Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis mais, tout de même ….Etait-ce bien le moment de relancer ce débat alors que la France est empêtrée dans ses problèmes de chômage et de sécurité ? Tout cela pour de misérables calculs politiciens. Car il s’agit bien là d’une volte-face à visée électoraliste : le président Hollande, qui soutient désormais la déchéance de nationalité pour les binationaux nés français et condamnés pour acte de terrorisme - quitte à hérisser le poil d'une partie de la gauche - n'a pas toujours tenu cette position. Mais à trop calculer, attention à l’effet boomerang !..
Après un dernier rebondissement, François Hollande a indiqué mercredi 23 décembre que la déchéance de nationalité serait maintenue dans la révision constitutionnelle, comme il s'y était engagé devant le Congrès en novembre. Une position que le chef de l'Etat n'a pas toujours tenue : en août 2010, lorsque Nicolas Sarkozy proposait d'étendre la déchéance de nationalité pour "toute personne d’origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie" d’un policier ou d’un gendarme, il s'était très clairement prononcé contre lors d'une interview sur France 5 dans l'émission « C à dire », comme on peut le relire dans cette dépêche AFP publiée sur le site du « Figaro ». François Hollande, alors ex-Premier secrétaire du PS, avait estimé que la déchéance de la nationalité était "attentatoire" à la "tradition républicaine" et nullement "protecteur pour les citoyens".
Hollande : "Est-ce que c'est conforme à notre histoire, nos traditions, notre Constitution?"
"Est-ce que ça va améliorer en quoi que ce soit la protection et la sécurité de nos concitoyens? En faisant une déchéance pour tel ou tel individu en nombre limité, on va permettre à ceux qui sont exposés aux agressions tous les jours d'être davantage protégés?", s'était demandé François Hollande, qui n'était pas encore chef de l'Etat. "Est-ce que c'est conforme à notre histoire, nos traditions, notre Constitution, quand on sait que depuis 1889, la nationalité française s'exerce par la naissance et s'acquiert par mariage au bout de quelques années après un contrôle?", a-t-il poursuivi. "Pourquoi remettrait-on en cause ces principes essentiels?".
Il ne s'agit toutefois pas de la même proposition concernant la déchéance de nationalité. Nicolas Sarkozy souhaitait étendre les crimes qui pouvaient permettre de déchoir un individu né non Français de sa nationalité. L'exécutif actuel souhaite lui étendre les critères de déchéance de nationalité aux binationaux nés Français. Vingt-six déchéances de nationalité ont été prononcées depuis 1973, dont 13 pour terrorisme.
En août 2010, François Hollande s'était plus globalement indigné contre le discours de Grenoble de son prédécesseur tenu le mois précédent. Il qualifiait de "violation" le fait de créer "une distinction" entre "les citoyens d'origine étrangère" et les "Français de souche".
A vouloir tout calculer, tout le temps, même quand le moment n’est pas opportun, comme c’est le cas aujourd’hui, François Hollande va finir par gagner. Son rêve d’unité nationale qui devrait, selon lui, le conduire à nouveau à L’Elysée en 2017 pourrait bien se transformer en cauchemar