Règlement financier, pêche, frontière irlandaise, droits des citoyens, ce sont les principaux points du traité de retrait, qui vient d'être approuvé par les 27 pays de l'Union Européenne, hors Royaume-Uni. Un accord qui a été très difficile à négocier et qui a fait plusieurs allers-retours entre la Grande-Bretagne et l’Union Européenne. Il reste à Theresa May, Premier Ministre, à faire valider cet accord par son Parlement ce qui est loin d’être fait. On pourrait bien dans quelques jours ou quelques semaines repartir quasiment à zéro si elle échouait !..
« Je ferai campagne corps et âme pour remporter ce vote, (...) pour le bien du Royaume-Uni et de l'ensemble de notre population », a promis Theresa May dans une lettre ouverte publié dimanche dans la presse britannique.
« Il est maintenant temps pour chacun de prendre ses responsabilités », a déclaré M. Barnier à son arrivée au sommet. « Nous resterons des alliés, des partenaires et des amis » avec le Royaume-Uni, a-t-il ajouté.
L’accord qui vient d’être signé est un pavé de 585 pages, agrémenté de plusieurs protocoles et autres annexes, qui détricote de manière inédite les liens noués pendant plus de 40 ans entre l'UE et le Royaume-Uni. De la période de transition prévue pour après le divorce à la facture que devra régler Londres : voici les principaux points du « traité de retrait » qui était soumis ce dimanche 25 novembre 2018 à l'approbation des dirigeants européens, et qui vient d'être approuvé.
Période de transition
Le 30 mars 2019, le Royaume-Uni ne sera plus un État membre de l'UE, mais il gardera tout de même un pied dans l'Union si l'accord de divorce est bien adopté. Le texte prévoit en effet une période de transition jusqu'au 31 décembre 2020, pendant laquelle les Britanniques continueront d'appliquer les règles européennes et d'en bénéficier. Ils devront également continuer de verser leur contribution financière, mais sans siéger dans les institutions et sans participer aux décisions.
Les deux parties ont convenu que cette transition pourrait être prolongée une seule fois et d'un commun accord, pour une période de « jusqu’à un ou deux ans », soit jusqu'à fin 2022 au maximum. Le but de la transition est d'éviter une rupture brutale, notamment pour les acteurs économiques et de donner le temps à Londres et l'UE de négocier leur relation future, par le biais notamment d'un accord commercial.
Règlement financier
Le Royaume-Uni s'engage à honorer les engagements pris dans le cadre du budget pluriannuel en cours (2014-2020), qui couvre également la période de transition. Il bénéficiera en retour des fonds structurels européens et de la politique agricole commune.
Le texte ne donne pas de chiffres pour la facture mais une méthode de calcul. Le gouvernement britannique évalue ce montant à entre 40 et 45 milliards d'euros -des chiffres non confirmés côté UE-, mais ce sera davantage si la période de transition se prolonge au-delà de 2020.
Le problème irlandais
Le traité prévoit un « filet de sécurité » (« backstop » en anglais) pour éviter le retour à une frontière physique entre la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande, afin de préserver les accords de 1998 qui ont mis fin à des décennies de troubles sanglants. Il s'agirait d'une solution de dernier recours qui n'entrerait en vigueur qu'après la période de transition et seulement si aucune meilleure solution n'était trouvée d'ici à la mi-2020 entre Londres et Bruxelles.
Ce mécanisme controversé consiste à créer un « territoire douanier unique », englobant l'UE et le Royaume-Uni, au sein duquel il n'y aurait aucun quota ni droits de douane pour les biens industriels et agricoles. Cela doit permettre d'éviter le rétablissement d'une « frontière dure » entre les deux Irlandes tout en garantissant qu'une frontière ne va pas apparaître de fait en mer d'Irlande entre l'Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni -ce qui aurait été le cas si seule l'Irlande du Nord avait été intégrée à ce « territoire douanier ». L'Irlande du Nord aura tout de même un statut spécial : elle resterait alignée sur un nombre limité de règles du marché unique « essentielles pour éviter une frontière dure » en Irlande. Il s'agit par exemple de normes sanitaires pour les contrôles vétérinaires. Si le « backstop » est appliqué, il faudra une décision commune pour y mettre fin.
Pêche
L'accord prévoit que les pêcheurs européens garderont leur accès aux eaux territoriales britanniques et que les Britanniques resteront soumis aux quotas de pêche européens pendant la période de transition. Mais il précisé qu'il faudra conclure un accord au plus tard d'ici à la mi-2020 pour régler cette question hautement sensible.
Droits des citoyens
« Les citoyens européens établis au Royaume-Uni et les Britanniques établis dans un Etat membre de l'Union avant la fin de la période de transition pourront continuer à vivre leur vie comme avant dans leur pays de résidence » (où ils ont séjourné au moins cinq ans, ndlr) a promis le négociateur en chef de l'UE Michel Barnier.
Plus de quatre millions de citoyens (3,2 millions d'Européens au Royaume-Uni et 1,2 million de Britanniques sur le continent) pourront continuer à étudier, travailler, percevoir des allocations et faire venir leur famille.
Supervision de l'accord
Le traité de retrait prévoit la création d'un comité paritaire pour régler les divergences d'interprétation de l'accord. Il sera saisi si un litige apparaît entre les deux parties. Il pourra à son tour saisir, en cas de désaccord persistant, un panel d'arbitrage, dont la décision sera contraignante. Pour tout désaccord qui impliquerait une question d'interprétation du droit de l'Union, c'est la Cour de Justice de l'UE (CJUE) qui sera compétente.
Source : LeFigaro.fr 25-11-2018