Entre un coup d'éclat des « Femen » et l'apparition soudaine sur scène de Jean-Marie Le Pen, le défilé annuel de Marine Le Pen ne s'est pas vraiment passé comme prévu.
Mauvaise journée pour Marine Le Pen. Sur la scène dressée devant l'Opéra de Paris, vendredi 1er mai, Marine Le Pen venait de prendre la parole pour se féliciter des derniers résultats des élections départementales. Quand, une minute seulement après le début de son discours, des huées générales se sont élevées de la foule. A l'origine de la bronca : des « Femen » apparues au balcon du Grand Hôtel qui donne sur la place. Elles ont déroulé deux banderoles rouges, similaires au drapeau nazi mais avec en son centre le logo du FN et cette inscription : "Heil Le Pen."
La foule hurle. Marine Le Pen se tait de longues secondes. En-dessous, sur le trottoir, des jeunes militants frontistes insultent les militantes. "On est chez nous", clament les milliers de sympathisants venus assister à ce traditionnel défilé du 1er mai. Puis la présidente du FN reprend la parole. "Il est assez paradoxal quand on se dit féministe de venir perturber un hommage à Jeanne d'Arc!", tente-t-elle. Elle s'arrête de nouveau. Les trois femmes sont finalement arrêtées quelques minutes après par le service d’ordre du FN monté dans la chambre d'hôtel. Au balcon, l'un d'eux brandit même son parapluie en criant "la France aux Français". "Décidément, que de surprises dans ce 1er mai!", conclut Marine Le Pen, qui a assisté impuissante à ce coup de force.
"Chacun sa place"
Car, peu avant, c'est Jean-Marie Le Pen qui est monté à la tribune. Une irruption certes bien moins fâcheuse que celle des « Femen », mais qui n'était pas prévue non plus. Privé de parole par sa fille, le patriarche de 86 ans a gravi les marches de l'escalier, avec l'aide de son ami Jean-Michel Dubois. En haut, à deux mètres de sa fille restée silencieuse, il a dressé les poings au ciel, les bras en V, s'offrant une acclamation du public scandant son nom. Avant de faire demi-tour et de quitter les lieux.
Marine Le Pen et le président d'honneur du parti s'étaient pourtant évités lors du traditionnel défilé. Arrivé vers 10h15 en voiture pour se retrancher dans un hôtel situé à deux pas, Jean-Marie Le Pen a attendu que sa fille dépose sa gerbe de fleurs au pied de la statue de Jeanne d'Arc - un moment perturbé déjà par l’interpellation d'au moins deux « Femen » - avant de s'y rendre lui-même. "Chacun à sa place", a-t-il lancé devant la nuée de caméras présente sur son passage.
"Il devrait être mis en valeur plutôt que d'être rejeté!"
En ce 1er mai dont il a fait une date symbolique pour son parti, il semble pourtant bien seul face à l’héroïne de l’Histoire de France. Sous le feu des critiques de son parti, sous la menace d’une sanction interne, sous le coup des informations de « Médiapart » évoquant une éventuelle fortune cachée en Suisse, après l’incendie de sa maison et une récente hospitalisation... Figé devant la statue de la Pucelle d’Orléans, il a fini par s'écrier : "Jeanne, au secours!". Avant de rentrer dans le même hôtel sans expliquer si cet appel à l'aide concernait son parti, la France ou lui-même…
Le doyen des Le Pen est reparti une heure plus tard, après le passage des voitures de propreté qui clôturaient le cortège, acclamé par une dizaine de militants restés en retrait. Si beaucoup de personnes présentes ne se disent pas choqués par sa mise à l'écart, tous ne lui tiennent pas rigueur de ses propos tenus dans le magazine d'extrême droite Rivarol. "Il n'a pas été compris, c'est injuste. Jean-Marie Le Pen est un humaniste", s'indigne Ellie. "Il devrait être mis en valeur plutôt que d'être rejeté!", abonde Hubert, 16 ans. Quant à Marie-Madeleine, qui est de toute façon pour le retour du roi, elle tente la synthèse : "Laissez-le tranquille! Je l'admire énormément… comme sa fille!" Tous ont pu applaudir une dernière fois quelques minutes plus tard sur scène.
Source : leJDD.fr 1er mai 2015