L'enquête ouverte par le parquet national financier pour "détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits" devrait finalement durer plus longtemps que prévu.
François Fillon avait demandé mercredi dernier à ses partisans de "tenir 15 jours", le temps que les enquêtes sur les présumé emplois fictifs de sa femme soient bouclées, selon lui. Croyait-il vraiment que la justice, pour une fois, allait accélérer la procédure pour lui permettre de continuer sa campagne ? En réalité, les investigations pourraient ne pas être aussi expéditives. "Il y a encore plusieurs investigations à mener", confie au JDD une source judiciaire haut placée. La magistrate Éliane Houlette, qui dirige le parquet national financier, a reçu vendredi 3 février dernier– à leur demande – les avocats de la famille Fillon et leur a répété son intention "d'aller vite", mais sans donner le moindre calendrier.
De nouvelles pistes ont été ouvertes
Menées tambour battant, les recherches policières, loin de minorer les soupçons initiaux ont, en effet, ouvert de nouvelles pistes qui ne pourront pas être fermées en quelques jours. "La logique consistant à confier la suite des investigations à des juges d'instruction risque de s'imposer", redoute-t-on dans le camp Fillon, où l'inquiétude gagne. "Il n'est pas exclu que certaines personnes déjà entendues devront être de nouveaux convoquées pour obtenir des précisions, si des contradictions sont apparues", confie une source au parquet.
Pourtant, dans l'équipe d'avocats et de juristes qui entoure le candidat, le début de la semaine était à l'optimisme. Selon eux, les auditions des deux époux, lundi dans les locaux de la PJ de Versailles, s'étaient "bien passées". "François Fillon a été convaincant devant les enquêteurs", certifie un de ses proches. Son épouse, elle, a détaillé sa collaboration auprès de lui. Mais sans le moindre élément matériel pour confirmer ses dires : ni téléphone, ni mail, ni le moindre dossier, ni la moindre revue de presse. Elle a dit qu'elle n'avait aucune raison de conserver quoi que ce soit. "C'est une femme honnête, les enquêteurs sentent quand on ne leur ment pas", veut se persuader un de ses proches.
Si l’affaire devait être confiée à un ou plusieurs juges d’instruction alors les quinze jours demandés par François Fillon à ses soutiens ne suffiront évidemment pas. D’autant que certains d’entre eux trouvaient déjà que ce délai de quinze jours était inacceptable et qu’une solution de rechange était à trouver d’urgence.
Source : LeJDD.fr 04-02-2017