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26 novembre 2017 7 26 /11 /novembre /2017 09:00

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LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : MARIE-ANTOINETTE, REINE DE FRANCE (2/35)

 

Marie-Thérèze, Impératrice d'Autriche

 

 

LE MARIAGE AU SERVICE DE LA DIPLOMATIE AUTRICHIENNE 1766-1769

 

 

 

 

    Marie-Thérèse est souvent très déçue par le comportement de sa dernière fille. Et pourtant c’est  pour elle qu'elle va dépenser le plus d'énergie et élaborer le plus grand des projets : faire de Marie-Antoine la reine de France. Cette idée a germé très tôt dans la tête de l'Impératrice. Dès 1761, alors que la jeune princesse n'avait que six ans et que Louis-Auguste, héritier du trône de France, n'en avait que sept, des tractations ont été engagées. Dès cette période, on discute de l'avenir de ces deux enfants au cours de contacts secrets entre les ambassadeurs des deux pays.

 

    Pour l'Impératrice, la conclusion de ce mariage présente un double intérêt : il mettrait fin à un siècle et demi d'hostilités entre la France et l'Autriche mais il pourrait surtout sceller la nouvelle alliance France-Autriche conclue en 1756 contre les ennemis communs que sont l'Angleterre et la Prusse. Louis XV, à l'époque, s'était montré favorable à ce renversement d'alliances en Europe qui était justifié, à ses yeux, par les accords conclus entre la Prusse et l'Angleterre. Si l'Angleterre, l'ennemi héréditaire, se trouvait des alliés, il fallait bien que la France en tire les conséquences. Entraînées dans la Guerre de Sept ans, les armées du roi de France se sont battues aux côtés de l'armée autrichienne mais ce conflit n'a eu que des résultats désastreux pour la France qui, en particulier, a perdu une bonne partie de ses colonies au profit de l'Angleterre. Marie-Thérèse n'en est pas vraiment fâchée. Une France affaiblie en Europe lui laisse le champ libre pour exercer son influence sur toute la partie orientale du continent. Et pourtant, le rapprochement entre l’Angleterre et la Prusse l’inquiète. Le mariage de sa fille avec l'héritier du trône de France, aboutissement de quinze ans de diplomatie patiente serait donc une bonne solution pour renforcer son influence en Europe.

 

    C'est une opération politique délicate mais de première importance qu’elle a décidée de mener à bien par l’entremise de l’Archiduchesse Marie-Antoinette et du petit-fils de Louis XV.

    Compte tenu de l’importance de l’enjeu, Marie Thérèse va donc faire tout ce qui est en son pouvoir pour faire aboutir ce projet de mariage. Cinq années de négociations seront nécessaires pour parvenir à un accord qui est finalement conclu en 1766. Un accord qui doit beaucoup à la pugnacité de l’Impératrice mais un peu aussi à la bonne volonté de Choiseul (1), ministre de Louis XV. Car du côté de Louis XV il semble que l’on voit d’un bon œil ce futur mariage plutôt  bénéfique à la politique de la France. Le Roi n’a posé  qu’une seule condition à cette union : que la future Reine de France sache s’exprimer correctement en français. Une condition qui préoccupe au plus haut point l’Impératrice compte tenu du peu d’enthousiasme que sa fille manifeste à l’égard de l’éducation qu’on lui donne !..

 

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : MARIE-ANTOINETTE, REINE DE FRANCE (2/35)

 

Florimont Claude Comte de Mercy-Argenteau

 

   S’il y a bien accord de principe, rien n’est donc encore fait ; mais tous les espoirs sont maintenant permis à l’Impératrice d’Autriche. Madame Antoine, c’est ainsi qu’on l’appelle maintenant, vient d’avoir ses onze ans. Elle est de moins en moins attentive à ce que ses précepteurs tentent de lui enseigner. Ses journées ne sont faites que de jeux et de bavardages avec ses sœurs, espiègleries, fou rires, moqueries.. Une seule chose à de l’importance pour cette petite fille qui est très attachée à son père : la musique que lui enseigne le maître qu’il lui a donné : Gluck (2). Mais elle aime aussi beaucoup les cours que lui donne un professeur de danse chargé de l’initier aux distractions de la Cour de France à Versailles.

 

    Son frère Joseph, quelques années plus tard, la décrira de ces mots : « une tête à vent ». Il est vrai que la jeune Archiduchesse est bien insouciante ! …

 

    A la fin de l'été 1767, les perspectives du mariage se confirment ; une date semble même être déjà avancée. L'Impératrice souhaite que ses projets d'alliance aboutissent vite et, pour palier, autant que possible, à l'inculture de la future reine de France, elle décide de prendre en main son éducation. Force est de constater qu'avec Madame Antoine, qui n'y met pas beaucoup du sien, il y a fort à faire. Il s'ensuit donc un changement de gouvernante et le recrutement d'un précepteur de confiance chargé d'inculquer à la future reine les finesses de la langue française mais également l'histoire, la géographie, la littérature, et tout ce qu'il est nécessaire de savoir pour paraître à la Cour de Versailles.

