Guerre en Ukraine et trafic d'enfants : un mandat d'arrêt international contre Vladimir Poutine
La Cour pénale internationale, créée en 2002 pour juger les pires crimes commis dans le monde, enquête depuis plus d'un an sur d'éventuels crimes de guerre ou contre l'humanité commis pendant l'offensive russe.
La Cour pénale internationale (CPI) a déclaré vendredi avoir émis un mandat d'arrêt contre le président russe Vladimir Poutine pour le crime de guerre de "déportation illégale" d'enfants ukrainiens depuis le début de l'invasion russe.
La CPI, qui siège à La Haye, a également émis un mandat d'arrêt contre Maria Lvova-Belova, commissaire présidentielle russe aux droits de l'enfant, pour des accusations similaires.
La Russie n'est pas membre de la CPI et selon les experts, il est peu probable qu'elle remette des suspects. La cour n'a pas précisé comment elle prévoyait l'exécution des mandats d'arrêts.
"Aujourd'hui, 17 mars 2023, la Chambre préliminaire II de la Cour pénale internationale a émis des mandats d'arrêt contre deux personnes dans le cadre de la situation en Ukraine : M. Vladimir Vladimirovitch Poutine et Mme Maria Alekseyevna Lvova-Belova", commissaire présidentielle aux droits de l'enfant en Russie, a déclaré la CPI dans un communiqué.
M. Poutine "est présumé responsable du crime de guerre de déportation illégale de population (enfants) et de transfert illégal de population (enfants) des zones occupées d'Ukraine vers la Fédération de Russie", a ajouté la cour.
"Les crimes auraient été commis sur le territoire ukrainien occupé au moins à partir du 24 février 2022", a poursuivi la CPI, ajoutant qu'il existait "des motifs raisonnables de croire que M. Poutine est personnellement responsable des crimes susmentionnés".
M. Poutine est présumé responsable à la fois directement en commettant les actes et pour "l'incapacité à exercer un contrôle approprié sur les subordonnés civils et militaires qui ont commis les actes, ou ont permis qu'ils soient commis", selon le communiqué.
"Butin de guerre"
Lundi, le New York Times avait rapporté que la CPI s'apprêtait à lancer des poursuites contre des Russes pour le transfert d'enfants vers la Russie et pour les frappes délibérées sur des infrastructures civiles en Ukraine.
Le procureur de la CPI Karim Khan a déclaré plus tôt ce mois-ci après une visite en Ukraine que les enlèvements présumés d'enfants faisaient "l'objet d'une enquête prioritaire".
"Les enfants ne peuvent pas être traités comme un butin de guerre", avait-t-il déclaré.
M. Khan a souligné qu'il avait visité un centre de soins pour enfants dans le sud de l'Ukraine qui était "vide, à la suite de la déportation présumée d'enfants d'Ukraine vers la Fédération de Russie" ou d'autres zones occupées.
Ni la Russie ni l'Ukraine ne sont membres de la CPI, mais Kiev a accepté la compétence de la cour sur son territoire et travaille avec le procureur.
Les premiers blindés Français sont arrivés «sur une ligne de front»
Les blindés de reconnaissance AMX-10 RC, promis par la France début janvier, «viennent d'arriver en Ukraine», a annoncé le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, devant la Commission de Défense de l'Assemblée nationale ce 15 mars. «Certains sont déjà partis sur une ligne de front», a-t-il précisé sans donner le nombre de véhicules livrés. Le ministre avait déjà promis la livraison de blindés «dès la semaine prochaine», le 18 février, dans un entretien au Parisien.
La livraison devait intervenir deux mois après l'annonce, afin de préparer les équipages, et de les former à l'école de cavalerie de Saumur et au camp de Canjuers, puis d'envoyer les blindés. «Je suis en train de regarder comment nous pouvons éventuellement faire une deuxième vague de cessions. Je suis en train de préparer un certain nombre de décisions pour le président de la République parce que ces [blindés]commencent à être bien pris en main par le partenaire ukrainien», a ajouté le ministre.
La France avait annoncé l'envoi de blindés AMX-10 RC, alors qu'un débat agitait les chancelleries sur l'opportunité de livrer des chars de combat, Léopard allemands ou Abrams américains. Mais Paris avait décidé de ne pas envoyer de chars Leclerc. Une décision défendue par le ministre, car elle «n'est pas un tabou politique mais est très opérationnelle et très concrète». En effet, la France ne possède que peu de chars de combat (environ 200 opérationnels), et «la deuxième chose, c'est qu'on ne le produit plus». La ligne de production a Roanne a été arrêtée en 2008, contrairement aux chars allemands américains et allemands.
