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27 janvier 2009 2 27 /01 /janvier /2009 20:01











C
e sera donc Strasbourg. Et derrière Michel Barnier. On a beau le retourner dans tous les sens, expliquer que les élections européennes sont un enjeu important pour Nicolas Sarkozy et sa majorité. Que la seule bataille qui vaut pour un homme ou une femme politique, c'est l'onction du suffrage universel. Il n'empêche : pour Rachida Dati, numéro deux de la liste UMP aux élections européennes d'Ile-de-France, cela ne peut apparaître comme une promotion.

Pas même comme une reconnaissance. En tout cas, pas aux yeux de celle qui, incontestablement, fut l'une des icônes des débuts du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Qui avait obtenu l'un des plus beaux et l'un des plus symboliques ministères de la République, la chancellerie. Qui se serait bien vue ensuite place Beauvau. Au plus près du pouvoir et de celui qui le détient.

Alors, Strasbourg, à côté de cette ambition-là, ça paraît loin. Numéro un, cela pouvait encore coller avec le curriculum vitae du bon petit soldat du président, de la combattante politique acceptant de relever tous les défis. Mais ce sera numéro deux. Une dégringolade. Et la preuve qu'il y a bien quelque chose de cassé entre le président de la République et Rachida Dati.


Mercredi 21 janvier, elle apprend du secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, qu'elle doit quitter le gouvernement et que la place de numéro deux sur la liste européenne en Ile-de-France lui est offerte comme porte de sortie. On lui précise que c'est la seule. Rachida Dati renâcle, fait front.

Le lendemain, l'ultimatum lui est signifié une nouvelle fois, par Nicolas Sarkozy en personne. Avec les compliments d'usage : " C'est important pour le mouvement (l'UMP), c'est important pour toi." La combattante négocie un délai de grâce. Elle veut rester garde des sceaux le plus longtemps possible. Alors que Michel Barnier quittera le ministère de l'agriculture en mai, au début de la campagne officielle des élections européennes, elle obtient de n'abandonner le sien qu'une fois élue, en juin. Maigre consolation.


En fin de journée, jeudi 22 janvier, Rachida Dati quitte le bureau présidentiel, défaite, en évitant de croiser les nouveaux patrons de l'UMP, Brice Hortefeux et Xavier Bertrand, qui, au même moment, grimpent l'escalier menant au premier étage de l'Elysée. Après des semaines de bras de fer politique, de confidences distillées en grandes manoeuvres, Rachida Dati est enfin exfiltrée du gouvernement.

Jusqu'au bout, elle a cru pouvoir résister à sa disgrâce. Elle n'appartient pas au "G7", ce carré de ministres privilégiés réunis occasionnellement autour du chef de l'Etat ? Qu'à cela ne tienne, elle monte un "G2" avec sa collègue à l'écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, et les deux femmes partent à la rencontre "d'un public populaire", pour rester "branchées sur le terrain" et tenter de retrouver les "vibrations" de la campagne présidentielle.


La bronca des magistrats et du personnel pénitentiaire, la tutelle de plus en plus manifeste exercée par l'Elysée sur ses activités ministérielles via le conseiller à la justice de M. Sarkozy, Patrick Ouart
, son ennemi intime ? MmeDati rétorque qu'elle a "toute la confiance" du président et que ses seuls adversaires sont "la lourdeur de l'administration" et "le conservatisme". En novembre, dans l'avion qui la conduit à Mulhouse, elle assure : "Je demande quelque chose, on me dit "Impossible", je passe outre. Jamais on a osé réformer comme je le fais la machine judiciaire. Les médias, les magistrats avaient dit : "Elle n'y arrivera pas". On m'a pris pour la gentille fifille."


Sa maternité dans laquelle ses ennemis voient une formidable opportunité de l'écarter du pouvoir ? Elle assiste, resplendissante, quelques jours après son accouchement, à la rentrée solennelle de la Cour de cassation au cours de laquelle le chef de l'Etat vient annoncer la suppression du juge d'instruction.

L'offensive de ses adversaires reprend de plus belle. Mais le président, lui, écoute aussi les quelques conseillers influents qui le mettent en garde contre un "lâchage" trop violent de ce symbole de la diversité. "On ne peut pas dire qu'elle refuse ce que je lui demande de faire. Parfois, elle n'y arrive pas, mais elle y va", confie-t-il encore dans l'avion qui le ramène de sa première tournée au Proche-Orient.

Le président reconnaît aussi qu'elle a exécuté le programme de réformes qu'il lui avait demandé et que ses maladresses avec les juges, ses dérives people n'ont pas complètement entamé sa popularité dans l'opinion. "Elle existe dans sa communauté à un point incroyable, c'est une idole dans les banlieues", observe un des conseillers présidentiels. "Il ne faut jamais oublier pourquoi on l'a nommée. Pour ses compétences ou pour sa symbolique ?", rappelle l'ancien premier ministre Jean Pierre Raffarin.

 

PORTE DE SORTIE

 

Plus elle insiste, plus elle semble importuner. "J'ai encore reçu récemment l'assurance du président de la République que je continuerai en 2009 à mener mon action de garde des sceaux", s'autorise-t-elle à déclarer publiquement début janvier. Elle le dit aussi à François Fillon, en tête à tête. Qui en demande la confirmation à l'Elysée et... ne l'obtient pas. "Nicolas Sarkozy a horreur qu'on s'incruste et qu'on lui force la main", dit l'un de ses plus proches amis.

A la mi-janvier, le sort de la garde des sceaux semble scellé. Elle a contre elle, outre bon nombre de conseillers et de ministres qui ne lui pardonnent pas son ascension fulgurante à l'époque où elle était la "soeur" intouchable de Cécilia Sarkozy, quelques solides inimitiés nées au fil du temps. Dont celle, influente, de l'ancien mentor de M. Sarkozy, Edouard Balladur, qui répète à qui veut l'entendre qu'elle "n'est pas à la hauteur".

Rachida Dati, qui sent le sol se dérober sous ses pieds, laisse alors courir le bruit selon lequel elle accepterait de se porter tête de liste aux élections européennes. Un moyen, pense-t-elle, de reconquérir l'estime du président au moment où celui-ci ne décolère pas contre Rama Yade, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, qui a osé décliner une offre similaire.


Elle consulte ses amies ministres sur le sujet. Puis elle dément, croyant encore sauver son ministère. A l'Elysée, on décide de la prendre au mot. Et avec plus ou moins d'insistance, les proches du président tentent de la convaincre. Elle décline avec véhémence. Mais son extraordinaire capacité de résistance et son instinct de survie ne suffisent pas à combler son isolement. La porte de sortie l'attend.


Encore faut-il contrer d'éventuelles velléités de rébellion de sa part. Vendredi 23 janvier, les conseillers de l'Elysée, tout comme certains de ses collègues du gouvernement répétaient en choeur : "Vous comprenez, il y a eu un sondage confidentiel sur la région Ile-de-France. Michel Barnier se révèle une meilleure locomotive que Rachida Dati. En notoriété, elle est devant, mais en intentions de vote, il la bat de 3 points..."

Et au cas où le message ne serait pas assez clair, M. Sarkozy lui-même a précisé le même jour, lors d'une rencontre avec la presse où il était interrogé sur les élections européennes : "Les élus siègent à Strasbourg, c'est la règle." On ne saurait mieux signifier que le congé gouvernemental de Rachida Dati devrait être autrement plus long que son congé maternité.



Source : LeMonde.fr   25-01-2009

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