Le Japon est touché par sa pire vague de récession depuis plus d'un demi-siècle. En rythme annuel, la baisse du PIB atteint même 15,2%.

Le Japon n'avait pas connu telle débâcle économique depuis 1955. Le produit intérieur brut de l'archipel s'est, sur le premier trimestre 2009, contracté de 4% par rapport au trimestre précédent. La baisse en rythme annuel suscite encore plus l'alarmisme : le PIB s'est en effet contracté de 15,2% sur cette périodicité. Durant les 12 mois d'avril 2008 à mars 2009, qui correspond à l'année fiscale au Japon, la richesse nationale produite a ainsi baissé de 3,5% sur un an, selon le bureau du Premier ministre.

Ces chiffres catastrophiques font néanmoins ressortir une baisse de l'activité générale moins importante que ce qui était attendu par les économistes. Certains, comme la chaîne CNBC, faisait état d'une possible contraction de 4.2%, d'autres faisant même état d'une baisse en rythme annuel de 16.5%.

Il n'empêche. Ce recul est d'autant plus important qu'il intervient après un quatrième trimestre lui aussi catastrophique. Le PIB japonais avait déjà reculé de 3.8% sur la période par rapport au troisième trimestre, et de 14.4% en rythme annuel (données révisées des premières annonces). Les causes de cette contre-performance de l'économie sont à trouver du côté de la forte remontée du yen, qui a pénalisé les entreprises exportatrices, notamment dans le secteur automobile et les produits de hautes technologies.

Le pire est peut être passé

Mais les difficultés des seules industries exportatrices ne peuvent pas expliquer à elles seules la chute du PIB. La demande intérieure a elle aussi flanché sur la période : -2,5% par rapport aux trois mois précédents et une baisse de 9,8% en rythme annuel. La faute notamment aux vagues de licenciement massives dans le pays. L'investissement est quant à lui au point mort : les investissements non-résidentiels des sociétés privées ont baissé de 10,4% en janvier-mars par rapport à octobre décembre, soit une chute de 35,5% en rythme annuel.

De nombreux économistes soulignent néanmoins que le pire est peut être passé. Certes, le FMI prévoit sur 2009 une décroissance annuelle de 6,2%. Mais sur l'année fiscale courante (avril 2009 - mars 2010), la Banque centrale du pays prévoit une baisse de 3,1%, impliquant de facto que le trimestre clos en mars a sans doute été le plus dévastateur en termes de croissance. Reste que politiquement, ces chiffres vont bien évidemment desservir le Parti libéral démocrate (PLD) du Premier ministre Taro Aso, à quelques mois des élections législatives. Fait quasiment inédit depuis près d'un demi-siècle dans ce pays on l'on pratique peu l'alternance, c'est le Parti démocratique du Japon emmené par Yukio Hatoyama, qui semble en mesure d'emporter les élections.

 


Source : lefigaro.fr  20-05-2009