Des engins très mobiles
En revanche, 247 AMX-10 sont possédés par l'armée française, selon le ministère des Armées, un chiffre à revoir à la baisse à cause de l'ancienneté et de l'usure de ces engins blindés. Ces chars sont, d'ailleurs, en cours de remplacement par le Jaguar qui commence à être reçu dans certaines unités. Ces engins blindés de reconnaissance sont mis en service dans l'armée de terre depuis 1981 et ont été déployés pendant la première guerre du Golfe, en Afghanistan et au Sahel. Très mobiles, ces engins peuvent être utilisés pour des missions de reconnaissance, ainsi que pour l'appui-feu lors de combats.
Ce blindé possède un canon de 105 mm pouvant tirer jusqu'à 2000 mètres, avec une capacité d'emport de 38 obus. Par ailleurs, une mitrailleuse de 7,62 mm est installée. Fin novembre, la République tchèque avait déjà fourni 90 chars T-72B à l'Ukraine avec le soutien financier des États-Unis et des Pays-Bas.
Xi Jinping se rendra en Russie la semaine prochaine
Le président chinois Xi Jinping se rendra en Russie la semaine prochaine, a annoncé vendredi le ministère chinois des Affaires étrangères. "A l'invitation du président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine, le président Xi Jinping effectuera une visite d'Etat en Russie du 20 au 22 mars", indique le ministère dans un communiqué sans autre précision.
Les deux dirigeants s'étaient rencontrés en septembre en marge d'un sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) en Ouzbékistan.
Renforcer leurs liens pendant la crise
Pour leur première rencontre depuis l'invasion russe en Ukraine en févier 2022, ils avaient affiché leur volonté de se soutenir et de renforcer leurs liens en pleine crise avec les Occidentaux.
Quelques mois plus tôt, le président russe s'était rendu aux Jeux olympiques d'hiver de Pékin. MM. Xi et Poutine avaient alors proclamé leur amitié "sans limite".
Peu après, Vladimir Poutine lançait ses troupes contre l'Ukraine.
La Chine se présente pour l'essentiel comme partie neutre dans la guerre en Ukraine mais renforce ces derniers mois ses liens avec Moscou.
Pékin a publié le mois dernier un document en 12 points exhortant Moscou et Kiev à tenir des pourparlers de paix.
Le texte s'oppose également à tout recours à l'arme nucléaire et appelle à respecter l'intégrité territoriale de tous les pays --sous-entendu également celle de l'Ukraine dont une partie du territoire est sous contrôle russe.
Pour Joe Biden, le mandat d’arrêt émis par la CPI contre Vladimir Poutine est « justifié »
Le président des États-Unis, Joe Biden, a annoncé vendredi que le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale contre son homologue russe était « justifié » puisque les « crimes de guerre » de Poutine ne font « aucun doute ».
Si la Cour pénale internationale (CPI) n’est pas reconnue par les États-Unis, le président américain Joe Biden a estimé que cette décision était « justifiée » et envoyait un « signal très fort ». Un peu plus tôt, un porte-parole du département de Washington avait annoncé que les États-Unis n’avaient « aucun doute sur le fait que la Russie commet des crimes de guerre et des atrocités en Ukraine ». Une position qu’a réitérée Joe Biden devant la presse, indiquant que Poutine avait « clairement commis des crimes de guerre ».
Le Royaume-Uni et l’Ukraine saluent cette décision, la Russie ne la reconnaît pas
Moscou a cependant déclaré que ce mandat d’arrêt n’avait aucune valeur juridique, et que la Russie ne reconnaissait pas la légitimité de la Cour pénale internationale. « La Russie, comme un certain nombre d'États, ne reconnaît pas la compétence de ce tribunal. Par conséquent, du point de vue de la loi, les décisions de ce tribunal sont nulles et non avenues », a ainsi déclaré le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a de son côté salué la décision de la Cour pénale internationale qui « marque le début d’une responsabilité historique ». Une position partagée par le Royaume-Uni, puisque le ministre britannique des Affaires étrangères, James Cleverly, a salué « la mesure prise par la CPI indépendante pour obliger ceux qui sont au sommet du régime russe, y compris Vladimir Poutine, à rendre des comptes ».
L'Ukraine visée par de nouvelles attaques de drones, selon son armée
L'Ukraine, notamment la région de Lviv à l'Ouest, a été la cible d'une attaque nocturne de drones de fabrication iranienne, a affirmé samedi l'armée de l'air ukrainienne. La Russie, qui a lancé une invasion de l'Ukraine il y a un peu plus d'un an, pilonne régulièrement les infrastructures du pays, privant la population d'électricité et d'eau.
