Si l’UMP n’en finit pas de délivrer des images de renouveau et d’union, dans les coulisses du parti, se joue, depuis quelques jours, une âpre négociation entre ténors de l’UMP. L’enjeu : la composition du bureau politique du nouveau parti. Qui sera paritaire.
Derrière le bras de fer autour du futur nom de l'UMP, qui sera "Les Républicains", se tient une autre bagarre : celle pour la composition du futur bureau politique du parti, donc pour le pouvoir. Avec les nouveaux statuts, le « BP » doit être renouvelé et élargi. « Personne n'en parle, mais le vrai sujet politique est là », dit un haut responsable du parti. De déjeuners en tête-à-tête en entretiens téléphoniques, une âpre négociation se joue en coulisses entre Nicolas Sarkozy et les candidats potentiels à la primaire de 2016, soucieux de continuer à peser dans cette instance clé du parti.
Un Bureau Politique où les sarkozystes sont peu représentés
Car c'est au « BP » que se prennent les décisions entre deux conseils nationaux. C'est le « BP » qui avait voté le principe du ni-ni lors de la législative partielle du Doubs. C'est le « BP » qui avait remis la direction du parti entre les mains du triumvirat Juppé-Fillon-Raffarin à l'été 2014, en plein scandale Bygmalion. Paradoxalement, les sarkozystes y sont relativement peu représentés. L'actuel « BP » est issu du conseil national du 25 janvier 2014, date à laquelle l'ancien président n'était pas sorti de sa retraite politique.
Un Bureau strictement paritaire
Réforme des statuts oblige, les ténors doivent se mettre d'accord sur une liste élargie de 80 membres qui seront élus par le congrès ou le conseil national (50 parlementaires, 20 élus non parlementaires et 10 représentants des fédérations professionnelles), auxquels s'ajouteront les membres de droit (présidents de groupes parlementaires, ex-Premiers ministres, ex-patrons de l'UMP…). Le sujet a viré au casse-tête quand la vice-présidente de l'UMP chargée de la refonte des statuts, Nathalie Kosciusko-Morizet, a obtenu que le futur « BP » soit strictement paritaire. C'est donc sur une liste "chabadabada" (un homme-une femme) que vont devoir se mettre d'accord Sarkozy, Juppé, Le Maire, Fillon ou Bertrand.
"Alain Juppé se fait avoir"
Fort de ses 30% de voix à l'élection pour la présidence du parti, Bruno Le Maire a déjà mis en garde Nicolas Sarkozy lors d'un déjeuner le 9 avril : "Soit je suis représenté à hauteur de mon poids à l'élection, soit je présenterai ma propre liste devant les militants." Dans la foulée, une liste de 20 noms a été transmise au directeur général du parti, Frédéric Péchenard. Une fermeté qui fait sourire à l'UMP. « Sarkozy utilise Le Maire pour affaiblir Juppé : il s'appuiera sur sa prétendue intransigeance pour donner moins à Juppé et Fillon », parie-t-on dans l'entourage de l'ancien président. « Juppé est en train de se faire avoir. »
Reste que Nicolas Sarkozy, qui se veut le chantre du "rassemblement" de sa famille politique, ne compte à aucun prix ouvrir un nouveau front. L'ancien président multiplie donc depuis une semaine les échanges téléphoniques avec le maire de Bordeaux pour tenter de bâtir un compromis acceptable par tous. S'il échouait, c'est devant les militants que devrait se trancher le débat, chacun défendant alors sa propre liste. Une option impensable pour Sarkozy. Selon son entourage, il proposera donc mardi au bureau politique de voter sur "le principe d'une liste unique de rassemblement pour la composition du nouveau bureau politique". Histoire d'obliger les uns et les autres à s'entendre.
Source : leJDD.fr 03-05-2015