Depuis que le Premier Ministre britannique a déclenché officiellement le « Brexit » le 29 mars dernier, chaque jour qui passe amène son lot de surprise voire même de casse-tête. Le dernier en date : Gibraltar. En effet, vendredi 31 mars dernier les autorités européennes ont affirmé que l’Espagne devrait avoir un droit de véto sur le sort de Gibraltar dans les négociations entre le Royaume Uni et Bruxelles.  Une idée qui ne semble pas saugrenue a priori mais qui a déchainé la fureur de la classe politique britannique  qui parle même de conserver son enclave par la force s’il le faut.

Theresa May a dit très clairement dimanche 2 avril que Londres défendrait Gibraltar, son bout de territoire à l’extrême sud de l’Espagne, mais ses alliés conservateurs sont allés bien plus loin en rappelant Margareth Thatcher avait envoyé la flotte et la troupe de Sa Majesté pour défendre ses îles lointaines des Falklands face aux Argentins qui les appellent Malouines. Et il semble bien que les esprits britanniques sont prêts, encore aujourd’hui, à s’enflammer pour ce confetti de leur Empire que constitue Gibraltar.

Que représente Gibraltar ?

Le confetti de l’Empira britannique qu’est Gibraltar c’est un caillou de moins de 7 km2, peuplé de 30.000 habitants. Ce territoire est la possession du Royaume-Uni depuis près de quatre siècles. Grand chantier de construction navale dans les années 60 il est devenu un paradis fiscal dans les années 80 mais cette époque là est également révolue. Les Britanniques y font prospérer une industrie de services et y stationnent des forces spéciales ainsi qu’une base militaire très pratique pour la flotte britannique qui patrouille en Méditerranée.

Une complexité supplémentaire

Donc, on peut comprendre que Londres veuille garder Gibraltar. Sauf que le Brexit change la donne. A partir du moment où l’Espagne, membre de l’Union européenne, réclame le retour de ce territoire dans sa zone de souveraineté depuis des décennies et que 10.000 espagnols se rendent chaque jour dans l’enclave pour y travailler, Madrid demande donc à avoir, non seulement un droit de regard mais aussi un droit de véto sur tout ce qui sortira des négociations du Brexit en ce qui concerne Gibraltar. Quoi de plus logique ?

Quel statut pour le rocher? Quel droit s’y appliquera, celui de Londres ou de Bruxelles? Quelle relation avec l’Espagne dès lors que Gibraltar n’appartient plus à l’UE? Bref, on est dans une querelle qui peut paraître minuscule ou ridicule mais elle en dit long sur ce que sont les Britanniques et sur la complexité européenne. On avait bien compris qu’il y aurait un problème à résoudre pour la frontière entre l’Irlande et l’Ulster, et pour l’Ecosse bien sûr. Mais personne n’avait pensé à Gibraltar qui est une illustration de plus de la difficulté de ce Brexit.

Personne n'imagine une guerre Angleterre-Espagne

Personne n’imagine naturellement une nouvelle guerre entre l’Angleterre et l’Espagne. D'abord parce que ce sont deux pays qui font partie de l’Otan. Mais on peut imaginer des bras de fer qui peuvent aller assez loin en cas de désaccord. Déjà à la fin des années 60, Franco avait bloqué les 1.600 mètres de frontière terrestre entre l’Espagne et Gibraltar et le contentieux n’avait été résolu que 17 ans plus tard! C'est ce qui avait obligé les britanniques à ravitailler le Rocher par la mer et par voie aérienne. On n’en est pas encore là, mais Gibraltar est définitivement une épine de plus dans les escarpins de Theresa May. Et il est fort probable que d’autres viendront rapidement s’y ajouter.

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