«Vers 21h le 17 mars 2023, les envahisseurs russes ont attaqué l'Ukraine avec des drones d'attaque kamikaze de fabrication iranienne de type Shahed-136/131», selon un communiqué diffusé sur Telegram. Onze drones sur 16 ont été «détruits», a assuré l'armée.
Les attaques ont été lancées depuis la mer d'Azov et depuis la région russe de Bryansk, qui borde l'Ukraine au nord, a-t-elle ajouté. La région de Lviv (ouest), a été particulièrement visée. «Vers 1h du matin, notre région a été attaquée par des drones kamikazes de type Shahed 136», a déclaré le gouverneur régional, Maksym Kozytski.
Trois drones ont été abattus, trois autres ont «touché des bâtiments non résidentiels» dans le quartier de Yavoriv, faisant des dégâts mais pas de victime, a-t-il ajouté. Dans la région de Dnipro (sud-est), trois drones ont été abattus par la défense aérienne, a déclaré le chef du conseil régional, Mykola Lukashuk.
«Deux autres ont touché une infrastructure critique à Novomoskovsk», au nord de Dnipro, ce qui a provoqué un incendie et des dégâts «importants», quatre maisons détruites et six autres endommagées, mais sans faire de blessé, a-t-il ajouté.
Les drones lancés sur Kiev ont eux «tous» été «détruits» par «nos forces de défense aérienne», sans faire ni victime ni dégât, a affirmé l'administration de la ville sur les réseaux sociaux.
L'armée ukrainienne prépare une contre-offensive à Bakhmout face à l'avancée russe
L'armée ukrainienne continue de défendre Bakhmout, avec l'objectif de « gagner du temps » avant de lancer une contre-offensive face aux avancées des forces russes dans cette ville de l'est de l'Ukraine dont Moscou tente de s'emparer depuis l'été au prix de lourdes pertes. « Les vrais héros sont les défenseurs qui tiennent le front de l'Est sur leurs épaules », a salué le commandant des forces terrestres ukrainiennes Oleksandre Syrsky.
« Il faut gagner du temps pour accumuler des réserves et lancer une contre-offensive, qui n'est pas loin », a-t-il encore dit, cité samedi par le service de presse de l'armée. Le ministère ukrainien de la Défense a affirmé samedi que les forces ukrainiennes avaient la veille « repoussé plus de 100 attaques ennemies » dans les principales zones de combat.
« Plus efficaces »
« Au début de la guerre, nous n'avions pas de drones. Les missions étaient plus compliquées et moins efficaces. Mais en été, nous avons commencé à recevoir des drones et d'autres équipements. Aujourd'hui, nous sommes plus efficaces », explique à l'AFP Petro, le pilote d'un des trois hélicoptères d'attaque MI-8 qui venaient d'effectuer un raid contre une cible près de Bakhmout.
Le ministère britannique de la Défense a précisé qu'« au cours des quatre derniers jours », le groupe paramilitaire russe Wagner avait « pris le contrôle de la plus grande partie de l'est » de Bakhmout. « Les forces ukrainiennes contrôlent l'ouest de la ville et ont démoli des ponts-clés au-dessus de la rivière » qui la traverse, a souligné ce ministère.
Evguéni Prigojine, le patron du groupe Wagner, a revendiqué une nouvelle progression de ses hommes qui s'y battent en première ligne à Bakhmout. « C'est le bâtiment de l'administration municipale, le centre administratif de la ville », a-t-il déclaré samedi, pointant du doigt, du toit d'un bâtiment, un autre édifice, en guise d'illustration de cette avancée.
« C'est à un kilomètre deux cents », « C'est la zone, il y a des combats en cours », a-t-il ajouté dans une vidéo diffusée par le service de presse de son entreprise Concord, des propos invérifiables de source indépendante dans l'immédiat. Les Russes essaient depuis plusieurs semaines d'encercler cette ville de quelque 70.000 habitants avant le conflit et ont réussi à couper plusieurs routes importantes pour le ravitaillement des soldats ukrainiens.
La vice-Première ministre ukrainienne Olga Stefanichyna a concédé qu'il « devient compliqué pour nous de résister et de dissuader » les forces à Bakhmout. « Nous estimons que l'armée russe a déjà perdu 150 000 hommes depuis l'an dernier dans ses offensives militaires sur notre sol. La masse humaine de son infanterie est une arme redoutable, elle semble inépuisable en volume et dans le temps », a-t-elle déclaré.
Les moqueries de Prigojine
Si les observateurs doutent de l'importance stratégique de Bakhmout en elle-même, cette bataille - la plus longue depuis le début de l'offensive russe il y a plus d'un an - a acquis une valeur symbolique, tant pour Kiev que pour Moscou, qui voudrait obtenir là une victoire après plusieurs revers humiliants.
