Après avoir félicité Donald Trump, du « bout des lèvres », François Hollande a évoqué mercredi 9 novembre au matin une "période d'incertitude" qui s'ouvrait avec l'élection du républicain à la présidence des Etats-Unis. Une mise en garde plutôt prudente au regard des nombreuses critiques adressées par le chef de l'Etat français au milliardaire américain ces derniers mois qui risquent de compliquer nos relations diplomatiques avec les Etats-Unis !..
"Vigilance et franchise". Voilà, en deux mots, l'attitude de François Hollande quand il dialoguera avec la nouvelle administration de Donald Trump, à partir de janvier, comme il l'a affirmé ce mercredi 9 novembre au matin lors d'une allocution officielle. Au cours des derniers mois, le président de la République s'est pourtant montré moins diplomate à l'encontre du candidat républicain, évoquant ainsi une "menace" et des "excès".
Ses slogans sont ceux de l’extrême droite
La première flèche est décochée en juin dernier. A l'occasion d'un entretien aux « Echos », François Hollande estime que l'élection de Donald Trump "compliquerait les rapports entre l'Europe et les Etats-Unis". "Oui", l'entrée du milliardaire républicain à la Maison-Blanche serait "dangereuse". Avant d'attaquer le candidat sur le fond de sa pensée : "Ses slogans diffèrent peu de ceux de l'extrême droite en Europe et en France : peur de la déferlante migratoire, stigmatisation de l'islam, mise en cause de la démocratie représentative, dénonciation des élites, alors même que Donald Trump, par sa fortune, en est l'incarnation la plus évidente".
Il mettait également en garde contre le risque d'un résultat inattendu, après le vote d'un Brexit qui a surpris toute l'Europe : "Ceux qui affirment que Donald Trump ne peut pas être le prochain président des Etats-Unis sont les mêmes qui prétendaient que le Brexit ne serait jamais voté."
"La campagne américaine indique des thèmes qui se retrouvent ensuite dans la campagne française"
Début août, Donald Trump a violemment critiqué la famille d'un soldat américain musulman, mort en Irak. Réponse de Hollande : "Les excès finissent par créer un sentiment de haut-le-cœur, aux Etats-Unis même, surtout quand on s'en prend, en l'occurrence Donald Trump, à un soldat, à la mémoire d'un soldat." Et le président de faire le parallèle entre les thèmes abordés de chaque côté de l'Atlantique. L'élection de Trump "peut conduire à une droitisation très forte ou, au contraire, à une correction", selon lui, notant que "la campagne américaine indique des thèmes qui se retrouvent ensuite dans la campagne française".
Ce n’est pas possible qu’il soit élu
Mi-septembre, lors d'une visite à New York, François Hollande redoute une nouvelle fois un résultat que beaucoup considéraient alors comme improbable : "Ce n'est plus une hypothèse, ce n'est plus une éventualité, c'est une possibilité, c'est même pour certains une probabilité. (...) Aujourd'hui, on pense que ce n'est pas possible, quand on entend Donald Trump, les propos qu'il tient, la confusion qu'il fait de manière permanente entre l'immigration et le terrorisme, la manière avec laquelle il utilise l'islam, on se dit 'ce n'est pas possible qu'il soit élu aux Etats-Unis'".
Deux mois plus tard, Donald Trump s'apprête à entrer à la Maison-Blanche, à la surprise quasi-générale. "Certaines positions de Donald Trump doivent être confrontées aux valeurs et aux intérêts que nous partageons avec les Etats-Unis, a déclaré François Hollande mercredi. (…) L'amitié et notre histoire commune nous y aiderons". Après plusieurs sorties faisant du candidat républicain une menace, le président français se montre désormais plus prudent dans ses déclarations. C’est ça la diplomatie !...
Source : LeJDD.fr 10-11-2016