La reconduction de Christiane Taubira au ministère de la Justice apparaît comme une surprise alors même que Manuel Valls est son Premier ministre et que l’on sait très bien que leurs rapports ne sont pas très chaleureux !..

Manuel Valls est Premier ministre et Christiane Taubira, sa ministre de la Justice. La configuration apparaissait comme improbable mais c'est pourtant l'un des principaux contours du nouveau gouvernement annoncé mercredi 2 avril. Quoi de plus surprenant pour la garde des Sceaux que d'avoir accepté d'être sous l'autorité de celui qui avait démonté point par point sa réforme pénale dans une lettre envoyée au Président en août dernier et qui avait fuité dans « Le Monde ». François Hollande avait fait la synthèse pour trouver un texte qui convienne aux deux partis. Mais la réforme pénale n'est que symptomatique de ce qui oppose Christiane Taubira à Manuel Valls. La première incarne une ligne à gauche du Parti socialiste - dont elle n'est pas membre - quand le second a toujours tracé sa route à droite de la majorité. Mais publiquement, Manuel Valls et Christiane Taubira se sont attachés à mettre en scène leur entente.

Le maintien de Christiane Taubira au poste de garde des Sceaux est d'autant plus surprenant que la ministre est ressortie affaiblie de l'affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy. Ses explications confuses sur son degré de connaissances de ces écoutes avaient desservi le gouvernement et mis la droite vent debout, réclamant une nouvelle fois sa démission. Lorsque la question de son départ de la place Vendôme lui avait été posée le 13 mars dernier, sur le plateau du Grand Journal de Canal +, elle répondait, évasive : "Vous le saurez en temps utile."

Icône de la gauche

Pas vraiment de quoi mettre fin aux nombreuses rumeurs sur son départ. Lesquelles étaient devenues de plus en plus insistantes avec la nomination lundi 31 mars dernier de Manuel Valls à Matignon. Les noms d'André Vallini, Bertrand Delanoë et Jean-Jacques Urvoas étaient cités pour lui succéder. Mais il aurait été délicat pour François Hollande de se passer de la ministre, celle-là même qui s'est imposée durant 22 mois place Vendôme comme une icône de la gauche. Ses discours flamboyants en plein débat sur le mariage pour tous lui avaient permis d'enregistrer jusqu'à 78% de bonnes opinions auprès de l'électorat de gauche. La ministre avait aussi l'avantage, dans un gouvernement où la parité est une exigence, d'être une femme. Mais aussi d'être issue du PRG. François Hollande donne ainsi des gages à ses alliés radicaux.

Confirmée mercredi à la Justice, Christiane Taubira entend donc mettre en œuvre sa réforme pénale. Sauf que remaniement oblige, la commission des Lois de l'Assemblée a renoncé à examiner le projet de loi qui devait être débattu le 14 avril dans l'hémicycle. Les syndicats de magistrats redoutaient justement un report du texte, dont ils attendent beaucoup. Tout comme ils aimeraient voir la couleur de la réforme du Conseil supérieur de la magistrature, promise par François Hollande et remise à plus tard.

Source : leJDD.fr  02-04-2014

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