Et si le fringant ministre de l'Economie, chouchou des sondages, claquait la porte du gouvernement ? Selon les informations divulguées par « Le Parisien », c'est tout sauf un scénario de politique-fiction. Dans la majorité, la rumeur enfle. Car en coulisses, un bras de fer est engagé entre Bercy et Matignon. Paradoxe : 500 jours après sa nomination, Emmanuel Macron n'a jamais été si populaire auprès des Français, qui voient en lui l'incarnation du renouvellement en politique. Le voilà pourtant cornerisé, prié de se faire discret.
S'il ne dit mot, Macron bouillonne. Cet été, sa première loi était passée au forceps à coup de 49-3. « Une manip de Valls pour le priver d'une victoire », peste un partisan. Cette fois, sa loi Macron II dite Noé (nouvelles opportunités économiques) pourrait être fusionnée avec le texte de sa collègue Myriam El Khomri (Travail). A gauche, personne n'est dupe de ce qui est perçu comme une manœuvre pour le priver d'une tribune. « Avec El Khomri, Valls reprend la main », abonde un important ministre.
Les récits des recadrages infligés à Macron pullulent. Comme ce 19 décembre, lors d'un séminaire gouvernemental à l'Elysée. A huis clos, une discussion s'engage sur les quartiers. Valls râle contre « les ministres qui n'y comprennent pas grand-chose ». « Tout le monde a compris qu'il visait Macron », glisse un participant.
«Valls ne peut plus le voir en peinture !»
Quelques jours plus tôt, l'hôte de Bercy avait agacé en déclarant que la société française avait « sa part de responsabilité » dans le phénomène djihadiste. « Valls ne peut plus le voir en peinture ! » assène un membre du gouvernement. Le Premier ministre n'a-t-il pas étrillé Macron début janvier sur BFMTV : « Moi aussi j'ai incarné le renouvellement, le changement... Vous savez, ça passe vite ! »
« Valls veut pousser Macron vers la sortie », soupçonne un responsable du PS. Etrangement, le président, qui a toujours défendu son ministre de 38 ans, laisse faire. « Hollande a besoin d'un gauchissement de sa politique », décrypte un ministre. La loi Macron-El Khomri « doit apparaître comme favorable pour les salariés », abonde un conseiller de l'Elysée, où le ministre de l'Economie n'est plus en odeur de sainteté. A quinze mois de la présidentielle, il faut bichonner la gauche. Exit Macron, donc. « C'est un phénomène d'opinion, mais il n'a aucune troupe, aucun courant, rien. Il finira comme Villepin », balaie un proche de Hollande. Brutal.
Macron a pourtant fait savoir à maintes reprises qu'il était davantage attaché à ses convictions qu'à son fauteuil. La veille de sa nomination en août 2014, l'ancien banquier d'affaires s'apprêtait à monter sa boîte. « Imaginez que le ministre le plus populaire se barre... » redoute un ténor de la majorité, qui n'écarte pas ce scénario noir.
Source : LeParisien.fr 17-01-2016