Dénonçant le "double langage" du gouvernement, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs veulent bloquer l'approvisionnement en carburant à partir de lundi.
Cinq raffineries et dépôts de carburants bloqués dès dimanche 10 juin au soir, 13 à partir de lundi matin (*), la FNSEA, principal syndicat agricole, et les Jeunes agriculteurs ont annoncé le début d'un mouvement de blocage à travers la France. Ils dénoncent le « double langage » du gouvernement sur les accords internationaux et les importations de matière première. « La goutte d'huile qui fait déborder le vase, c'est La Mède et Total qui décident d'importer de l'huile de palme », a expliqué Christiane Lambert la présidente de la FNSEA sur France info.
La bio-raffinerie Total de La Mède va en effet utiliser, à compter de sa mise en service cet été, 50% d'huile de palme importée pour produire du bio-carburant. Une concurrence redoutée par les producteurs de colza français. « Choisir de bloquer les raffineries, c'est un moyen de se faire entendre par le gouvernement, car ce sont les symboles de ces importations distorsives », explique Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA.
La FNSEA dénonce le "double langage" du gouvernement
L’organisation syndicale reproche au gouvernement de rajouter des normes aux agriculteurs français tout en signant des accords commerciaux internationaux « qui laissent venir des produits, notamment de la viande, du sucre, de l'éthanol, qui ne respectent pas les mêmes conditions de production que les produits français ». « Notre cible c'est l'État. Nous avons alerté à plusieurs reprises. Nous avons rencontré des préfets, des parlementaires. Malgré tout, le rouleau compresseur continue sans vraiment d'écoute », poursuit Christiane Lambert.
« Je comprends la préoccupation qui est la vôtre », a expliqué le 7 juin le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert devant le congrès national des Jeunes Agriculteurs. « La filière colza contribue à la production de biocarburants ; elle fournit aussi des huiles alimentaires de qualité et des tourteaux qui concourent à l’augmentation de l’autonomie protéique de la France », a-t-il noté en souhaitant « que l’approvisionnement de l’usine de la Mède puisse évoluer au fil du temps pour intégrer davantage de matières agricoles françaises ». Une explication qui, on s’en doute, n’a pas rassuré les agriculteurs..
La loi Alimentation examinée au Sénat à partir du 26 juin
Le syndicat demande qu'avant l'application de toute nouvelle norme, soit effectuée une expertise économique et sociale. Le FNSEA veut également que soit réintroduit dans la loi Alimentation, examinée à partir du 26 juin par le Sénat, un amendement sur l'interdiction d'importer toute denrée produite en utilisant des substances phytosanitaires interdites dans l'Union européenne, même à doses résiduelles, a ajouté Jérôme Despey.
(*) Les 13 sites qui seront bloqués sont ceux de Donges (Loire-Atlantique), Gonfreville l'Orcher, Dunkerque (Nord), Coignières (Yvelines), Gennevilliers (Hauts-de-Seine), Grandpuits (Seine-et-Marne), Vatry (Marne), Strasbourg, Cournon (Puy-de-Dôme), Lyon et Feyzin (Rhône), La Mède (Bouches-du-Rhône) et Toulouse. Les blocages sont prévus jusqu'au 13 juin, mais seront reconductibles.
Source : LeJDD.fr 10-06-2018