Il avait juré que la politique était définitivement finie pour lui. Mais Tapie, c’est Tapie !.. Défait devant la justice, menacé de ruine par Bercy, Bernard Tapie décide de replonger dans le chaudron politique. Il prépare un "plan" pour "interdire le chômage des jeunes". Et risque de s'inviter à la table de 2017…
"Oui, je reviens en politique", confie Bernard Tapie en exclusivité dans le JDD. "Le résultat des régionales est incontestablement un signal d’alarme qui doit alerter tous ceux qui ont l’envie et la compétence d’apporter des réponses aux problèmes du pays."
"Personne ne peut contester mes succès passés face au FN, notamment aux européennes de 1994, quand je l’avais ramené, comme je l’avais promis, à 10% des voix. C’est toujours faisable à condition d’adopter les bonnes méthodes", poursuit celui qui a tout connu. La fortune des affaires. La gloire en politique. Le succès au théâtre. Le triomphe en sport. Puis les mises en examen et les séjours en prison. Il a été vendeur de téléviseurs, patron d’Adidas, ministre de la Ville, président de l’OM.
Un "plan Tapie 2016"
Aujourd’hui, il est ruiné au terme de vingt ans d’un bras de fer judiciaire qu’il a successivement un peu gagné, un peu perdu, beaucoup gagné, et finalement entièrement perdu. Une ardoise à 404 millions d’euros… Dont le règlement se décidera à Bercy et à l’Élysée. À 72 ans, comme un boxeur compté sur le ring, Bernard Tapie promet une contre-attaque au prochain round. Cette fois-ci, il change de gants et remet son maillot des années Mitterrand.
Son "plan Tapie 2016", qu’il dévoile dans le JDD, propose, ni plus ni moins, "d’interdire le chômage des jeunes", et de l’éradiquer à coût constant, "en réinvestissant tous les fonds actuellement engloutis dans des formations et programmes inefficaces", dit-il. Vaste programme… Certains vont hausser les épaules, d’autres lui tomber dessus. Tapie, devenu insomniaque, "les attend", et se dit "convaincu qu’il faut faire quelque chose face au FN".
Jusqu’où espère-t-il aller? Sa musique des années 1980 peut-elle prendre à nouveau? C’est l’inconnue du pari que tente celui qui de toute façon n’a plus grand-chose à perdre si ce n’est son splendide hôtel particulier de la rue des Saints-Pères… Lui qui a déjà grandement contribué à "tuer Rocard" aux européennes de 1994, puis Jospin à la présidentielle de 2002, puis Royal en 2007, sait de quoi il parle quand il parle de meurtre en politique. En ce début 2016, son message s’adresse à François Hollande. Tout le monde l’aura bien compris.
Source : LeJDD.fr 20-12-2015