«Le chômage s'inversera», promet le secrétaire d'Etat Jean-Marie Le Guen au lendemain de l'annonce d'une nouvelle hausse en mars. Mais il se garde bien de dire quand !.. L'UMP est, logiquement, sceptique. Les frondeurs du PS aussi.
Le nouveau record du chômage annoncé lundi 27 avril dernier «n'est pas un bon résultat», a admis mardi Jean-Marie le Guen, mais il «ne change pas» le cap fixé par le gouvernement. « Cela ne change pas nos analyses, notre détermination, notre conviction», a déclaré sur RTL le secrétaire d’État aux Relations avec le Parlement, seul membre du gouvernement à être allé au front des interviews politiques ce mardi matin.
«Nous savons que la croissance est en train de repartir et que l'emploi vient une fois la croissance réinstallée. Nous avons tous les éléments qui nous laissent à penser qu'à la fin de l'été, au début de l'automne, il y aura un retour de croissance relativement important dans notre pays», a insisté le socialiste. «Le chômage s'inversera», martèle-t-il, sans se risquer à donner une date. «Il s'inversera et François Hollande sera notre candidat en 2017». A ce stade là ce n’est même plus de l’optimisme c’est carrément de l’illumination !...
Un nouveau record absolu
Le chômage a atteint un nouveau record historique en mars avec 3,51 millions de demandeurs d'emploi sans activité en métropole, soit 15 400 (+0,4%) de plus qu'en février.
«Ce gouvernement est dans le déni de réalité», tacle Thierry Solère (UMP) qui appelle à des réformes profondes. «Il faut relancer l'apprentissage, affirme le député des Hauts-de-Seine proche de Bruno Le Maire. J'en veux vraiment au président Hollande d'avoir arrêté toutes les mesures pour l'apprentissage en début de quinquennat», déplore-t-il sur France Inter, reconnaissant cependant que ce mouvement avait été amorcé sous l'égide de Nicolas Sarkozy.
«Jamais dans l'histoire de France on n'avait eu autant de chômeurs, 615 000 de plus», calcule Claude Guéant (UMP) qui relève que «dans le même temps les pays voisins se débrouillent beaucoup mieux», en citant l'Allemagne et le Royaume-Uni. Pour l'ancien ministre de l'Intérieur aussi, il faudrait des changements profonds mais «la loi sur le dialogue social ne comporte strictement rien. Elle ne touche en rien à l'assoupissement du droit du travail», reproche-t-il sur iTélé.
Quelques petits signaux positifs ?
«Pour le mois de mars, tous les indicateurs sont mauvais. La moyenne sur le trimestre n'est pas terrible, mais on note tout de même des petits signaux positifs, notamment sur les plus jeunes», a nuancé l'économiste Eric Heyer, directeur à l'Observatoire français des conjonctures économiques. «Le gouvernement a fait le choix d'une politique de l'offre financée par un choc de demande, 41 milliards sur 3 an, et demande aux ménages de financer fiscalement ce choc-là», a-t-il expliqué sur France 2, ce qui nuit à la consommation, donc aux carnets de commande des entreprises.
«Il faut que le gouvernement se rende compte à quel point la politique économique menée depuis trois ans handicape les entreprises», reproche Valérie Pécresse sur France Info. « Il faut », affirme l'ancienne ministre UMP, dont les convictions semblent renforcées par son immersion en entreprise, «remonter les seuils sociaux, baisser les charges, réformer le compte pénibilité». «François Hollande ne peut pas avoir une vision météorologique de la croissance, après la pluie, le beau temps.... Il faut arrêter le matraquage fiscal et administratif».
Les frondeurs du PS eux aussi très mécontents
«En voulant trop imiter les vieilles recettes qui n'ont jamais marché, on produit les mêmes résultats», déplore le député frondeur Pouria Amirshahi. «Baisser le coût du travail, des coûts en général: en gros, c'était ce que faisait l'UMP. Certains se sont dit: le problème ce n'est pas la recette, c'est le cuisinier, mais en fait, la recette n'est pas la bonne», s'est-il agacé sur Sud Radio. «Il nous reste 2 ans pour réussir et arrêter cette politique libérale inefficace», juge le député Christian Paul (PS) lors du Talk Ouest-France.
Ces trois ans de mandat du président de la République, «c'est un long chemin de croix pour les chômeurs, le pays, sa majorité, une majorité qui ne tient plus, qui a éclaté, avec des Verts qui font un chemin autonome voire hostile, un Premier ministre qui n'a plus aucune marge de manœuvre», résume Rama Yade sur Radio classique. L'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, désormais à l'UDI, se demande comment l'exécutif pourra tenir ces deux prochaines années. Et de conclure : «On a perdu du temps avec des réformes qui ne valaient pas autant de débat, de déchirures dans le pays».
Source : LeParisen.fr 28-04-2015