tendent à remettre en cause les acquis de 1789. De la tribune des Jacobins, il jette à l'assistance cette phrase accusatrice :

 

« L'Assemblée nationale trahit les intérêts de la Nation... » (4)

 

Mesurant la gravité des paroles qu'il vient de prononcer, Robespierre poursuit :

 

« Je sais qu'en accusant ainsi la presque universalité de mes confrères, les membres de l'Assemblée, d'être contre-révolutionnaires, les uns par ignorance, les autres par terreur, d'autres par un ressentiment d'orgueil blessé,..beaucoup parce qu'ils sont corrompus, je soulève contre moi tous les amours propres, j'organise mille poignards, je me dévoue à toutes les haines, je sais le sort qu'on me garde.. »

« (..) Aujourd'hui que les suffrages de mes concitoyens, qu'une bienveillance universelle, que trop d'indulgence, de reconnaissance, d'attachement m'ont bien payé de ce sacrifice, je recevrai presque comme un bienfait une mort qui m'empêchera d'être témoin des maux que je vois inévitables . » (4)

 

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION :  ROBESPIERRE (21/50)

 

Arrestation de Louis XVI* et de sa famille à Varennes

   

 

    L'Incorruptible se montre enfin sous son vrai jour : il a l'intime conviction que lui seul est suffisamment intègre pour être le rempart contre les traîtres qui s'agitent de toute part. Cette intime conviction ne le quittera plus. La conclusion de ce discours accusateur est :

 

«  Je viens de faire le procès de toute l'Assemblée, je lui défie de faire le mien. »  (4)

 

    Ce discours, rapporté par Camille Desmoulins* dans ses « Révolutions de France et de Brabant », constitue une véritable déclaration de guerre de Robespierre et de ses amis envers ceux qu'il appellera bientôt les représentants des « factions ». La royauté est bien, dans son esprit, définitivement compromise et ceux qui la soutiennent encore sont, par conséquent, des traîtres à la Révolution. Comme le dit justement Robert Palmer « Robespierre a les défauts d'un homme introverti, qui est sûr d'avoir raison. Celui qui n'est pas de son avis est tout simplement dans l'erreur (..) Une action concertée à laquelle il ne participe pas est une intrigue à ses yeux. » (5). Malgré tout, il n'adhère pas encore à l'idée de République, comme d'ailleurs la grande majorité des députés.

    Alors que l'Assemblée siège sans désemparer, que le peuple est inquiet, que les sections et les clubs se réunissent jour et nuit pour discuter de l'avenir de la Révolution, Robespierre disparaît à nouveau. Il va se taire jusqu'au 13 Juillet. Est-il éloigné de la scène politique par un nouveau problème de santé ?... Nul ne sait....

    Le 13, on le voit aux Jacobins, on l'entend surtout car sa rentrée ne passe pas inaperçu. On l'accusait de ne point vouloir choisir entre la monarchie et la République et, pour la première fois, il donne quelques éclaircissements :

 

 «  On m'a accusé d'être républicain; on m'a fait trop d'honneur, je ne le suis pas... Le mot République ne signifie aucune forme particulière de gouvernement : il appartient à tout gouvernement d'hommes libres qui ont une patrie. On ne peut être libre avec un monarque comme avec un Sénat. Qu'est-ce que la constitution française actuelle ? C'est une République avec un monarque. Elle n'est donc point monarchie ni République. Elle est l'une et l'autre. »  (6)

 

       Mais, c’est le lendemain, 14 juillet, qu’il laisse aller sa colère lors de la séance houleuse à l’Assemblée où l’on évoque à nouveau l’affaire de Varennes. En effet certains on tenté de disculper la personne du roi en faisant croire à un enlèvement de la famille royale. Et cette histoire rocambolesque est bien en train de convaincre l’opinion !..

 

«  Je n'examinerai pas si le roi a fui volontairement de lui-même, ou si de l'extrémité des frontières un citoyen l'a enlevé par la force de ses conseils.

«  Je n'examinerai pas si les peuples en sont encore aujourd'hui au point de croire qu'on enlève les rois comme des femmes (..)

«  Je veux examiner, avant tout, quelles sont les bornes du principe de l'inviolabilité.