« Le plus important est d'obtenir la bonne quantité de munitions et d'avancer », a martelé dans sa vidéo Evguéni Prigojine, en conflit ouvert avec la hiérarchie militaire russe, notamment pour obtenir plus de munitions. Il s'en est une fois de plus pris publiquement au ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, et au chef d'état-major, Valéri Guerassimov, les qualifiant, de manière ironique, de « chefs militaires exceptionnels ».
« Je soutiens absolument, totalement, tous leurs efforts », s'est encore moqué celui qui ne cesse de critiquer la stratégie de la hiérarchie sur le terrain. L'armée russe poursuit parallèlement ses attaques dans d'autres régions: les autorités ukrainiennes ont ainsi annoncé samedi qu'une frappe avait fait dans la matinée au moins trois morts et deux blessés à Kherson, une cité méridionale libérée par l'armée de Kiev en novembre après plusieurs mois d'occupation.
Poutine en visite en Crimée le jour de l'anniversaire de l'annexion
Le président russe Vladimir Poutine est arrivé samedi 18 mars en Crimée, le jour du neuvième anniversaire de l'annexion de cette péninsule ukrainienne par la Russie en 2014, a annoncé la télévision publique russe.
En déplacement surprise à Sébastopol, port d'attache de la Flotte russe de la mer Noire en Crimée, M. Poutine a notamment visité une école des arts en compagnie du gouverneur local, Mikhaïl Razvojaïev, selon les images diffusées par la chaîne de télévision Rossia-1.
«Une journée historique»
«Notre président Vladimir Vladimirovitch Poutine sait surprendre. Dans le bon sens de ce mot», a écrit sur Telegram Mikhaïl Razvojaïev. Selon lui, une école des arts pour enfants devait être inaugurée samedi avec une participation du dirigeant russe par visioconférence.
«Mais Vladimir Vladimirovitch est venu en personne. Lui-même. Au volant. Parce que lors d'une journée historique comme aujourd'hui, il est toujours avec Sébastopol et ses habitants», a affirmé Mikhaïl Razvojaïev.
Le groupe Wagner veut recruter 30.000 mercenaires au printemps
La milice, qui combat aux côtés de l'armée russe en Ukraine, a subi d'importantes pertes, notamment dans la bataille pour la prise de Bakhmout.
Le fondateur du groupe Wagner, Evguéni Prigojine, a annoncé dans un message audio publié sur sa chaîne Telegram qu'il prévoit de recruter 30.000 mercenaires supplémentaires d'ici la mi-mai. Selon lui, les centres de recrutement qui ont ouvert dans 42 villes russes enregistrent au total 500 à 800 nouveaux engagés par jour - sans qu'il ne soit possible, pour l'heure, de vérifier cette information.
Prigojine affirme par ailleurs que cette nouvelle campagne de recrutement se déroule plus rapidement que prévu, et que les recrues enregistrées sont en meilleure condition physique que les premiers volontaires enrôlés au début de la guerre.
Les troupes du groupe Wagner engagées sur le front en Ukraine ont subi de très lourdes pertes, notamment dans la bataille pour la prise de Bakhmout, qui constitue depuis l'été dernier la plus longue et la plus sanglante bataille de la guerre en Ukraine.
Au cœur du dispositif russe
En janvier, les renseignements américains estimaient que Wagner avait déjà perdu 50.000 hommes, dont 40.000 prisonniers recrutés dans les prisons russes en échange d'une amnistie s'ils survivaient à six mois de guerre.
L'Ukraine a quant à elle soutenu qu'environ 30.000 mercenaires du groupe Wagner ont été tués, blessés, ou bien ont déserté - ce qui, là encore, ne peut être vérifié de manière indépendante.
Les groupes armés privés sont au cœur du dispositif militaire russe en Ukraine. Le groupe Wagner, qui a notamment recruté massivement dans les prisons russes, mène ainsi la charge à Bakhmout, épicentre des combats dans l'est de l'Ukraine. Ce groupe armé privé, dirigé par Evguéni Prigojine, est aussi présent sur d'autres continents, en particulier en Afrique, pour, selon ses détracteurs, y mener les basses œuvres du Kremlin.
Mais Wagner, qui agit avec une autonomie assez large sur le terrain, entretient des relations tendues avec l'état-major et le ministère de la Défense, les accusant d'incompétence voire de trahison du fait du manque d'approvisionnement en munitions d'artillerie. Les députés russes ont voté ce mardi un texte punissant de lourdes peines de prison le fait de «discréditer» les groupes armés comme Wagner, mesure déjà en vigueur concernant l'armée russe et qui sert à réprimer les détracteurs de l'offensive en Ukraine.