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14 février 2013 4 14 /02 /février /2013 19:00

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Le président américain Barack Obama a annoncé mardi 12 février dernier qu'il lançait les premières discussions sur un accord transatlantique de libre-échange entre les Etats-Unis et l'Union européenne. Ce projet ambitieux est déjà évoqué sur le continent européen, notamment en France. Reste à aplanir les nombreuses divergences.

L'Atlantique pourrait devenir l'une des principales zones de libre-échange au monde. Le projet d'un accord sur le commerce et l'investissement entre les Etats-Unis et l'Union européenne est officiellement sur les rails. Lors de son discours mardi 12 février au soir sur l'état de l'Union, Barack Obama a donné son feu vert. "Nous allons lancer des discussions", a déclaré le président américain, arguant qu'il en était de l'intérêt de son pays : "Un commerce libre et équitable de part et d'autre de l'Atlantique soutiendra des millions d'emplois américains bien payés."

Un tel accord de libre-échange n'est en réalité pas une perspective nouvelle, puisque des discussions préalables sont en cours depuis 2011. Evoqué dans les années 1990, ce projet a été relancé en 2007 par George W. Bush et Bruxelles, après l'échec l'année précédente du cycle de Doha, des négociations menées sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) portant sur la libéralisation du commerce international. L'Allemagne d'Angela Merkel y a toujours été particulièrement favorable. En début de mois, la chancelière a d'ailleurs souhaité une accélération du processus.

La France reste prudente

Les enjeux autour de cet accord sont considérables. "Les échanges transatlantiques représentent près d’un tiers des flux commerciaux mondiaux (700 milliards d'euros) et un stock d'investissement bilatéral estimé à 2,4 milliards d'euros en 2011", explique le ministère des Finances, sur son site Internet. L'objectif est donc clairement de doper les économies encore fragiles des deux premières puissances commerciales du monde, en améliorant le volume d'échanges et faire repartir la croissance. "La création de cette zone n'est pas tant faite pour chercher des coûts moindres de production, comme les Etats-Unis l'ont fait avec le Mexique et le Canada, mais de trouver des nouveaux marchés", explique au JDD.fr Christine Rifflart, économiste à l'OFCE. Barack Obama a quant à lui évoqué mardi soir des "opportunités" à saisir. "Cela peut changer la donne sur le plan bilatéral et sur le plan mondial. Nous aurons une influence beaucoup plus importante si nous sommes ensemble", a pour sa part estimé João Vale de Almeida, ambassadeur de l'UE aux Etats-Unis, contacté par l'AFP.

Moins enthousiaste que la Commission européenne et l'Allemagne, la France est jusque-là restée prudente, même si François Hollande s'est engagé - comme ses autres partenaires de l'UE - à facilité le lancement des négociations avec Washington. Avant de prendre une décision définitive, le gouvernement a lancé en début d'année une consultation avec les acteurs nationaux, dont les entreprises et les fédérations professionnelles. Celle-ci doit se clore le 1er mars. "Nous avons des intérêts très clairs à ce qu'il y ait cette zone de libre-échange, mais il y a des nombreux sujets sur lesquels il va falloir discuter", explique au JDD.fr les services de la ministre du Commerce extérieur, Nicole Bricq, qui supervise cette consultation. "On a déjà identifié certaines barrières qu'il faudra lever", précise son entourage.

La PAC en danger?

Pour Paris comme pour Bruxelles, on s'attend donc à des négociations "difficiles" entre les deux parties. "Des deux côtés de l'Atlantique, nous avons des positions différentes concernant la sécurité alimentaire, la protection des consommateurs et les normes environnementales qui sont profondément ancrées dans nos cultures", expliquait fin novembre à Washington Martin Schulz, président du Parlement européen. La France entend notamment se préserver des organismes génétiquement modifiés (OGM), en circulation aux Etats-Unis, et sauvegarder son "exception culturelle". "Il va y avoir des problèmes concrets d'adaptation des secteurs, en termes de compétitivité. Les services et l'agriculture sont les deux secteurs qui seraient les plus conflictuels", éclaire l'économiste Christine Rifflart. Qui prévient : "Une telle zone nécessitera de forts compromis."

La question de la Politique agricole commune (PAC) s'annonce très sensible. La France l'a déjà ardemment défendue lors des récentes négociations sur le budget européen portant jusqu'en 2020. "Ce sera sans doute la principale réticence de l'UE, et je ne vois pas comment elle pourrait la remettre en cause", détaille Christine Rifflart, ajoutant que le secteur agricole américain est lui aussi largement subventionné, et donc "très sensible" à libéraliser.

Réagissant au feu vert de Barack Obama, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a donc prévenu : un accord avec les Etats-Unis "ne peut marcher que dans les deux sens". "S’il n’y a aucune chance que cela débouche, car il n’y a pas d’intérêt mutuel, il n’y aura pas de négociation", a-t-il déclaré mercredi matin sur Canal +. "Il faut d'abord voir comment ces discussions seront abordées", tempère-t-on au ministère du Commerce extérieur, en précisant qu'il s'agit là "d'un processus au long cours". L'échéance de 2014 espérée par la Commission, voire 2015 par Martin Schulz, semble déjà compromise.

 

Source : leJDD.fr  13-02-2013

 

 

 

 

 

 

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