«  Le crime légalement impuni est en soi une monstruosité révoltante, dans l'ordre social, ou plutôt, il est le renversement absolu de l'ordre social, si le crime est commis par le premier fonctionnaire public, par le magistrat suprême.

«  Je ne vois là que deux raisons de plus de sévir : la première, que le coupable était lié à la Patrie par un devoir plus saint; la seconde que, comme il est armé d'un grand pouvoir, il est bien dangereux de ne pas réprimer ses attentats (..)

«  Mais, nous a-t-on dit, si le roi commettait un crime, il faudrait que la loi cherchât la main qui a fait mouvoir son bras. Mais si le roi, en sa qualité d'homme, et ayant reçu de la nature la faculté du mouvement spontané, avait remué son bras sans les agents étrangers, quelle serait donc la personne responsable ? Si un roi appelait sur sa patrie toutes les horreurs de la guerre civile et étrangère; si à la tête d'une armée de rebelles et d'étrangers, il venait ravager son propre pays, et ensevelir sous les ruines la liberté et le bonheur du monde entier, serait-il inviolable ? Le roi est inviolable ! Vous l'êtes aussi, vous, mais avez-vous la faculté de commettre un crime ? Et oseriez-vous dire que les représentants du souverain ont des droits moins étendus pour leur sûreté individuelle que celui dont ils sont venus restreindre le pouvoir, celui à qui ils ont délégué, au nom de la nation, le pouvoir dont il est revêtu ? Le roi est inviolable ! Mais les peuples ne le sont-ils pas aussi ? Le roi est inviolable par une fiction; les peuples le sont par le droit sacré de la nature; et que faites-vous en couvrant le roi de l'égide de l'inviolabilité si vous n'immolez pas l'inviolabilité des peuples à celle des rois ?

«  Il faut en convenir, on ne raisonne de cette manière que dans la cause des rois. »  ( 7)

 

 

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION :  ROBESPIERRE (21/50)

 

Axel de FERSEN

 

 

 

    Le 15, il publie le « Dernier discours de Monsieur de Robespierre sur la fuite du Roi ». On trouve déjà dans ce texte les thèmes qu'il développera à la Convention, aidé par son ami Saint-Just*, lors du procès de Louis XVI* :

 

«  Je dis seulement que, pour la conservation même de cette considération si nécessaire à l'effet de la royauté, il n'est plus possible qu'un roi qui s'est déshonoré par un parjure de tous les crimes les plus antipathiques à l'humeur française, un roi qui, de sang froid allait faire couler celui des français, il n'est plus possible qu'un tel roi se montre encore sur le trône. Le dernier de ses sujets se croirait déshonoré en lui. » (8)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)   FERSEN (Axel, Comte de) : Né à Stockholm le 4 Décembre 1755. Officier suédois, il vient servir en France et se distingue dans la guerre d'indépendance américaine.

Introduit à la Cour, il tombe follement amoureux de Marie Antoinette*. Il sera l'organisateur de la fuite de Varennes et, après l'arrestation des souverains, mettra tout en œuvre pour tenter de les sauver.

Rentré en Suède, il sera accusé d'avoir empoisonné le Prince héritier et sera massacré par la foule le jour des funérailles de ce dernier le 20 Juin 1810.

 

(2)   Pour plus de détails sur la fuite de Varennes voir Louis XVI*

 

(3)   cité par  Gérard WALTER  "Robespierre" op. cit. page 168

        et André STIL  "Quand Robespierre et Danton..." op. cit. page 138

 

(4)   idem  page 169

 

(5)    Robert PALMER "Le Gouvernement de la Terreur"  Armand Colin, Paris, 1989, page 20

 

(6)   cité par  Arthur COMTE "Billaud-Varenne", Olivier Orban, 1989, page 140

 

(7)   cité par Jean-Claude FRERE  "La Victoire ou la Mort"  op. cit. pages 226-227

 

(8)   cité par  Gérard WALTER "Robespierre" op. cit. page 171

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A SUIVRE :

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : ROBESPIERRE (22/50)

 

L'AFFAIRE DU CHAMPS DE MARS : JUILLET 1791

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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