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Le taekwondo français attendait cela depuis près d’un quart de siècle sans jamais y parvenir. Althéa Laurin devient championne olympique en plus de 67 kilos après sa victoire en finale contre l’Ouzbèke Svetlana Osipova. À 22 ans, la taekwondoïste réalise ce que ni Pascal Gentil (bronze en 2000 et 2004) ni Gwladys Epangue (bronze en 2008) ni le jeune Ravet (bronze il y a quelques jours) n’ont réussi avant elle.
Dans un Grand Palais archi-comble, les drapeaux s’agitent, les encouragements fusent et les pieds tambourinent contre les structures métalliques. Devant les siens, la native de Saint-Denis n’a pas tremblé, avançant crescendo dans une journée de compétition aux airs de marathon, s’étalant sur plus de douze heures (son premier combat s’est déroulé à 9 heures et sa finale à 21 h 37). Concentrée, appliquée et incisive, la sociétaire du Taekwondo Club Asnières Élite ne laisse aucune chance à ses deux premières adversaires. En huitième et en quart de finale, elle dispose facilement de la Tadjike Munira Abdusalomova et de l’Allemande Lorena Brandl, en remportant à chaque fois les deux premières reprises.
Mais le gros morceau de la journée est pour plus tard. Le dernier carré ou le combat couperet, celui qui valide (ou non) la médaille est un passage tendu et importantissime pour une discipline qui – au lendemain de l’élimination surprise au premier tour de la championne du monde en titre Magda Wiet-Hénin (-67 kg) – ne compte toujours qu’une médaille en bronze à son actif (Cyrian Ravet). Alors, en milieu d’après-midi, à l’heure du goûter, toute la salle lâche ses petits gâteaux, pose ses boissons sucrées et retient son souffle.
À plus forte raison qu’en demi-finale, la Française affronte Nafia Kus Aydin. Une sacrée cliente et surtout, une cliente sacrée. Le choc met en effet aux prises deux championnes du monde en titre : la Française en moins de 73 kilos et la Turque en plus de 73 kilos. Aux JO, la dernière limite de poids étant fixée à 67 kilos et Magda Wiet-Hénin ayant elle aussi sacrée mondialement, c’est naturellement qu’Althéa Laurin s’aligne chez les poids lourds. L’affrontement est tendu, accroché. Les deux femmes se connaissent par cœur et se méfient l’une de l’autre. Le combat est accroché mais la Française remporte la première manche (2-1) grâce à un coup de pied au corps à 40 secondes de la fin. La deuxième manche se solde par un nul (2-2), les deux femmes ayant touché chacune au corps, ce qui valide le ticket de la jeune combattante pour la finale.
En finale, elle est opposée à Svetlana Osipova, battue par la même Turque en finale des championnats du monde 2023. On se dit alors que l’Ouzbèke est à la portée d’Althéa Laurin, que toutes les planètes semblent alignées et que la providence va conduire Althéa Laurin au sommet de la verrière du Grand Palais et tout en haut de l’Olympe. Dans une première manche où les deux combattantes s’observent beaucoup, c’est la Française qui est la première à trouver la mire. Elle touche Osipova à la tête et remporte la manche (3-0). La deuxième reprise est irrespirable et dans un final où les deux femmes se touchent mutuellement, la Française, d’une ultime estocade dans les dernières secondes. Elle revient à 3-3 et s’octroie la victoire devant un public qui lance des ola et chante à tue-tête.
Source : ParisMatch.com 10-08-2024
Photo : TINSHU WANG - REUTERS
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