Les Etats-Unis et la Russie sont tombés d'accord dans la nuit de jeudi à vendredi 12 février dernier sur une "cessation des hostilités" en Syrie dans un délai d'une semaine afin de relancer le processus de paix et de stopper l'exode de civils.
"Nous avons convenu d'une cessation des hostilités dans tout le pays dans un délai d'une semaine", a déclaré le chef de la diplomatie américaine John Kerry à l'issue de la réunion du Groupe international de soutien à la Syrie (ISSG). "Les résultats seront mesurés par ce qui se passera sur le terrain (...) pas sur les mots qui sont sur un bout de papier ce soir", a-t-il mis en garde.
A l'issue de cinq heures d'intenses négociations à Munich (Allemagne), les deux pays et leurs principaux alliés ont aussi décidé un accès accru et "immédiat" de l'aide humanitaire aux civils en détresse.
Un "premier pas"
Son homologue russe Sergueï Lavrov a jugé que c'était au gouvernement et à l'opposition syrienne "de prendre les mesures nécessaires". "Nous devrons probablement user de notre influence sur les parties", a-t-il dit.
Les Etats-Unis et la Russie vont piloter les "modalités" de mise en œuvre de cette cessation des hostilités, a précisé Sergueï Lavrov, en notant que c'était "le premier pas" vers un cessez-le-feu plus permanent.
Les occidentaux demandaient instamment l'arrêt de la campagne de raids aériens russes qui accompagnent depuis dix jours une vaste offensive du régime contre les rebelles à Alep (nord). L'arrêt des hostilités concernera toutes les parties au conflit à l'exception des "groupes terroristes Daech (acronyme du groupe Etat islamique en arabe) et Al-Nosra (Al-Qaïda)", ont précisé les ministres.
"Elargir la fourniture d'aide humanitaire"
"Nous avons aussi convenu d'accélérer et d'élargir la fourniture d'aide humanitaire dès à présent" à une série de villes assiégées, a ajouté John Kerry, en citant entre autres Deir Ezzor (est), où les forces loyalistes sont assiégées par le groupe Etat islamique.
Un groupe de travail piloté par l'ONU va se réunir dès vendredi à Genève pour mettre en œuvre ce volet humanitaire et fera des "compte-rendu hebdomadaires", a-t-il précisé.
Les négociations inter syriennes, suspendues début février en raison d'une offensive du régime appuyée par l'aviation russe sur les rebelles, doivent par ailleurs "reprendre dès que possible", a dit John Kerry. Ces négociations doivent avoir lieu "sans ultimatums et préconditions", a souligné Sergueï Lavrov. Moscou refuse notamment de faire du départ de Bachar al-Assad un préalable alors que les Occidentaux continuent d'affirmer qu'avec lui une solution durable en Syrie est impossible.
Cet accord de Munich est intervenu non sans mal sur fond de défiance mutuelle et de mise en garde contre une guerre mondiale.
Source : LeJDD.fr 13-02-2016