Lorsque Ettore Bugatti lance la Type 41 Royale au début de 1929, il réalise enfin son rêve de construire la voiture de luxe ultime. D'une cylindrée dépassant largement les 12 litres, le moteur de la Royale était plus de quatre fois plus gros que le deuxième plus gros moteur de la gamme Bugatti. Pour combler ce vide considérable, une deuxième Bugatti de luxe est lancée peu de temps après. Surnommé « la petite royale » le Type 46 est, à bien des égards, d’une version réduite de l’énorme Royale, qui s’est finalement avérée invendable.
Comme la Royale, le Type 46 utilise la dernière version du moteur huit cylindres en ligne habituel, le Bugatti. Utilisé avec tant de succès dans les voitures de course de type 35, il comporte un seul arbre à cames en tête actionnant trois soupapes par cylindre (2 en admission et 1 en échappement). Le moteur, très rigide, permet un fonctionnement exceptionnellement souple. D’une cylindrée de 5 360 cc, le Type 46 «huit» développe une puissance maxi relativement modeste de 140 cv. Grâce à une course longue, il génère plus de couple que nécessaire à des régimes moteur très bas.
Le châssis de type 46 est également typique de Bugatti. Le cadre en acier et ses traverses sont suspendus à des essieux rigides à l’avant comme à l’arrière, avec des ressorts à lames semi-elliptiques à l'avant et des ressorts à lames quart elliptiques inversés à l'arrière. Bugatti est restée fidèle aux freins à tambour commandés par câble, même si la plupart des concurrents ont déjà opté pour des systèmes hydrauliques. Les freins avant comportent un système ingénieux pour empêcher l’auto-asservissement causé par la torsion de l’essieu. Comme sur le type 41, la boîte de vitesses à trois rapports a été montée solidaire du différentiel.
Vers la fin de 1929, le premier exemplaire de la Type 46 est présenté aux importants Salons de l’Automobile de Paris et de Londres. Avec son moteur de 5,3 litres et son empattement de 3,5 mètres, il ne s’agit nullement d’une petite voiture. Elle est néanmoins beaucoup plus petite et surtout beaucoup moins chère que la Royale. Le Type 46 est bien accueilli par les journalistes automobiles et, bien que la Royale se soit révélée impossible à commercialiser, les commandes pour la nouvelle Bugatti de luxe se multiplient. Bugatti livre la plupart des voitures sous forme de châssis roulant aux carrossiers de premier plan. En raison de sa longueur considérable, le Type 46 peut accueillir une grande variété de carrosseries, allant des salons majestueux aux coupés sportifs et aux cabriolets.
Le fils d'Ettore Bugatti, Jean, est sorti de l’ombre à cette époque en tant que designer talentueux. Les coupés aérodynamiques qu’il dessine sont caractérisés par des pare-brise fortement inclinés. On lui doit en particulier les lignes très élégantes de ce coupé superprofilé. Pourtant, presque toutes les carrosseries construites par Bugatti sont de conception plutôt conventionnelle. En 1931, le Type 46 est élargi au modèle Sport ou S. La voiture est dotée d’une version suralimentée du moteur de 5,3 litres. Associé à deux carburateurs Zenith, le compresseur de type Roots fournit une augmentation de puissance d’environ 20 cv. Cela n'a pas suffi à convaincre de nombreux clients de payer le surcoût, car seuls environ 20 Bugatti de type 46 S ont été construites.
Vers la même époque, le Type 50 rejoint la gamme Bugatti. Ce modèle utilise un châssis pratiquement identique mais est propulsé par un tout nouveau moteur à huit cylindres à double came. Disponible uniquement en version suralimentée, cette unité de cinq litres développe 200 ch. Le Type 46 et le Type 50 sont disponibles jusqu'en 1936, date à laquelle ils sont remplacés par le Type 57. Même s'il elle est deux fois plus cher qu'une Delage similaire, Bugatti réussit à vendre plus de 400 exemplaires de la «Petite Royale». Malheureusement, de nos jours, très peu d'exemples de la Bugatti préférée d'Ettore ont survécu.
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ultimatecarpage.com
netcarshow.com
favcars.com
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autogaleria.hu
Vous pouvez retrouver d'autres véhicules, tout aussi exceptionnels, dans la rubrique "VOITURES DE LEGENDE" de ce blog ou en vous inscrivant à la Newsletter (voir ci-contre)