Le PS tente de revenir dans l'arène politique, après les chamailleries du Congrès de Reims et des élections internes qui ont suivi. C'est en ce sens que le principal parti d'opposition a tenté, et sans surprise échoué, de faire voter une motion de censure ce mardi 27 janvier à l'Assemblée nationale. Motion, dont le tempo et la pertinence ont été critiqués par la droite, mais aussi par certains des alliés de la gauche.
Maxime Gremetz, par exemple, a voté en faveur de cette motion de censure, mais uniquement pour ne pas être accusé de "faire le jeu de la droite". Le député apparenté communiste la juge "à contresens et à contretemps", avant la grande journée de manifestation de jeudi. "La motion de censure, il ne faut pas en abuser. Je trouve que le moment est mal choisi. Parce ce que, d'une part, ça permet de voir l'image de la droite unie alors qu'elle est complètement divisée -c'est un bon cadeau que l'on fait à la droite. Et, d'autre part, c'est avant un mouvement qui se prépare, unitaire, très large, (...) pas seulement contre la politique du gouvernement mais sur une plate-forme plus générale."
"Les blessures du congrès de Reims"
Les députés de la majorité ont offert une standing ovation à leur Premier ministre, qui répondait au discours de Jean-Marc Ayrault, le chef de file des députés socialistes, dont les propos avaient déjà été maintes fois répétés (suppression du paquet fiscal, insuffisance du plan de relance...). Encore, lors d'une conférence de presse donnée par Martine Aubry, un peu plus tôt.
François Fillon a compris le bénéfice qu'il pourrait en retirer et s'est engouffré dans la brèche, pour mieux mettre en avant son camp et insister sur les divisions au PS concernant le contre-plan de relance présenté la semaine dernière (voir notre article : "Le contre-plan de relance du PS (enfin) dévoile" du 22-01-2009) , qui sert de base à ladite motion de censure:
"Il ne m'appartient pas de juger d'une motion de censure dont l'opportunité et le contenu devraient peu convaincre les Français. “Le contre-plan de la gauche a le mérite d'exister”, vous a concédé Ségolène Royal. On ne pourrait être plus cruel! (...)
Cette motion de censure n'est qu'un pansement pour masquer les blessures du congrès de Reims. Elle n'est qu'un paravent pour dissimuler vos contradictions idéologiques. Elle laissera sur leur faim tous ceux qui espèrent une gauche plus moderne et moins systématique."
"C'est la rue qui dépasse le PS"
Une attaque "politique" immédiatement dénoncée par Arnaud Montebourg. Le député socialiste pour qui cette motion a été "longuement préparée" et n'est que le pendant logique des manifestations qui se profilent:
"C'est tout à fait complémentaire, il n'y a pas de compétition entre un mouvement social et une expression politique. La démocratie marche sur deux pieds."Quand ils ne comparent pas les cortèges de grévistes à de "grands happenings collectifs" ou à une "manif-pride", à l'image du député UMP Lionnel Luca, les élus de la majorité craignent davantage ce mouvement social qu'une telle motion de censure, comme le reconnaît son collègue Benoist Apparu:
"Aujourd'hui, ce qui peut d'ailleurs nous gêner, c'est que l'opposition est malheureusement plus dans la rue qu'ici [à l'Assemblée nationale, ndlr]. Et qu'on a un PS tellement faible, tellement affaibli, tellement pathétique qu'effectivement c'est la rue qui dépasse le PS."
Dans la rue, le PS a pourtant prévu d'y faire son retour. Invisible depuis longtemps sous les banderoles, la nouvelle première secrétaire entend y figurer de nouveau, mais de manière "statique", en regardant "passer le cortège". Initiative originale. Espérons pour les socialistes qu'elle sera plus efficace que cette motion de censure.
Source : Rue89 28-01-2009