Avec le lancement de la 3500 GT, en 1957, Maserati passe du statut de fabriquant de voitures de course ou de voiture routières sur mesure au statut de constructeur automobiles à part entière. Cette décision est l’aboutissement d’une longue et riche tradition mais cette étape est surtout devenue indispensable pour assurer la survie de l'entreprise. Les ingénieurs de Maserati vont mettre tout leur savoir faire et leur riche expérience pour porter la 3500 GT à la hauteur de la réputation des voitures produites précédemment.

Certains clients fidèles, amoureux de la marque, sont toujours demandeurs de voitures plus personnalisées que les 3500 GT de série. Même si la cadence de production est encore relativement faible. Parmi ces clients fortunés et exigeants figure le Shah d’Iran, Reza Pahlavi, très amateur de belle voitures. Du côté de Maserati, l’ingénieur en chef Giulio Alfiéri a, lui aussi, des projets plein la tête. Il rêve depuis un moment déjà de combiner le châssis de la 3500 GT, très éprouvé, avec le moteur V8 utilisé en compétition. Ce moteur équipe l’une des plus performantes voitures de course de la marque : la Maserati 450S qui vient de remporter les « 12 Heures de Sebring ».

Le rêve de Giulio Alfiéri et l’intérêt du Shah d’Iran vont se concrétiser après que les propriétaires de Maserati, la famille Orsi, ait donné le feu vert. Le châssis de la 3500 GT est renforcé pour supporter l’accroissement notable de puissance. Les freins sont également changés : disques à l’avant et tambours à l’arrière. Une disposition qui évoluera très vite vers freins à disques sur les quatre roues. L’affaire de l’adaptation du châssis est réglée relativement vite. Le plus difficile va être d’adapter le moteur V8 à 90° à des conditions de roulage sur route. La cylindrée est augmentée pour atteindre 4 950 cc. Alimenté par quatre carburateurs Weber 45 IDM le moteur développe 350 cv à 5 500 t/mn. Mais pour des questions de fiabilité il faudra descendre la puissance maxi à 325 cv.

Baptisé 5000 GT, le premier châssis roulant est envoyé chez le carrossier Touring à Milan. Cette première voiture destinée au Shah d’Iran est luxueusement aménagée avec des bois précieux et même des accessoires intérieurs en or. Les dimensions de cette prestigieuse voiture sont encore accentuées par le faible volume de l’habitacle. L’exemplaire unique de la 5000 GT est présenté au salon de l’Automobile de Turin en 1959. L’intérêt du public sera très limité puisque seul un deuxième exemplaire sera construit en 1960.

Maserati, et Alfieri en particulier, n’abandonnent par pour autant la 5000 GT. Ils vont à nouveau se pencher sur le moteur pour le rendre plus « carré » en modifiant alésage et course et, en 1961, il est également équipé de la dernière version du système d'injection de carburant Lucas. À la suite de ces changements, les performances sont presque revenues aux niveaux du prototype initial à 340 ch.

Cette même année Maserati fabrique des nouveaux châssis pour les confier à de nombreux carrossiers italiens. Le plus célèbre coupé 5000 GT est connu sous le nom d’Indianapolis, dessiné par  Giovanni Michelotti pour Allemano. Sur les 34 exemplaires de Maserati 5000 GT construits 18 seront réalisés par Allemano.

La production de la 5000 GT cesse en 1964. Une dernière voiture sera construite en 1965 puis une autre en 1966 sur des châssis existants. Le moteur V8 continuera à être utilisé sur des modèles de série comme les Ghibli ou Bora. Avec seulement 34 exemplaires construits la Maserati 5000 GT est aujourd’hui une voiture extrêmement rare.

Le modèle présenté ici (châssis 103.004) est le deuxième exemplaire fabriqué. C’est une copie exacte du modèle construit pour le Shah d’Iran. Il a été vendu à un industriel Sud Africain Basil Read qui, à l’époque, était aussi le propriétaire du célèbre circuit de courses automobiles de Kyalami. Alors qu’on l’avait perdue de vue, la voiture réapparait dans un Musée de l’Automobile de l’Ohio au milieu des années 1990. Après avoir subie une restauration complète pour la remettre dans sa configuration initiale elle fait maintenant partie d’une collection de Maserati basée dans le Connecticut. Elle est présentée dans de prestigieux concours d’élégance, comme le Pebble Beach en 2014, où la majorité de ces photos ont été prises.

Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale

ultimatecarpage.com

supercar.net

swisscarsighting.com

mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :

autogaleria.hu

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