
Invitée ou pas ? La question de la venue de la reine d'Angleterre Elizabeth II aux cérémonies de commémoration du Débarquement aura occupé la presse britannique, mercredi 27 mai. Tout est parti d'un tabloïd, le Daily Mail, qui titrait à la "une" de son édition du jour "Colère au palais" de Buckingham.
Le quotidien assurait que la reine était "frustrée" de ne pas avoir été conviée en France, le 6 juin, pour les cérémonies marquant le 65e anniversaire du débarquement des Alliés en Normandie, cérémonie à laquelle participe Barack Obama. Le premier ministre britannique, Gordon Brown, a certes été convié, mais la reine, elle, n'a pas reçu de carton d'invitation. Elle serait d'autant plus mécontente qu'elle est également souveraine du Canada, dont cinq mille soldats ont été tués en Normandie en 1944. Si Buckingham refuse de commenter les affirmations du Daily Mail, un porte-parole a cependant confirmé qu'"aucune invitation" n'avait été reçue par le palais.
"LE 6 JUIN 2009, C'EST D'ABORD UNE CÉRÉMONIE FRANCO-AMÉRICAINE"
"La reine d'Angleterre, le chef de l'Etat britannique, est naturellement la bienvenue", a de son côté, affirmé Luc Chatel, le porte-parole du gouvernement. "Nos interlocuteurs sur cette cérémonie sont les membres du gouvernement britannique qui ont souhaité s'associer à une cérémonie qui était au départ franco-américaine. Le 6 juin 2009, c'est d'abord une cérémonie franco-américaine", a-t-il toutefois tenu à préciser. Mais si la presse britannique se satisfait finalement de ce revirement, elle pointe le manque de tact du gouvernement français. Dans son édition du 28 mai, le Daily Mail revient largement sur cette affaire et s'en prend violemment à Nicolas Sarkozy en le qualifiant "d'égocentrique miniature". "Il devrait savoir que les forces britanniques et canadiennes (...) représentaient plus de la moitié des forces alliées ce jour-là", s'énerve le tabloïd, qui parle d'une "insulte" envers la reine.
Sur son blog, le correspondant à Paris du sérieux Times, assure de son côté que la frustration supposée de la reine a été largement exagérée par le tabloïd. "La famille royale ne s'attendait pas à être invitée", lui aurait assuré un haut responsable britannique. Mais le journaliste rappelle que le programme précis du 6 juin n'est toujours pas fixé et fait l'objet d'intenses négociations diplomatiques. Nicolas Sarkozy voudrait en effet pouvoir apparaître seul avec Barack Obama, au moins une partie de la journée. "En d'autres termes, cela ressemble à un bazar, un nouvel exemple d'un Sarkozy qui va trop loin et se fait des ennemis avec son autopromotion", estime le journaliste, pour qui le président français "aurait dû savoir que le Jour-J, au cours duquel soixante-treize mille soldats britanniques débarquèrent, est aussi sacré pour les Britanniques que pour les Américains".
Source lemonde.fr 28-05-2009