« Monte dei Paschi di Sienna », plus vieille banque du monde et maillon faible du système italien, reste en grande difficulté. Sa chute pourrait-elle entrainer tout le secteur bancaire européen ?
Après le feuilleton de la « Deutsche Bank », c’est la banque italienne « Monte dei Paschi di Siena » (BMPS) qui se retrouve à nouveau dans la tourmente. Le troisième établissement du pays a lancé un plan de restructuration dont il espère des effets rapides. Au programme, la suppression de 2.600 postes et la levée d’au moins un milliard d’euros. BMPS avait très mal réagi au stress-test (test de résistance) de l’été, mené par l’Autorité bancaire européenne (EBA) et la Banque centrale européenne (BCE), se classant bonne dernière de la zone euro. Pour Sylvie Goulard, eurodéputée, membre de la Commission des affaires économiques et monétaires du Parlement: "Un stress test est une photo à un moment donné. Le dernier a révélé que certaines banques devaient se renforcer. Dans le cas contraire, le superviseur européen devra donner suite."
Un portefeuille de créances douteuses
La BCE a ainsi demandé à BMPS de réduire de 9 milliards d’euros son portefeuille de créances douteuses d’ici à 2018. C’est là le point commun de toutes les banques européennes en difficulté. Hervé Alexandre, professeur de finance à l’université Paris-Dauphine, estime que "ce stock de produits dérivés, très élevé et très opaque, est une bombe à retardement pour l’économie européenne". L’établissement a déjà effectué deux augmentations de capital. Une troisième sera en débat lors de l’assemblée générale convoqué le 24 novembre prochain. "Cette augmentation des fonds propres des banques est intervenue grâce à l’Europe. Ainsi l'éventualité du défaut de l’une d’elles a été considérablement amoindrie, même si le risque zéro n'existe pas", estime l’eurodéputée Françoise Grossetête.
Augmentation des fonds propres
La disparition d’une grande banque comme BPMS provoquerait-il un effet domino? Pour Philippas Dionisis, docteur en économie et en finance à l’ESSCA, "la faillite brutale serait périlleuse pour la stabilité financière et l'économie de la zone euro. Elle précipiterait les banques en difficultés avec elle, comme la Deutsche Bank ou certains établissements portugais ou grecs. C’est pourquoi l’Union européenne a établi des pare-feu face à cette éventualité". Comme l’explique Sylvie Goulard, "le choix a été fait de favoriser, en cas de difficulté, une voie médiane: la faillite ordonnée ou au moins la restructuration de l'établissement défaillant, ainsi que la mise à contribution des créanciers privés." BMPS a annoncé la levée d’un milliard d’euros afin de renouveler ses fonds propres. Pas sûr que cela suffise…
Source : leJDD.fr 04-11-2016