Le président russe Vladimir Poutine a conclu mercredi 21 mai avec son homologue chinois Xi Jinping un énorme contrat d'approvisionnement gazier à la Chine, évalué à 400 milliards de dollars, à l'heure où l'Europe s'inquiète des livraisons de Moscou sur fond de crise ukrainienne.
Les deux chefs d'Etat ont signé à Shanghai ce méga-contrat entre le géant énergétique chinois CNPC et le russe Gazprom, finalisé après une décennie de pourparlers et devant prendre effet à partir de 2018, pour 30 ans. Le volume livré à la Chine augmentera progressivement, jusqu'à 38 milliards de m3 par an, a précisé CNPC dans un communiqué.
La signature de cet accord intervient quelques heures après que le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a appelé Vladimir Poutine à respecter son "engagement" de poursuivre les livraisons de gaz à l'Europe, alors que Moscou menace de couper les approvisionnements de gaz à l'Ukraine le 3 juin en raison des impayés de Kiev.
L'accord russo-chinois porte sur un montant de 400 milliards de dollars, ce qui correspond à un prix de 350 dollars le millier de mètres cube, ont précisé les médias publics russes, citant le patron de Gazprom Alexeï Miller. "C'est un nouvel accomplissement majeur dans la coopération énergétique stratégique" entre les deux pays, s'est félicité CNPC.
Un beau succès pour Poutine
Pékin, soucieux de garantir ses sources d'approvisionnement énergétique, avait engagé depuis plus de dix ans des négociations avec Moscou, qui était quant à lui désireux de s'assurer pour Gazprom des débouchés sur le gigantesque marché chinois. Selon des chiffres officiels, la Chine --premier pays consommateur d'énergie du monde-- a importé l'an dernier 53 milliards de m3 de gaz naturel, soit un bond de 25% sur un an.
Mais les discussions ont longtemps achoppé sur le prix du gaz. Aucune confirmation officielle des montants avancés par les médias russes n'était disponible mercredi. En outre, les termes d'un accord-cadre signé en 2009 prévoyaient que le volume de gaz livré par la Russie pourrait s'élever à terme jusqu'à près de 70 milliards de m3 -- un chiffre réduit de moitié dans l'accord final.
"C'est un beau succès pour Poutine, qui pourra se targuer en rentrant à Moscou d'avoir réussi à conclure des négociations qui traînaient depuis plus de dix ans", a commenté Raffaello Pantucci, chercheur du Royal United Services Institute for Defence and Security Studies (RUSI), un institut britannique.
"Au milieu des vives tensions avec les Occidentaux à propos de l'Ukraine, les Russes en particulier voulaient se sortir de ces discussions en Chine, et prouver qu'ils avaient d'autres alternatives substantielles" hors d'Europe pour écouler leur gaz, a expliqué M. Pantucci à l'AFP.
Source : L’Express.fr 22-05-2014
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