Etre lauréate du prix Nobel de la Paix en 1991, alors qu'elle était en résidence surveillée, "avait ouvert une porte dans (son) cœur". Samedi 16 juin, à Oslo, plus de 20 ans plus tard, Aung San Suu Kyi a enfin pu prononcer son discours d'acceptation.
"Aung San Suu Kyi est enfin là". Le président du comité Nobel, Thorbjoern Jagland, a résumé l'esprit général d'une phrase. Plus de vingt ans après avoir été récompensé du prix Nobel de la Paix, l'opposante birmane a enfin pu tenir son discours d'acceptation, samedi 16 juin dernier, à Oslo. Un discours emprunt d'émotion au cours duquel elle a plaidé pour la libération des prisonniers politiques.
"Un prisonnier d'opinion est un de trop (...). S'il vous plait, souvenez-vous d'eux et faites tout ce qui est en votre pouvoir pour parvenir au plus tôt à leur libération inconditionnelle", a-t-elle imploré. Les cheveux parés d'une fleur, comme à son habitude, et vêtue d'une longue écharpe mauve et du lungi traditionnel, la "Dame de Rangoun" a ensuite assuré qu'elle et son parti sont prêts à jouer tout rôle en vue de la réconciliation nationale conduisant du régime militaire à la démocratie. "Mon parti, la Ligue nationale pour la démocratie, et moi-même nous sommes prêts et désireux de jouer tout rôle dans le processus de réconciliation nationale", a-t-elle dit. "C'est grâce à des changements récents dans mon pays que je suis avec vous aujourd'hui", a-t-elle reconnu en remerciant "tous les amoureux de la liberté et de la justice qui ont contribué à une prise de conscience mondiale de notre situation".
Le président du comité Nobel espère maintenant Liu Xiaobo
Point d'excès d'optimisme pour autant. Si elle rêve de voir la démocratie triompher en Birmanie, elle sait que cela prendra du temps. "Si je défends un optimisme prudent ce n'est pas parce que je ne crois pas dans l'avenir mais c'est parce que je ne veux pas encourager une foi aveugle", a-t-elle expliqué. "Sans foi dans l'avenir, sans la conviction que les valeurs démocratiques et les droits fondamentaux de l'Homme sont non seulement nécessaires mais possibles dans notre société, notre mouvement n'aurait pas pu continuer", a-t-elle ajouté.
Pour preuve du chemin encore à parcourir, la presse d'Etat a annoncé samedi que les violences entre communautés musulmane et bouddhiste dans l'ouest de la Birmanie ont fait au total 50 morts en deux semaines. Le pays est d'ailleurs placé en état d'urgence depuis dimanche dernier. "Les hostilités n'ont pas cessé dans l'extrême nord (avec les Kachins). Dans l'ouest, la violence communautaire prend la forme d'incendies et d'assassinats, qui ont eu lieu juste avant que je commence le voyage qui m'a conduite ici aujourd'hui", a regretté Aung San Suu Kyi. Inaugurant la cérémonie, le président du comité Nobel, Thorbjoern Jagland, avait quant à lui un autre regret, et un autre espoir : que le dissident chinois emprisonné Liu Xiaobo, lauréat du Nobel de la Paix en 2010, puisse lui aussi venir un jour à son tour à Oslo.
Source : leJDD.fr 16-06-2012
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