A quelques mois de la grande conférence sur le climat de Paris, les écologistes qui devraient faire entendre leur voix et peut-être, pour une fois, parler d’écologie, sont dans un état de décomposition qu’ils n’ont jamais connu. Cécile Duflot laisse entendre qu’elle se présentera en 2017. Le parti fait assaut de critiques contre le chef de l’État. Les pro-Hollande sont isolés et font des pieds et des mains pour tenter d’entrer au Gouvernement… La pétaudière !...
La rupture semble irrémédiable entre EELV et François Hollande. Réunis cette semaine à Villeneuve-d'Ascq pour leurs journées d'été, les écologistes ont réaffirmé leur volonté d'aller aux urnes sans le PS. D'abord pour les régionales. Ensuite en 2017. Cécile Duflot s'y prépare, n'en dit rien publiquement, mais ses soutiens se font un devoir de le faire savoir. Lorsque l'ancienne ministre participe à un atelier sur l'exercice du pouvoir, sa parole peut s'entendre à l'aune de la présidentielle : "C'est rarissime qu'un écologiste se présente pour gagner", dit-elle. Mais "notre chemin, c'est de prendre le pouvoir. Le FN a fait sa dédiabolisation, il faut que nous fassions notre dé-minorisation." En juin, le chef de l'État avait reçu à l'Élysée les parlementaires Jean-Vincent Placé, François de Rugy, Barbara Pompili et la patronne d'EELV, Emmanuelle Cosse. "Jean-Vincent lui a redit qu'il n'arrivera pas à convaincre Duflot", confie l'un des participants.
"À côté de Hollande, Jospin, c'est Tsipras"
Impossible de trouver dans la salle un militant défendant la politique actuelle. "Les socialistes ont complètement renoncé à changer la vie. À côté de Hollande, Jospin c'était Tsipras", moque David Cormand, numéro deux d'EELV et proche de Duflot. "La politique de François Hollande est un vrai carburant pour le FN", dénonce le porte-parole des écolos, Julien Bayou. Depuis des mois, les écologistes poussent l'exécutif à avancer sur la proportionnelle. Ce serait une main tendue. "Je penche pour un rassemblement dès le premier tour mais Hollande doit donner des signaux aux écolos", demande le député Denis Baupin. S'il fallait une preuve de cet éloignement, les régionales en sont une. Pour ces élections, même dans les régions où le FN semble fort, EELV ne partira pas avec le PS. "À gauche, nous n'avons pas d'allié naturel", constate Emmanuelle Cosse, qui plaide pour une stricte autonomie. Bien que, dans près d'une région sur deux, des négociations soient entamées pour faire liste commune avec le Front de gauche.
"Le réflexe anti-PS est devenu un axe stratégique"
Dans ces conditions, la frange pro-Hollande d'EELV est dans une situation de plus en plus inconfortable. "Le réflexe anti-PS est devenu un axe stratégique. Les pulsions sectaires peuvent parfois finir en suicide collectif", alerte le coprésident des députés écolos François de Rugy. "Il y a beaucoup à redire sur l'écart entre le discours du Bourget et la politique de Hollande, mais je ne vois pas ce que nous avons gagné en quittant le gouvernement", souligne la coprésidente Barbara Pompili. Après le 11 janvier, l'hypothèse d'un remaniement avait été envisagée. Certains d'entre eux avaient été sondés. Même chose au moment des départementales.
Avant le scrutin de mars, Cosse, Pompili, Rugy, Placé avaient été reçus à l'Élysée dans la plus grande discrétion. Puis Valls les a conviés tout début avril pour leur indiquer que le moment n'était pas venu. Un participant confie : "Il était gêné. Il était pour, mais Hollande l'a planté en rase campagne." La COP21 arrive et malgré cela, le climat entre Hollande et les écolos reste glacial.
Source : leJDD.fr 23-08-2015