Le Prix Nobel de la paix 2012 a été décerné vendredi 12 octobre à l'Union européenne, pour célébrer les 60 ans de "paix" et de "réconciliation" sur le continent. L'organisation régionale succède aux Libériennes Ellen Johnson Sirleaf et Leymah Gbowee, ainsi que la défenseure yéménite des droits de l'Homme, Tawakkul Karman.

La décision est inattendue. Le Prix Nobel de la paix 2012 ne sera pas une personne mais une organisation régionale : l'Union européenne. C'est ce qu'a annoncé vendredi 12 octobre le comité Nobel à Oslo. "L'UE et ses ancêtres contribuent depuis plus de six décennies à promouvoir la paix, la réconciliation, la démocratie et les droits de l'Homme en Europe", a justifié le président du comité, Thorbjoern Jagland. L'Union européenne succède ainsi à trois femmes, sacrées en 2011 : les Libériennes Ellen Johnson Sirleaf, première femme démocratiquement élu sur le continent africain, Leymah Gbowee, ainsi que la Yéménite Tawakkol Karman.

Plus de 62 ans après la déclaration du Français Robert Schuman et 55 ans après le traité de Rome de 1957 qui lui a donné sa base juridique, la communauté européenne, composée de six pays au départ (France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Belgique et Luxembourg), devenue aujourd'hui une Union de 27 Etats, peut s'enorgueillir d'avoir présidé la plus longue période sans guerre de l'histoire des pays qui la composent.

Avec l'élargissement à l'Est de 2004 puis 2007, elle a aussi réunifié sous un même toit ses deux moitiés divisées pendant un demi-siècle par le rideau de fer. L'UE joue également un rôle important dans l'aide humanitaire et l'aide au développement, et est en pointe dans la lutte contre le réchauffement climatique. Elle tente aussi de jouer un rôle de conciliateur sur le plan diplomatique, notamment dans le cadre des négociations sur le nucléaire iranien.

"Reconnaissance justifiée"

Ce choix intervient pourtant alors que les difficultés en Europe sont fortes, l'organisation étant notamment confrontée à la crise de l'euro. Le rejet de la Constitution européenne en 2005 en France et aux Pays-Bas, deux pays fondateurs, a également marqué un coup d'arrêt pour le vieux rêve fédéraliste. Partout, l'euroscepticisme gagne du terrain et l'UE peine à améliorer son rôle politique.

Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a salué sur Twitter la décision du comité Nobel l'Union européenne, qui a selon lui réussi "à surmonter la guerre et les divisions pour "former ensemble un continent de paix et de prospérité".

Président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso s'est également réjoui. "C'est un grand honneur [...] pour les 500 millions de citoyens européens et l'ensemble des institutions européennes", a-t-il affirmé lors d'une allocution publique, jugeant cette "reconnaissance justifiée". Le président du Parlement européen, Martin Schulz, s'est également dit "touché" et "honoré" par ce Prix, sur son compte Twitter :

La décision a également été rapidement saluée par l'ancien président français Valéry Giscard d'Estaing, acteur majeur de la construction européenne ces dernières décennies. "Il est juste que l'effort extraordinaire accompli par les Européens et leurs dirigeants pour établir une paix définitive sur leur continent, historiquement ravagé par les guerres, soit reconnu et honoré", a-t-il affirmé dans une déclaration transmise à l'agence de presse Reuters.

"C'est une distinction qui aurait dû être attribuée depuis longtemps", a commenté pour sa part Jean-Dominique Giuliani, le président de la Fondation Robert Schuman. Le projet européen "a apaisé un continent qui était celui des guerres, dont les horreurs ont culminé au XXe siècle avec deux idéologies totalitaires parmi les pires et deux conflits mondiaux parmi les plus terribles", a-t-il rappelé.

Source :  leJDD.fr 12-10-2012

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