
Appelée à la barre pour la première fois depuis le début de son procès il y a huit jours, Aung San Suu Kyi a nié, mardi 26 mai dernier, avoir enfreint les règles de son assignation à résidence. Elle est accusée d'avoir offert un «abri temporaire» à un Américain qui s'est invité chez elle début mai après avoir traversé un lac à la nage.
«Je n'ai pas eu connaissance immédiatement (de la visite de John Yettaw, l'intrus américain). J'en ai été informée à 05H00 du matin (le 4 mai). Mon assistante m'a dit qu'un homme était arrivé», a-t-elle expliqué devant la Cour. La lauréate du prix Nobel de la Paix, 63 ans, a reconnu lui avoir «permis d'avoir un abri temporaire».
Elle risque 3 à 5 ans de prison
Aung Suu Kyi risque de trois à cinq de prison si elle est condamnée pour cette rocambolesque affaire. Assignée à résidence depuis 2003, elle a été privée de liberté au total pendant plus de 13 des 19 dernières années. Depuis 2008, la junte commençait à être à court d'arguments juridiques pour justifier le maintien en détention de l'opposante au-delà des cinq ans autorisés par une "Loi visant à protéger l'Etat des dangers émanant d'éléments subversifs".
Mardi matin, un représentant de la junte au pouvoir a expliqué qu'il avait même «sérieusement envisagé»de la libérer avant que n'éclate l'affaire Yettaw. Hypothèse confirmée quelques heures plus tard, quand un porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), qui fait partie de l'équipe de défense de Mme Suu Kyi, a annoncé qu'Aung San Suu Kyi avait reçu une lettre lui notifiant la fin officielle de son assignation à résidence. Cependant, «cela rend plus probable une peine de prison plus longue» qui «l'écarterait du processus politique»,a estimé un diplomate occidental en poste à Rangoun.
Les militaires vont sans doute parvenir à leur fin : écarter l'opposante birmane du processus électoral. Et ceci sans que de l'intérieur du pays, ni de l'extérieur, personne ne puisse faire quoique ce soit pour empêcher ce déni de démocratie...