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11 août 2017 5 11 /08 /août /2017 07:00
LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : MIRABEAU (11)

 

 

 

LA PRISON AU CHATEAU D'IF : 1774

  

 

 

 

 

    Derrière tout ce qui l'accable maintenant, Mirabeau voit sans cesse l'image de l'Ami des Hommes qui, de nouveau, semble vouloir le détruire. Tous se liguent contre lui. Emilie, qui entretient avec son beau père une correspondance régulière et secrète, lui inspire de plus en plus de dégoût. Elle est à nouveau enceinte et, comme il n'a plus guère de rapports avec elle depuis plusieurs mois, il a la conviction qu'elle le trompe ce qui, pour lui, est insupportable. Il ne tarde d'ailleurs pas à découvrir le coupable : l'officier des Mousquetaires, le fils Gassaud. Mirabeau n'aime plus sa femme mais il est mortifié à l'idée qu'elle ait pu le trahir. Il entre dans une telle fureur, leurs explications sont tellement rudes, qu'Emilie prend peur et quitte Manosque pour se réfugier chez ses parents à Marignane.

 

    Elle revient quelques jours plus tard, sans doute sur les conseils de ses parents qui ont tenu à ce qu’elle reprenne la vie commune et surtout qu’elle ne se mette pas en infraction avec la loi. Vers la fin du mois de Mai, alors que Mirabeau est pris d'une colère un peu plus violente que d'habitude, il fait écrire à son épouse, sous la dictée, une lettre à son amant. La lettre sera expédiée au jeune Gassaud avec pour consigne de la retourner; ce qu'il fera, bien évidemment. Emilie restitue la lettre à son mari qui la range précieusement avec un espoir secret : se venger. Après des épisodes de cette nature, la vie entre les deux époux est devenue tellement invivable que c'est Mirabeau qui prend le large.

   Dans le courant du mois d'Août 1774, Mirabeau prend la route de Grasse et va retrouver sa sœur Louise. Quitter Manosque alors qu'il y est assigné à résidence risque de lui coûter la prison, mais il ne pense même pas à ce risque. Le tête à tête avec Emilie lui est devenu insupportable. Il étouffe auprès de cette femme qui a fini de briser toutes ses espérances.

 

    Les retrouvailles avec sa sœur Louise de Cabris lui rendent un peu de sa bonne humeur perdue. Elle vient, elle aussi, de se séparer d'un mari qu'elle jugeait fort peu intéressant. Mais la séparation ne l'a pas trop affectée. Elle a pris un amant et profite joyeusement de la vie. Louise, fort attentionnée pour son frère, lui a même procuré une fort jolie maîtresse pour le consoler de ses déboires conjugaux. Les deux couples font ripaille, s'amusent et boivent beaucoup. Ils leur arrivent d'ailleurs de boire un peu trop car, à la suite d'un déjeuner un peu plus arrosé que les autres, Mirabeau se querelle avec un voisin de Louise. Sans contrôler très bien ce qu'il fait, il administre au monsieur en question une bonne correction risquant même de lui casser la tête. Mais, le voisin agressé, M. de Villeneuve-Monans porte plainte auprès du tribunal de Grasse pour « guet-apens et tentative d'assassinat ».

 

    Mirabeau qui réalise, quelques jours plus tard, dans quel mauvais pas il vient encore de se mettre, quitte précipitamment sa sœur Louise, rentre à Manosque et tente de convaincre Emilie d'aller plaider sa cause auprès de l'Ami des Hommes. Après avoir exprimé quelques réticences, Emilie accepte finalement de jouer le rôle. Elle se rend au château du Bignon, laissant son fils Victor aux soins de son mari. Cette séparation sera définitive. Les deux époux ne vivront plus jamais ensemble. En effet, si Emilie plaide bien auprès de son beau père la cause de Gabriel-Honoré, elle ne parvient pas à le convaincre. L'Ami des Hommes, compte tenu de l'urgence de la situation, ne se pose pas trop de questions. Il décide que le meilleur parti à prendre, pour éviter que la famille ne soit éclaboussée par le scandale, est de soustraire son fils à la justice de Grasse. Il sollicite donc son emprisonnement par lettre de cachet. En conséquence, il demande à sa bru de rester au Bignon pendant tout le temps que son mari sera sous les verrous.

 

    Mirabeau redoutait plus que tout la réaction de son père. Et il avait raison car celui-ci n'attendait qu'une occasion pour achever de détruire ce fils qu'il déteste profondément. Cette occasion, on vient de la lui offrir et il ne la laisse pas passer.

 

    Le 18 Septembre 1774, la maréchaussée vient arrêter Gabriel-Honoré de Mirabeau avec ordre de l'incarcérer au Château d'If. Pour tout bagage le prisonnier emporte avec lui le manuscrit de son « Essai sur le Despotisme », commencé depuis quelques mois. On n'a pas osé, compte tenu de son rang, lui confisquer ce document auquel il semble très attaché. Aucun de ses geôliers n'a pris la liberté de lire dans les brouillons de cet essai, et heureusement, car ils auraient été effarés par la violence de certains propos :

 

«  Le devoir, l'intérêt et l'honneur ordonnent de résister aux ordres arbitraires du monarque et de lui arracher même le pouvoir, dont l'abus peut entraîner la destruction de la liberté, s'il n'est point d'autre ressource pour la sauver.. » (1)

 

Ou encore :

 

«  Le despotisme est une manière d'être effrayante et convulsive. Un état despotique devient une sorte de ménagerie dont le chef est une bête féroce.. » (2)

 

 

 

 

 

1 - Cité par A. VALENTIN  "Mirabeau avant la Révolution"  op. cit. page 124

        Et également par Claude MANCERON  "Les Hommes de la Liberté"  op. cit. Vol I, page 129

 

2 - Cité par Duc de CASTRIES  "Mirabeau"  op. cit. page 105

 

 

 

 

ILLUSTRATION : Le Château d'If

 

 

 

A SUIVRE

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : MIRABEAU (12)

LE FOND DU DESESPOIR : 1775

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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