Faut-il obliger les supermarchés à donner la nourriture invendue? Des élus et des Associations ont lancé le mouvement, les people soutiennent. Le gouvernement doit trancher.
"Stop au gâchis!" 175.000 personnes ont signé sur « change.org » une pétition pour imposer aux magasins de donner aux associations les surplus du jour. Mardi 7 avril, Arash Derambarsh, conseiller municipal de Courbevoie à l'origine du mouvement soutenu par des stars – Mathieu Kassovitz, Johnny Hallyday, Omar Sy – et des élus, plaidera sa cause à l'Élysée : "Chaque supermarché jette le soir plus de 20 kg de nourriture. Une grande partie est consommable alors que des gens ont faim. Il faut contraindre les magasins à donner à des associations locales et confier le surplus aux structures capables de stocker, comme les Restos du cœur. J'ai testé avec succès ce système à Courbevoie."
Vendredi 3 avril dernier, la sénatrice Nathalie Goulet a déposé un amendement dans ce sens dans le cadre du projet de loi Macron, qui sera discuté mardi.
Ces initiatives devancent le rapport sur le gaspillage alimentaire du député PS Guillaume Garot. L'ex-ministre délégué à l'Agroalimentaire a rendez-vous le 14 avril avec Stéphane Le Foll (Agriculture) et Ségolène Royal (Écologie). Il avait déjà lancé en 2013 un pacte national pour diminuer de moitié les déchets alimentaires d'ici à 2025. "Je ne crois pas à l'obligation de don, qui générera un afflux de marchandises difficile à gérer par les associations", estime Guillaume Garot.
L'élu de la Mayenne, qui défendra une proposition de loi globale dans les prochaines semaines, privilégie le levier de la défiscalisation pour améliorer la qualité des collectes. Aujourd'hui, 60% de la valeur des dons sont déductibles pour les enseignes. En échange de cet avantage, il pourrait leur être imposé des dons adaptés aux besoins : packaging intact, délai de consommation plus long…
Une grande agence sur le modèle de l'Ademe
Une conception partagée par bon nombre de distributeurs et d'associations. « La proposition d'Arash Derambarsh est difficile à mettre en place », observe Gaëtan Lassale, chargé des relations institutionnelles pour les banques alimentaires. « Nous préférons que les commerçants soient incités à sélectionner, trier et contrôler les produits »
Guillaume Garot souhaite également soutenir la myriade de start-up antigaspi fondées ces dernières années. Par exemple, « mister-collect.com » recycle les huiles de friteuse et les biodéchets dans toute la France. Et l'application mobile « Optimiam » permet de géolocaliser les commerces qui ont des surplus à écouler à prix cassés. Une grande agence de lutte contre le gaspillage, à l'image de l'Ademe pour les économies d'énergie, pourrait fédérer toutes ces initiatives.