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Honoré-Gabriel- Riqueti marquis de MIRABEAU
LA VOIX DE MIRABEAU S'ETEINT : AVRIL 1791
Le 2 Avril 1791 s'éteint Mirabeau*. L'émotion est générale. Avec la voix de Mirabeau*, s'éteint l'une des plus grandes voix de la Révolution. Celle de Robespierre s'en trouve soudain grossie. Il a entretenu avec Mirabeau* de bonnes relations jusque vers le printemps de l'année 1790. A cette date, si l'on ne peut parler de brouille entre les deux hommes, il est sûr que Mirabeau* regarde le député d'Arras avec une certaine défiance. Est-ce pour ses prises de positions à l'Assemblée ? Sans doute. Mais plus encore à cause des contacts étroits que Robespierre a multipliés avec les sections provinciales du club des Jacobins. Les relations qu’entretenaient les deux hommes n'ont pas cessé de se détériorer : quelques escarmouches verbales au début ont dégénéré en conflit ouvert dans le courant du mois de Décembre 1790.
On ne peut douter que Maximilien Robespierre ait eu, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, des soupçons à propos des relations de Mirabeau* avec la Cour. L’intransigeance du député d’Arras ne pouvait évidemment accepter ces compromissions et c’est probablement l’une des raisons pour lesquelles leurs relations se sont distendues.
En ce jour de deuil national, Robespierre fait taire son ressentiment. Il appuie la demande du Directoire du Département de Paris qui propose que l'édifice de Sainte-Geneviève soit dorénavant destiné à recevoir les cendres des grands hommes. Le discours est bref, il comporte bien quelques sous entendus, mais....
« Ce n'est pas au moment où l'on entend de toutes parts les regrets qu'excite la perte de cet homme illustre, qui, dans les époques les plus critiques, a déployé tant de courage contre le despotisme, que l'on pourrait s'opposer à ce qu'il lui fût décerné des marques d'honneur. J'appuie de tout mon pouvoir, ou plutôt de toute ma sensibilité, cette proposition. » (1)
La mort de Mirabeau* a une autre conséquence directe : Robespierre devient le Maître incontesté des Jacobins, cette assemblée puissante avec laquelle l'Assemblée nationale sait qu'elle doit maintenant compter. A partir de ce jour, il va intervenir sur tous les grands sujets et surtout, il va changer de ton. Un changement de ton qui va s’accompagner d’un changement de stratégie.
Au cours des six derniers mois de 1789, il était intervenu une trentaine de fois à la tribune de l'Assemblée; en 1790, il prononce plus de 80 discours et en 1791 on en dénombre environ 60 à la Constituante sans compter ses interventions au Club des Jacobins (2)
(1) cité par André STIL "Quand Robespierre et Danton..." op. cit. page 124
(2) Jean François FAYARS, Alfred FIERO, Jean TULARD
"Histoire et Dictionnaire de la Révolution française", Robert LAFFONT, Paris, 1987, page 1071
A SUIVRE :
LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : ROBESPIERRE (17/50)
ROBESPIERRE AU PREMIER PLAN : AVRIL 1791