Les Primaires « de la Droite et du Centre » étaient, comme leur nom l’indique, destinées à rassembler toutes les forces qui se reconnaissent dans les mêmes valeurs de la République. Mais avec les centristes, rien n’est jamais simple. Participer à cette primaire aurait été logique mais qui du camp centriste aurait-il pu représenter les autres ? Faute de se mettre d’accord il n’y aura personne et donc c’est chacun pour soi. Le patron du MoDem François Bayrou, soutien d’Alain Juppé, qui réunit ses troupes ce week-end à Guidel (Morbihan), et l’UDI aborde la primaire en ordre dispersé.

Constitution d’une nouvelle coalition ?

Les centristes ont le chic pour ne rien faire simplement, c'est ce qui fait leur charme. La primaire, ce n'est pas notre affaire, avait décrété l'UDI lors de son congrès en mars dernier. Le patron du parti, Jean-Christophe Lagarde, est en train de changer d'avis. "Les militants et les élus locaux nous disent : "On ne peut pas rester inactifs, à regarder le spectacle et constater les éventuels dégâts"", explique-t-il. Dès lors, "nous ne nous interdisons rien", affirme celui qui a entamé un "dialogue" avec Alain Juppé, François Fillon ou Bruno Le Maire, mais pas avec Nicolas Sarkozy. Objectif affiché : la constitution d'une nouvelle coalition qui irait d'Emmanuel Macron aux Républicains en passant par le MoDem.

« Comprenne qui pourra! », ironise le député UDI Maurice Leroy. « La réalité, c'est qu'une fois de plus Jean-Christophe Lagarde s'est cornérisé. » Car, sans l'attendre, les principaux responsables UDI s'apprêtent déjà à prendre parti.

Hervé Morin devrait soutenir Bruno Le Maire

"Les choses sont en train de bouger", confirme Philippe Vigier, patron des députés centristes, qui fera connaître son choix "courant octobre". À l'occasion du dépôt des parrainages, une trentaine de parlementaires a déjà franchi le rubicon. Sans surprise, une majorité l'a fait en faveur d'Alain Juppé, plébiscité dans les sondages par l'électorat centriste et déjà soutenu par le président du MoDem François Bayrou. Un seul - Maurice Leroy - a parrainé Nicolas Sarkozy, même si l'ancien président compte sur le renfort prochain du député André Santini ou du sénateur Hervé Marseille.

Le gros des troupes, lui, devrait se prononcer en octobre. Présidé par Laurent Hénart, le Parti radical valoisien doit trancher la question à l'occasion d'un comité exécutif prévu le 12 octobre. "Une petite majorité du Parti radical va soutenir Alain Juppé", prédit un député UDI. Le Nouveau Centre devrait quant à lui aller à la primaire en ordre dispersé. Son président, Hervé Morin, se prononcera "autour du 10 octobre", précise-t-il. Il entraînera avec lui "150 à 200 élus locaux" et « quelques parlementaires ». Selon plusieurs sources, il devrait soutenir Bruno Le Maire. Le député de l'Eure lui avait apporté un soutien actif lors des élections régionales en Normandie. Reste à savoir ce que fera Jean-Louis Borloo. Populaire, l'ancien ministre est très courtisé. Mais pour l'heure, il ne s'intéresse officiellement qu'au… développement de l'Afrique!

L’avenir du Centre

Cette Primaire était pourtant, pour le Centre, une bonne occasion d’affirmer sa cohésion  et de mettre en avant ses valeurs face à un Parti Les Républicains plus actif que jamais. L’attente du Fédérateur Borloo qui sans doute ne reviendra pas, les querelles d’égo entre leaders des petites formations constituant l’UDI, les difficultés à dialoguer entre eux et les erreurs répétées d’un chef Christophe Lagarde dont l’autorité n’est reconnue par quasiment personne auront eu raison, une fois de plus, de l’unité du parti du Centre. UN parti qui pèse dans l’opinion mais qui risque bien de s’effacer lors des futures élections législatives.