Cette semaine, l'impôt à la source voulu par François Hollande est devenu la « bonne idée » du Gouvernement. Et du coup le Ministre de ‘Economie y est allé de sa « promesse » : « l’impôt avec retenue à la source sera mis en place avant 2017 » La mesure est louable, elle fait œuvre de simplification, d’économie, elle rend la politique fiscale plus directe et efficace, elle a été mise en place dans tous les grands pays, depuis longtemps. Elle n’est entravée par aucune posture partisane, Nicolas Sarkozy ayant lui aussi planché sur le projet durant son quinquennat. Donc il n’y a aucun problème puisque tout le monde semble d’accord, mais…
Seulement voilà, contrairement à ce qu’espèrent certains socialistes, cette modernisation n’a aucune chance de voir le jour avant l’élection présidentielle de 2017. "Quand l’impôt à la source est mis en place, il n’a que des avantages. Mais avant, ce ne sont que des ennuis!", sourit-on dans les couloirs de Bercy.
"Il faut vraiment être à l’ultra-gauche du PS pour penser que c’est une bonne idée"
La raison est très simple. Ce mode de perception signifie que l’employeur retient sur chaque salaire un pourcentage correspondant à l’impôt dû, et il envoie la somme au fisc. Le salarié n’est donc plus ni redevable d’un paiement par tiers, ni mensualisé, selon son cas. Cette bascule est mathématiquement neutre. Mais son effet d’optique – l’apparition d’un chiffre plus faible que d’habitude au bas de la feuille de paye – et les éventuels doutes sur son bien-fondé (toutes les théories du complot sont imaginables) peuvent être délétères.
"Je mets au défi tout candidat à la présidentielle de faire apparaître une baisse de salaire en janvier, février, mars 2017… Il faut vraiment être à l’ultra-gauche du PS pour penser que c’est une bonne idée", s’amuse un proche du dossier.
Un test grandeur nature avant la généralisation?
Au sein de l’exécutif, les plus sages préconisent de commencer par un test grandeur nature, une expérimentation sur une catégorie de ménages ou une catégorie de revenus. L’objectif serait de vérifier la bonne circulation des informations entre les contribuables, les employeurs, les caisses de retraite, le fisc… "Il y a une importante œuvre pédagogique à faire", souligne-t-on. Le gouvernement songe à demander un quitus au Conseil constitutionnel pour pouvoir mener une expérimentation locale sans risquer de recours. La mise en place à l’échelle de tout le pays devrait attendre, au moins, 2018…
Source : LeJDD.fr 27-05-2015