Le référendum catalan de dimanche 1er octobre dernier, et les violences policières qui ont marqué le scrutin, embarrassent les dirigeants européens, incapables de trouver sur ce sujet, comme sur beaucoup d’autres, une attitude commune.
L'organisation du référendum d'autodétermination en Catalogne, dimanche 1er octobre, et les violences policières qui ont suivies, faisant plus de 800 blessés, n'ont laissé personne indifférent. Mais en prenant en compte leurs intérêts nationaux ou le jeu politique interne aux institutions européennes, les dirigeants du Vieux Continent ont été incapables de s'accorder sur la ligne à défendre. Emmanuel Macron est le seul à avoir soutenu Madrid face aux revendications catalanes. D'autres gouvernements, confrontés à des velléités indépendantistes semblables dans leur pays, ont condamné les violences des forces de l'ordre espagnoles. Beaucoup ont préféré l'extrême prudence, voire le silence.
Emmanuel Macron, le seul à soutenir ouvertement Mariano Rajoy
Emmanuel Macron a choisi de faire part de son soutien au chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, qui martèle l'illégalité du scrutin catalan et n'en reconnaît donc pas le résultat. L'Elysée a fait savoir que le Président revendiquait "son attachement à l'unité constitutionnelle de l'Espagne".
Au téléphone avec son homologue espagnol, Emmanuel Macron a réaffirmé qu'il n'avait "qu'un seul interlocuteur en la personne de M. Rajoy", sans aborder les violences policières.
Le Premier ministre belge, Charles Michel, condamne "toute forme de violence"
A l'opposé de la ligne française, mais tout aussi ferme, le Premier ministre belge, Charles Michels a fermement condamné les violences des policiers madrilènes : "La violence n'est pas la réponse, nous condamnons toute forme de violence et réitérons notre appel au dialogue politique." Charles Michel est entouré, au sein de sa coalition, de ministres indépendantistes flamands qui occupent des postes-clés au sein du gouvernement.
L'Ecosse indépendantiste appelle Madrid "à changer de cap"
Sans surprise, la Première ministre écossaise, favorable à l'indépendance de sa nation, avait appelé dimanche l'Espagne "à changer de cap avant que quelqu'un ne soit grièvement blessé". Elle a aussi dénoncé la déclaration "honteusement faible" du ministère britannique des affaires étrangères, qui a jugé que le référendum catalan était "une problématique pour le gouvernement et le peuple espagnols", et fait part de leur volonté de "voir la loi et la Constitution espagnoles respectées".
Nicola Sturgeon compte organiser un nouveau référendum en Ecosse - après celui de 2014, antérieur au Brexit - en 2018. Mais Londres ne semble toutefois pas disposée à donner son aval au vote.
Les eurodéputés européens dénoncent la violence policière
Les images de violence ont fait réagir dimanche plusieurs figures du Parlement européen, déplorant les méthodes du pouvoir espagnol. Ce fut les cas des patrons des eurodéputés socialistes, libéraux, et de l'extrême gauche : "La solution ne peut être que politique, pas policière" a affirmé le premier, Gianni Pittella. Le second, le Belge Guy Verhofstadr a lui appelé à la "désescalade", après avoir condamné une "violence disproportionnée" de la part des autorités espagnoles.
La chef de file de l'extrême gauche européenne, Gabi Zimmer, a appelé l'Union européenne à "agir pour défendre les droits fondamentaux contre les actions récentes et en cours du gouvernement espagnol". Les Verts ont de leur côté demandé à ce que soit organisé un débat sur la situation catalane au Parlement européen : il aura lieu mercredi, a annoncé son président, Antonio Tajani.
Ces partis sont des opposants à la plus importante formation du Parlement européen, le Parti populaire européen (PPE), dont est membre le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy.
La Commission européenne critique (un peu) Madrid pour la première fois
A Bruxelles, la Commission européenne est restée réservée, veillant à dénoncer les comportements des deux camps, madrilène et catalan. Elle a appelé lundi "tous les acteurs" à passer "de la confrontation au dialogue". Si le porte-parole de l'exécutif européen n'a pas spécifiquement condamné les violences policières en Catalogne, où 100.000 agents avaient été envoyés en renfort selon El Pais, il a néanmoins considéré que "la violence ne peut jamais être un instrument en politique".
La Commission a aussi invoqué les torts catalans : "Au regard de la Constitution espagnole, le vote d'hier en Catalogne n'était pas légal", un rappel de la ligne bruxelloise, en accord avec Madrid. C'est toutefois la première fois que la Commission va plus loin que son "respect de l'ordre constitutionnel espagnol", répété jusqu'à maintenant. Cette prudence de la Commission européenne peut s'expliquer par l'appartenance du président de l'institution, Jean-Claude au Juncker, au PPE, dont est aussi membre Mariano Rajoy.
Le président du Conseil européen appelle Mariano Rajoy à éviter "un nouvel usage de la force"
Inquiet d'une "nouvelle escalade", Donald Tusk, qui s'est entretenu au téléphone avec le chef du gouvernement espagnol, a "appelé à trouver des moyens pour éviter une nouvelle escalade et un nouvel usage de la force". Le président de l'instance regroupant les 27 chefs d'Etat et de gouvernement a toutefois assuré qu'il "[partageait] les arguments constitutionnels" de Mariano Rajoy.
Les capitales européennes sont, pour beaucoup, restées silencieuses, très réticentes à commenter des affaires considérées comme "internes". "Inquiet de la situation", le Premier ministre centriste slovène Miro Cerar a lui aussi appelé "au dialogue politique" et à des "solutions pacifiques".
Source : LeJDD.fr 02-10-2017