L'Assurance Maladie compte dégager 1,3 milliard d'euros d'économies en 2024, notamment en renforçant ses actions de lutte contre la fraude et en misant sur la « sobriété » en matière de dépenses de santé.
Des actions tous azimuts
L'Assurance Maladie souhaite agir tous azimuts pour redresser ses finances. Elle préconise de cibler les arrêts maladie, les médicaments ou encore les transports sanitaires pour réduire les dépenses de santé. De quoi dégager, en complément de mesures de lutte contre la fraude et de programmes de prévention jusqu'à 1,3 milliard d'euros d'économies l'an prochain, révèle un rapport dévoilé jeudi 29 juin dernier.
Celui-ci promet d'être regardé de près par les parlementaires et l'exécutif, en pleine préparation du budget de la Sécurité sociale pour 2024. Bercy veut dégager 10 milliards d'euros d'économies et a fait des dépenses de santé l'une de ses cibles privilégiées.
Plan d'action pluriannuel
Pour dégager jusqu'à 700 millions d'euros d'économies, l'Assurance Maladie compte notamment renforcer sa vigilance sur les arrêts de travail qui ont vu leur coût augmenter de 8 % sur un an pour atteindre 16 milliards d'euros en 2022.
Cette hausse récente peut notamment s'expliquer par les hausses de salaires sur fond d'inflation et est liée au vieillissement de la population. Cependant, l'Assurance Maladie relève une augmentation de la durée moyenne d'arrêt par classe d'âge et une augmentation du taux de recours aux indemnités journalières. D'où sa volonté de prendre le sujet à bras-le-corps via « un plan d'action pluriannuel », susceptible de dégager autour de 230 millions d'euros dès 2024. L'idée est de viser notamment les médecins qui prescrivent les arrêts, avec un « approfondissement des actions de contrôle et d'accompagnement » auprès des « prescripteurs atypiques ».
Le sujet hérissant les syndicats de médecins, l'Assurance Maladie promet des « actions graduées ». Elle dit aussi vouloir viser les assurés en rénovant la stratégie de contrôle des arrêts de travail.
Diffuser les biosimilaires
L'organisme se propose encore de mieux accompagner les employeurs pour prévenir l'absentéisme. Proposant de limiter à trois jours les arrêts de travail prescrits en téléconsultation, l'Assurance Maladie ne se prononce pas en revanche sur le système de jours de carence (sans indemnisation), évoqué en creux par Bercy lors des assises des finances publiques et mis sur la table par le patronat dans la foulée.
Parmi les autres postes de dépenses ciblées par l'Assurance Maladie, celui des dépenses de médicaments figure aussi en bonne place. Face à leur augmentation, elle réaffirme son intention de développer les médicaments biosimilaires, équivalents des génériques pour les médicaments biologiques.
L'objectif de diffusion de ces médicaments moins chers que leurs « originaux » n'a pas été atteint. Censé être à 80 %, leur taux de pénétration n'est que de 42 %. Pour accélérer, l'Assurance Maladie propose de mettre en place un dispositif de « tiers payant contre biosimilaire », inspiré de ce qui a été fait pour diffuser les génériques. Autrement dit, le patient qui accepte la substitution de son médicament n'aurait pas à mettre la main à la poche. Le rapport propose aussi d'augmenter le nombre de molécules qui peuvent être « substituables ».
S'appuyer sur le tiers payant
Alors que le gouvernement souhaite remettre à plat le modèle de financement du médicament pour répondre aux problèmes de pénuries tout en favorisant l'innovation et la réindustrialisation, l'Assurance Maladie suggère par ailleurs de cibler les prix des produits de santé « sans amélioration du service médical rendu ou présentant une amélioration mineure ». Plus que de dégager des économies « sèches », cela devrait permettre de réinjecter de l'argent dans les médicaments matures et les médicaments innovants, suggère le rapport.
L'Assurance Maladie souhaite également mieux maîtriser les dépenses de transports sanitaires, qui ont coûté 5,5 milliards d'euros en 2022. Son idée est de faire du « transport partagé la norme ». L'Assurance Maladie mise là encore sur le tiers payant, pour encourager les patients à partager leurs trajets répétitifs et non urgents avec d'autres bénéficiaires du système de santé.
Activité physique remboursée
Au-delà de ces mesures spécifiques, l'Assurance Maladie mise sur les contrôles et la lutte contre la fraude et les abus pour dégager 345 millions d'euros en 2024. Il s'agit notamment de cibler les pratiques de certaines sociétés d'audioprothèses qui facturent par exemple un matériel différent de celui qui a été délivré. Elle veut aussi se pencher sur les remboursements en matière de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique, renforcer sa vigilance vis-à-vis des trafics de médicaments et continuer de surveiller de près les centres de santé.
Enfin l'Assurance Maladie mise sur la prévention pour éviter des dépenses inutiles. Elle préconise par exemple de mieux dépister le diabète ou d'ouvrir le remboursement de séances de sport ou « d'activité physique adaptée » pour les patients atteints de diabète ou de cancer.
Source : LesEchos.fr 29-06-2023
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