    C'est l'abbé de Vermond, recommandé par Choiseul lui-même, qui va être chargé de cette lourde tâche. Il l'assumera d'ailleurs plutôt bien en faisant preuve de beaucoup de persévérance. L'abbé avait fondé beaucoup d'espoirs sur sa jeune élève :

 

« Elle a une figure charmante, elle réunit toutes les grâces du maintien, et si, comme on doit l'espérer, elle grandit un peu, elle aura tous les agréments qu'on peut espérer d'une princesse. Son caractère, son cœur, sont excellents... » (3)

 

    Le talentueux précepteur ne sera pourtant guère récompensé de l'énergie dépensée pour tenter d'éduquer la petite fille charmante dont il a la charge : à treize ans, elle ne sait pratiquement rien de ce qu'il lui a enseigné.  Il s’en plaint d’ailleurs dans un rapport adressé à Mercy-Argenteau  (4):

 

« Elle a plus d’esprit qu’on lui en a cru pendant longtemps. Malheureusement, cet esprit n’a été accoutumé à aucune contention jusqu’à douze ans. UN peu de pairesse et beaucoup de légèreté m’ont rendu son instruction plus difficile. J’ai commencé pendant six semaines par des principes de belles lettres. Elle m’entendait bien lorsque je lui présentais des idées éclaircies. Son jugement était toujours juste, mais je ne pouvais l’accoutumer à approfondir un objet, quoique je sentisse qu’elle en était capable. » (5)

 

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : MARIE-ANTOINETTE, REINE DE FRANCE (2/35)

 

Etienne François de Choiseul

    Elle ne pense qu'à une seule chose... s'amuser ! C'est sa mère qui va reprendre sérieusement les choses en mains. Si la future reine e France ne veut pas se soucier de sa culture, elle saura au moins comment paraître dans le monde. Marie-Thérèse apprend donc à sa fille à se présenter en public. L'Archiduchesse, que cela lui plaise ou non, se tient dorénavant aux côtés de sa mère dans toutes les réceptions à Schönbrunn des princes et des ambassadeurs. Cette nouvelle vie ne lui déplait d'ailleurs pas trop car même s'il y a des contraintes et des cérémonies fort ennuyeuses, il y a aussi, et cela compense un peu, les bals, les spectacles où Marie-Antoine prend beaucoup de plaisir. Cette existence insouciante se prolonge jusqu'au début de l'été 1769.

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)  CHOISEUL (Étienne-François de Choiseul-Beaupré-Stainville)  comte puis duc de Choiseul (1758) et duc d'Amboise (1764). Homme d’Etat français né le 28 juin 1719 à Nancy et mort le 8 mai 1785 au château de Chanteloup. Il fut le chef du gouvernement de Louis XV entre 1758 et 1770.

Il était préoccupé par la modernisation de l'État et son renforcement face au pouvoir de l'Église, symbolisant l'alliance sociologique et politique entre une frange libérale de la noblesse européenne et la bourgeoisie progressiste d'affaires, tout comme William Pitt en Grande-Bretagne, Pombal au Portugal, Tanucci à Naples, Du Tillot à Parme, Kaunitz en Autriche.

 

(2)  GLUCK (Christoph Willibald, Ritter [chevalier] von)  est un compositeur allemand d'opéra de la période classique, né à Erasbach, dans l'électorat de Bavière, le 2 juillet 1714 et mort à Vienne, dans l'archiduché d'Autriche le 15 novembre 1787.

Il a transformé l'opéra avec sa célèbre « réforme » visant à introduire le naturel et la vérité dramatique, et qui a notamment occasionné la querelle des Gluckistes et des Piccinnistes, qui l'opposa aux piccinistes, défenseurs de l'opéra italien, sans jamais toutefois le brouiller avec qui que ce soit. Il reste l'un des compositeurs les plus importants de la musique de la période classique dans l'aire germanophone avec Joseph Haydn, Wolfgang Amadeus Mozart, Karl Ditters von Dittersdorfet Carl Philipp Emanuel Bach. Il ouvre la porte au classicisme viennois dont il est le premier jalon significatif.

 

(3 )  Cité par Claude DUFRESNE  " Le Cœur de la Reine "  Bartillat, Paris, 1997, page 18.

 

(4)  MERCY-ARGENTEAU (Florimond Claude, comte de) : Né à Liège le 26 Avril 1727, il embrasse la carrière diplomatique et est nommé Ambassadeur d'Autriche à Paris en 1766. Il devient le conseiller et l'homme de confiance de Marie-Antoinette et reste en poste pendant vingt-quatre ans, jusqu'en 1790. Il est l'un des principaux artisans de la coalition contre la France révolutionnaire et tente, par tous les moyens, de sauver la monarchie.

Nommé à l'ambassade de Londres, il y meurt le 25 Août 1794.

 

(5) Cité par Hortense DUFOUR «  Marie-Antoinette la mal-aimée » op. cit. Page 69

 

 

 

 

 

A SUIVRE : 

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : MARIE-ANTOINETTE, REINE DE FRANCE (3/35)

 

LES FASTES DE LA COUR DE VIENNE - 1770

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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