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Les députés Les Républicains pourraient ne pas voter la copie du projet de loi « Immigration » rendue par le Sénat… Pourtant dominé par la droite et le centre.
Le troisième temps de cette drôle de valse s’engage enfin. Après le coup de pression des « trois mousquetaires », Éric Ciotti, Bruno Retailleau et Olivier Marleix, dans les colonnes du « Journal du dimanche » en mai dernier, puis l’adoption d’un texte amendé et orienté par un Sénat dominé par la droite et le centre, le projet de loi relatif à l’immigration entre dans sa dernière phase : l’examen à l’Assemblée nationale à partir du 11 décembre, avec en question les voix des députés Les Républicains (LR). Car ces derniers pourraient créer la surprise en ne le votant pas.
La vision des Républicains du Sénat n’est pas celle des députés du groupe
Le Sénateur Retailleau est très fier de son texte et de son compromis avec les centristes. Le patron des députés LR à l’Assemblée Olivier Marleix est très emmerdé selon un député du groupe
Officiellement, le « compromis » trouvé avec les sénateurs centristes laisse les députés « dubitatifs », fait valoir Olivier Marleix. L’article 3 supprimé a laissé place à un nouvel article 4 bis, prévoyant une régularisation au cas par cas des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension quand la première version la rendait automatique. « Le
mot “régularisation” inscrit dans la loi me pose problème, justifie le patron des LR à l'Assemblée, qui avait érigé cette disposition en ligne rouge. Et nous n’avons pas la même nécessité de négocier avec les centristes du Sénat, qui font campagne avec M. Macron aux européennes. » Un manque d’entrain d’autant plus manifeste que « le texte qui arrivera dans l’hémicycle sera celui que Sacha Houlié [député Renaissance et président de la commission des lois, incarnation de l’aile gauche de la majorité qui milite pour la régularisation] laissera sortir de commission et qui ne sera pas celui du Sénat », rappelle le patron des députés LR.
Des tergiversations de nature à affaiblir le président de groupe à l’Assemblée
Officieusement, toutefois, l’enjeu pour Les Républicains est d’éviter de passer pour la béquille du gouvernement, comme lors de la réforme les retraites. Quitte à « divorcer ou faire chambre à part avec le Sénat », lâche un collaborateur, lequel en vient à espérer que « la gauche et le centre à l’Assemblée décousent le vêtement fin des sénateurs et facilitent ainsi notre vote contre ». Marleix est « très emmerdé » parce qu’il voulait en faire un marqueur d’opposition et qu’il considère que Retailleau s’est fait avoir. Ciotti s’est décommandé lors de l’avant-dernière réunion de groupe, car il ne savait plus quoi faire. »
Un parti qui, une nouvelle fois joue sa survie
Toutes ces tergiversations sont bien de nature à affaiblir le président de groupe à l’Assemblée et à fracturer un parti qui joue sa survie depuis la dernière présidentielle.
« Ce serait délicat de ne pas voter le texte du Sénat, il est presque plus dur que ce qu’on pourrait proposer, poursuit le même élu. On s’est fait prendre à notre propre piège. Une bonne quinzaine de députés commencent à se poser des questions. Tout le monde s’agace un peu. » Également interrogée, la députée Annie Genevard, secrétaire générale de LR et figure de l’aile droite du parti, nie toute dissension, considérant que "le Sénat à fait un excellent travail, tout à faire conforme" aux positions et travaux de LR sur la question, bien que l’élue eût préféré l’absence de ce fameux article 4 bis.
Signe que ces divisions existent pourtant et qu’elles ne sont pas passagères, Laurent Wauquiez, candidat putatif des Républicains en 2027, est venu mardi 14 novembre dernier en réunion de groupe. Une première depuis la nouvelle législature. « Olivier Marleix a sorti son fantôme pour resserrer les liens [et] mettre la pression, grinçait un participant en amont. Je pense que ça aura l’effet contraire, car on ne l’a pas vu pendant le débat sur les retraites. »
Source : ParisMatch.fr 14-11-2023
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