Alors que les premières réformes inscrites au programme du candidat Emmanuel Macron commencent à être débattues au Parlement, beaucoup de critiques sont émises, ici où là, ce qui, après tout, est assez normal. On sait que les Français, quoiqu’ils en disent, n’aiment pas le changement et qu’ils sont par nature un peu frondeurs. Ils ont clairement voulu un exécutif et un parlement novateurs, ils éprouvent maintenant un peu d’inquiétude pour leur avenir.
Personne pourtant ne doutait que la succession de François Hollande serait difficile. Personne ne se faisait d’illusion sur l’Etat des finances de la France, les difficultés dues au chômage, le déficit grandissant..
Alors les critiques ne me surprennent pas. L’opposition, quoique divisée, s’est un peu structurée. La France Insoumise, le Front National et une partie des Républicains ont adopté une position très radicale vis à vis du gouvernement d’Edouard Philippe et le fait qu’ils critiquent les premières mesures décidées ou à venir n’a rien de surprenant.
Ce qui me parait plus surprenant, par contre, c’est la réaction d’une large partie de la droite et du Centre, en particulier celle qui a soutenu Monsieur Fillon aux élections présidentielles et qui, après la défaite de leur poulain, a largement contesté la légitimité d’Emmanuel Macron pour en arriver, aujourd’hui à critiquer les mesures d’urgence décidées par le gouvernement.
Prenons quelques exemples très significatifs de ce que je qualifierais de « fronde » totalement injuste :
1/ L’augmentation de la CSG : Ce n’est une surprise pour personne car le candidat Macron l’a annoncé très clairement pendant la campagne. Venir aujourd’hui crier au loup en expliquant que les petits retraités vont payer pour les autres alors que cette augmentation de la CSG doit être envisagée dans une réforme globale qui comprend également la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des Français. N’est pas responsable.
Je rappelle par ailleurs que François Fillon avait prévu, lui, d’augmenter de 2% le taux moyen de la TVA ce qui constituait une ponction fiscale bien plus importante.
2/ Les économies budgétaires. On ne sait pas encore tout mais deux événements ont fait la une de la presse la semaine dernière : les 850 millions d’Euros d’économies sur le budget 2017 des armées et la diminution de 5 Euros par foyer de l’allocation logement.
Oui des efforts vont être demandés à tous les Français et personne ne leur a jamais caché. Il FAUT que la France tienne ses engagements vis-à-vis de l’Europe et arrive enfin à un déficit en dessous des 3%. Cet engagement nous l’avons pris il y a près de 10 ans et nous ne l’avons jamais respecté !..
Dans ce domaine là également, François Fillon n’a jamais dit autre chose.
3/ La refondation de l’Europe : celle que François Hollande avait promis de faire dans les trois mois qui suivrait son élection et qu’il n’a jamais abordé .. Vouloir faire de l’Europe mieux qu’un grand marché, réformer certaines dispositions (travailleurs détachés), organiser l’immigration, mettre en place une défense commune, avoir un budget de la zone Euro, etc Tout cela est possible et doit se mettre en place entre la France et l’Allemagne. A une seule condition c’est que la France retrouve sa place en Europe donc qu’elle assume ses responsabilités. C’est ce qu’Emmanuel Macron a entrepris avec la Chancelière allemande. Mais tout cela ne se fera pas en huit jours !..
Oui il y a des maladresses. Oui les Ministres doivent faire un effort de pédagogie pour que les Français comprennent les réformes qui s’engagent. Oui des « couacs » se font entendre, montés en épingle par une opposition qui joue son rôle.
Mais que certains, par dépit, ou par esprit de revanche mêlent leurs voix à celles de Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen c’est totalement irresponsable !..
Jean-Pierre ECHAVIDRE