S'il faut trouver un seul mérite à la crise actuelle ce sera celui là : nous aurons découvert que la France, à cause des handicaps qu'elle accumule depuis des décennies, aura sombré moins vite et moins fort dans la crise. Si l'on ne tient pas compte des Etats-Unis qui sont un cas particulier, l'Espagne, le Royaume Uni et, dans une moindre mesure l'Allemagne, pour ne regarder que les pays comparables, sont frappés plus durement que nous. Mais attention, ces handicaps qui aujourd'hui semblent nous préserver (un peu) sont les mêmes que ceux qui nous ont empêché de faire aussi bien que nos voisins quand la croissance était au rendez-vous. Ce sont les mêmes qui nous freineront dans notre retour à la prospérité quand la crise sera passée !...
Quels sont ces "amortisseurs" français ?
1/ Un secteur public important
La France compte 7 millions d'emplois dans les secteurs "administrés". La masse salariale de cette population est quasiment stable.
2/ Un taux élevé des transferts sociaux
Retraites, assurances-chômage et autres prestations sociales représentent 30 % des revenus des Français. Un record en la matière !.. Mais ceux qui perçoivent ces prestations ne subissent pas une baisse de richesse qui pèserait lourd sur leur consommation, donc sur la croissance.
3/ Un marché de l'emploi très rigide
Licencier est plus difficile en France qu'ailleurs. Face aux variations de l'activité, les entreprises s'ajustent donc moins vite.. Vive l'inertie !..
4/ Un commerce extérieur moins spécialisé
L'Allemagne, qui exporte surtout des biens d'équipement, est tributaire des investissements des entreprises, donc de leur anticipation d'activité. Pas nous qui dépendons moins du commerce mondial.
5/ Un plus faible recours au crédit
L'endettement est souvent, notamment aux Etats-Unis, le moteur de la demande intérieure. Mais, quand les banques le restreignent, la croissance s'effondre. Mais les Français, qui épargnent davantage, sont moins sensibles à ce phénomène.
Mais prenons garde car ces amortisseurs qui, aujourd'hui, nous préservent d'une chute trop brutale pourraient bien, demain, nous faire rebondir si mollement que le bilan global ne serait pas à l'avantage de la France.
Source : L'Express I 08-01-2009 I