Nicolas Hulot, ex-envoyé spécial de François Hollande pour la protection de la planète, lui a fait savoir cette semaine qu’il ne souhaitait pas être ministre. Le Président de la République lui avait pourtant réservé un super Ministère taillé sur mesure. Mais Nicolas Hulot est ainsi fait : il avait déjà décliné par le passé les propositions de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy. Cette fois-ci, compte tenu de sa popularité dans les sondages, certains pensent qu’il pourrait, par ce refus, se garder les mains libres pour la présidentielle ?...
Nicolas Hulot, en privé, aime faire des tours de magie en faisant disparaître et apparaître des cartes. En politique, l'ancien animateur de TF 1 a aussi le don de surgir à l'approche de chaque remaniement ministériel avant de fermer la porte.
Les deux hommes restent en bons termes
Courir après Hulot est presque devenu une tradition républicaine. Les trois derniers présidents, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et maintenant François Hollande, lui ont tous proposé d'être ministre et à chaque fois il a dit non. Jeudi 4 février dernier, c'est par un tweet qu'il a décliné l'invitation de l'actuel chef de l'Etat d'entrer au gouvernement pour un super ministère de l'Ecologie. La veille, il avait été reçu par Hollande à l'Elysée pendant une vingtaine de minutes. Le président l'avait testé pour savoir quelle suite il voulait donner à son parcours après trois ans à courir le monde comme envoyé spécial pour la protection de la planète. « Nicolas Hulot a fait comprendre au président qu'il souhaitait garder sa liberté », indique l'entourage de Hollande, qui précise que les « deux hommes restent en très bons termes ».
La primaire des écologistes est un mauvais souvenir
« Avant de dire non à Hollande, il a réfléchi, consulté des proches, mais finalement il n'a pas eu envie de se lier les mains », explique un écologiste. Certains sont plus explicites en assurant qu'il a dit non pour se garder la possibilité d'être candidat à la présidentielle de 2017.
Hulot, lui, ne dit rien pour l'instant de ses intentions. Il ne se lance jamais dans l'aventure tête baissée. Il réfléchit, hésite toujours longtemps avant d'y aller... ou pas. Pour 2007, il s'était entouré d'une véritable équipe de campagne prête au combat avant finalement de renoncer à être candidat. A la place, il avait fait signer un pacte écologique à tous les prétendants à l'Elysée. En 2011, même longue réflexion. Cette fois, après des semaines de suspense, Hulot s'était lancé et avait été candidat à la primaire des écologistes. Contre toute attente, Eva Joly l'avait renvoyé à ses études, emportant l'investiture pour finir à 2,3 % au 1er tour en avril 2012. « Il en garde un esprit de revanche », assure un de ses soutiens de l'époque.
« Ce n'est pas un calculateur », prévient un proche. « La seule chose qui soit certaine, c'est que Nicolas Hulot n'a aucun plan pour l'instant, ni dans un sens ni dans un autre », fait savoir sa Fondation. Comme tous les cinq ans, Hulot veut tout faire pour que l'écologie soir au cœur de la campagne, et il cherche la façon la plus utile d'y arriver.
«Beaucoup de gens sont prêts à se mobiliser pour lui»
Ses deux compères, Jean-Paul Besset et Pascal Durand, qui étaient à ses côtés en 2007 et 2012, viennent de quitter Europe Ecologie-les Verts. Ils rediscutent beaucoup avec lui. Pour trouver la façon de redonner l'envie du débat, de la politique et de l'écologie. Tout est ouvert, même si Pascal Durand confiait, il y a quelques jours, que selon lui « la présidentielle n'était pas le meilleur moyen ».
« Il n'y a rien de décidé, il n'y a aucune stratégie construite », assure l'ancien député européen Jean-Paul Besset qui ajoute qu'évidemment « Nicolas Hulot ne restera pas inerte ». D'autres soutiens veulent, eux, le pousser. « Beaucoup de gens sont prêts à se mobiliser pour lui et le signalent », explique un écolo. L'un d'eux, qui a récemment quitté EELV, Christophe Rossignol, réfléchit même à lancer des comités de soutien à sa candidature.
De son côté, Hulot cogite. Une candidature, un nouveau pacte écologique, une autre action... Il sera bien présent en 2017, mais sous quelle forme ? Il faudra encore patienter pour savoir ce qui sortira de son chapeau.
Source : LeParisien.fr 06-02-2016