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29 janvier 2009 4 29 /01 /janvier /2009 09:06








Patron de la Société générale, Fréderic Oudéa a renoncé à son bonus alors que la part variable de sa rémunération peut atteindre jusqu'à 200 % de son salaire et, de plus, il a été l'un des premiers à l'annoncer publiquement. Comme nous avons un peu "brocardé" ces patrons dans les colonnes de ce blog (voir notre article "Lagarde : Bras de fer avec les banquiers" en date du 20-01-2009), il était juste de lire ses explications.
Rappelons que Frédéric Oudéa a été propulsé à la tête de la Société générale en avril dernier après l'affaire Kerviel, qui a eu raison de son prédécesseur Daniel Bouton.
Frédéric Oudéa, 44 ans, X et inspecteur des finances, est justement un pilote pour temps de crise.



Les banquiers sont-ils les nouveaux boucs émissaires français?

Frédéric Oudéa : Beaucoup de ce que l'on entend dire ternit notre image alors que nous n'avons jamais cessé de financer l'économie du pays. La crise actuelle n'est pas une crise des banques françaises. Elle a, notamment, pour cause les déficits structurels de certaines économies, le trop fort endettement des ménages et l'absence de régulation dans certains pays. En France, nous avons évité ces excès, le système bancaire continue de fonctionner, et pouvoirs publics et banques ont adopté des mesures intelligentes et adaptées.

Oui, mais vous allez toucher de l'argent de l'Etat...
L'argent que nous avons reçu n'est pas une subvention, il sera intégralement remboursé. En attendant, nous payons collectivement des intérêts de 8 % qui vont rapporter chaque année plus de 1 milliard d'euros à l'Etat. Il faut cesser de diaboliser les banques! Cette liquidité va nous permettre de continuer à prêter et à financer l'économie française. Ce qui est le propre de notre métier.

On vous reproche de ne pas prêter assez d'argent aux particuliers
et aux entreprises. Vrai ou faux?

Faux. Il n'y a pas de baisse des encours de crédit en France ou, comme disent les Anglo-Saxons, de crédit crunch. A la Société générale, si l'on compare les volumes de nos prêts fin novembre 2008 à ceux de fin novembre 2007, on constate qu'ils ont augmenté de 11% en moyenne. Nos engagements auprès des entreprises augmentent plus encore.

Pourtant les chefs d'entreprise se plaignent...
Notre rôle est de financer leurs besoins en trésorerie et en investissements. Nous ne pouvons pas compenser pour eux la chute brutale de la demande ou les ajustements structurels qui peuvent être indépendants de la crise actuelle. Les chefs d'entreprise doivent comprendre que la liquidité pour les banques est désormais plus rare et plus chère qu'avant. Nous devons tenir compte de ce surcoût. En même temps, les entreprises vont aussi bénéficier de la baisse des taux d'intérêt.

Et vis-à-vis des particuliers?
C'est pareil. Nos volumes sont en hausse de 6 % par rapport à l'an dernier mais les particuliers ont réduit leur demande de crédits immobiliers de 30 % à 40 % depuis novembre. Les taux du crédit immobilier ont, eux, recommencé à baisser et se situent, en ce début d'année, à environ 4,8 % sur des durées comprises entre quinze et vingt ans.

Entre banques, la confiance est-elle revenue et, avec elle, la liquidité?
La liquidité s'est améliorée. De quelque 5 % en octobre, le taux du marché interbancaire est revenu autour de 2,3 %. Les banques françaises sont donc en ordre de marche pour continuer à financer l'économie.

Comment jugez-vous le rôle du gouvernement à l'égard des banques?
Les relations restent équilibrées. Les banques comprennent que l'Etat réclame des contreparties à l'apport de liquidités et au renforcement de fonds propres. Mais il est fondamental de respecter la gouvernance des entreprises et que l'Etat ne s'immisce pas dans la gestion des banques. Il faut que nos conseils d'administration soient forts et responsables pour attirer des compétences et talents capables de prendre les bonnes décisions pour les entreprises et les actionnaires.

Allez-vous participer à la deuxième tranche de 10,5 milliards d'euros de fonds propres que l'Etat s'apprête à mettre à la disposition des banques ou, comme le Crédit agricole, y renoncer?
Nous n'avons pas un besoin immédiat de capital, mais cette deuxième tranche devrait nous donner plus de confort et de souplesse pour continuer à prêter dans un environnement encore très incertain. Nous nous donnons quelques mois pour choisir selon quelles modalités.

Vous avez fini par renoncer à vos bonus comme Nicolas Sarkozy l'exigeait...
J'avais en tête de le proposer au conseil d'administration du 17 février, au moment de l'examen de nos résultats annuels. Annoncée de manière anticipée et sans indication de résultats, une telle décision aurait pu signaler au marché que nos chiffres étaient mauvais. En définitive, nous avons discuté de ce sujet pendant notre conseil du 20 janvier et décidé d'annoncer cette décision en communiquant dans la foulée les grandes lignes de notre résultat annuel. Ainsi, nous avons pu respecter les règles de gouvernance du groupe tout en préservant le cours de notre action.

Les traders de la Société générale vont-ils aussi se priver de bonus?
Les parts variables seront en baisse dans les activités les plus impactées par la crise. Je rappelle que nous nous sommes engagés vis-à-vis de l'Etat à revoir le système de rémunération des opérateurs d'ici au printemps.

Les actionnaires doivent-ils être privés de dividendes, comme le souhaite le gouvernement qui vous invite à renforcer vos fonds propres avec les profits réalisés?
Nos actionnaires, que ce soit nos actionnaires investisseurs institutionnels ou les 330 000 particuliers français qui ont investi dans l'action Société générale, ont déjà souffert de la baisse du cours de Bourse. Il me paraît légitime de préserver leur engagement de long terme dans l'entreprise et d'éviter de les pénaliser doublement.

Jérôme Kerviel ne vous a-t-il pas rendu service au fond?
Nous aurions préféré ne pas subir cette fraude. Mais elle nous a conduits à réduire tôt dans la crise nos risques et à renforcer nos contrôles avec l'ambition d'être en avance sur le reste de l'industrie. Cette épreuve nous a aussi aguerris et rendus plus solidaires. Nous avons démontré notre capacité à préserver nos fonds de commerce et notre crédibilité professionnelle. La mobilisation de nos collaborateurs a été totale.

Le trader Jérôme Kerviel est-il le produit d'une culture maison?
Cette fraude relève d'un acte individuel. C'est l'inverse de la culture maison, basée sur l'éthique, l'intégrité et le professionnalisme. Nos traders font un travail difficile. Il fallait être très résistant et équilibré pour accuser le choc des marchés en octobre et en novembre. L'année 2008 a très éprouvante pour les nerfs.Il faut cesser de diaboliser les banques!




Source  Le Journal du Dimanche  25-01-2009

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