L'écrivain et voyageur Patrice Franceschi (photo) est engagé auprès des Kurdes syriens. Il s'alarme du sort de ces-derniers, bombardés par l'armée turque.
« La bataille de Mossoul est un écran de fumée qui masque des enjeux très importants pour le Kurdistan syrien. Les Turcs ne supportent pas l'idée d'avoir un État kurde à leur porte. Ils profitent des regards tournés vers Mossoul pour poursuivre leurs bombardements sur les Kurdes. »
« En mars, les Kurdes syriens ont proclamé le 'Rojava', un territoire autonome, trois fois grand comme le Liban, qui fonctionne comme un État, basé sur la démocratie, la laïcité, l'égalité homme-femme et le respect des minorités. C'est inacceptable pour l'islamiste Erdogan. »
"La Turquie autocrate a pris tout le monde au dépourvu"
« Cet été, les Turcs ont donc lancé l'opération Bouclier de l'Euphrate pour intervenir sur le territoire syrien et officiellement combattre Daech. La Turquie autocrate a pris tout le monde au dépourvu. Les alliés de la coalition internationale ont dit d'accord, mais à condition qu'ils n'aillent pas plus loin que 20 km à l'intérieur. Mais les Turcs sont allés beaucoup plus loin, ils ont massacré des Kurdes et ont mis la coalition devant le fait accompli. C'est la première fois depuis 1920 et la chute de l'Empire ottoman, que les Turcs interviennent dans leur ancienne zone d'influence. La France reste attachée à défendre les Kurdes, comme les Américains, mais elle est très embarrassée. »
« Aujourd'hui, alors que les médias ne parlent que de Mossoul – une bataille gagnée d'avance, c'est une question de temps, l'armée turque utilise son artillerie, son aviation et ses blindés pour attaquer directement les FDS, Forces démocratiques syriennes [à 80 % kurdes], qui continuent de progresser contre Daech. Les Turcs refusent que Raqqa tombe aux mains des Kurdes. Ils préféreraient que la ville ne tombe pas."
Source : LeJDD.fr 1er novembre 2016