Après des heures et des heures de réunions, des plans, des discussions à tous les niveaux l’Europe a finalement décidé de lâcher la Grèce. À bout de patience, les créanciers de la zone euro ont décidé de couper les aides à Athènes. Le Premier ministre Tsipras s’en remet à un référendum. Le pays court à la faillite. Le peuple grec est dans la plus grande inquiétude même pour ceux qui soutiennent encore leur premier ministre. Personne ne mesure encore quelle sera l’issue de ce bras de fer.
Cette fois, c'est fini. L'Europe a décidé samedi 27 juin de stopper son plan d'aide à la Grèce. Plus un euro ne sera versé par l'Union. Les créanciers se sont résolus à couper les vannes après que le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, à la tête d'une coalition d'extrême gauche, a refusé leurs demandes, s'en remettant à un référendum. Une enveloppe de 7 milliards d'euros était attendue. L'Europe avait même promis davantage dans la dernière ligne droite – 15,5 milliards – pour arracher un accord. En vain. Samedi 27 juin à Bruxelles, les ministres des Finances de la zone euro se sont quittés sur un échec, après une réunion de crise dans un climat irréel.
La Grèce en défaut de paiement le 30 juin
Athènes court à la faillite. Sans la manne de ses voisins, la Grèce va manquer de moyens pour payer ses fonctionnaires et ses retraités – de nombreux Grecs faisaient la queue hier aux distributeurs automatiques pour sauver leurs économies. Ceux qui n’ont pas de cartes de crédit, et ils sont nombreux, font la queue aux portes des banques qui, pour certaines d’entres elles restent fermées. Les autorités helléniques n'ont pas d'argent pour rembourser le Fonds monétaire international, qui attend mardi 30 juin une traite de 1,6 milliard d'euros. C'est la date butoir. Ce jour-là, à minuit, sa directrice générale, Christine Lagarde, devrait engager la procédure pour défaut de paiement qui mettra le pays au ban de la communauté internationale. Jamais le FMI n'avait prêté autant d'argent à un État…
La rupture des négociations était inévitable
Et le couperet ne s'arrête pas là. En juillet, la Grèce doit rembourser 7 milliards d'euros, dont 3,5 milliards à la Banque centrale européenne. L'échéancier de sa dette (180% de sa richesse nationale) s'étale jusqu'en 2057.
Que s'est-il passé? Alexis Tsipras avait accepté de discuter d'une série de mesures avec les autres membres de l'Union, destinées à renflouer les caisses : des hausses de TVA, un report de l'âge de la retraite, une baisse des dépenses militaires, etc. Il a réclamé une forme de rabais sur les dettes, ce que les créanciers avaient commencé à accepter de débattre.
Mais sans l'appui de sa majorité – composite –, le leader de Syriza a décidé, dans la soirée de vendredi 26 juin à samedi 27, d'organiser un référendum. Il va demander au peuple grec, le 5 juillet, de se prononcer sur ce paquet, même si les mesures débattues ne font l'objet d'aucun document officiel. Surtout, il a de facto enjoint à ses administrés de voter non…
C'en fut trop pour les créanciers. La rupture des négociations était inévitable. L'annonce du référendum a sonné comme une ultime provocation, notamment à l'égard de l'Allemagne. Il y a un précédent. En 2011, le premier ministre Papandréou avait lui aussi voulu organiser une consultation des Grecs, ne pouvant pas accepter le plan de la troïka. Le risque était alors majeur d'un vote négatif, qui aurait enfoncé de nouveau la zone euro dans la crise. Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, furieux, lui avaient fait savoir en plein sommet du G20 à Cannes qu'ils fermeraient le robinet des aides. Papandréou avait obtempéré avant de quitter le pouvoir, faute de majorité.
Un pied en dehors de l'euro
Cette fois-ci, la chancelière allemande et le président français n'ont pas fait connaître publiquement leur désaveu. Les positions divergent. Berlin semble se préparer au Grexit. Paris veut croire à un sursaut de dernière seconde. Le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, entend prévenir "tout risque de contagion" dans la zone euro, acceptant l'augure de la faillite, quand Michel Sapin assure que "la France est disponible à tout moment pour reprendre le dialogue" et martèle que "personne ne veut voir la Grèce sortir de la zone euro". La France est particulièrement gênée dans cette affaire car elle ne veut pas donner l’impression, pour des raisons de pure politique intérieure, de lâcher le gouvernement grec qui est tout de même un gouvernement de gauche.
Que vont faire les marchés ?...
Leur homologue grec, Yanis Varoufakis, en veste et chemise noire, s'est plu à dire samedi 27 juin que les négociations pouvaient reprendre "jour et nuit" avant le vote de ses concitoyens. Mais elles sont officiellement terminées. Alexis Tsipras a appelé François Hollande et Angela Merkel samedi après-midi pour leur dire que son référendum aurait lieu malgré tout. Bravache, il leur a expliqué que "le peuple grec aura encore de l'oxygène la semaine prochaine. Il survivra". Reste que le pays a posé un pied en dehors de la zone euro. L'issue est connue. Faute de recettes, il serait contraint de battre sa propre monnaie. Cette perspective va secouer les marchés dès demain.
Source : leJDD.fr 28-06-2015