L'ex-trader de la Société Générale, Jérôme Kerviel, a été arrêté dimanche 18 mai dans la nuit, sitôt la frontière française passée. Une interpellation express qui a laissé ses soutiens désemparés. Il a été transféré, puis incarcéré lundi matin au palais de justice de Nice.
La frontière franco-italienne tout juste franchie, l'ex-trader Jérôme Kerviel a été interpellé par la police à Menton, dimanche à minuit, heure limite à laquelle il devait se présenter aux autorités française en vue de purger une peine de trois ans de prison ferme. A minuit pile, l'ex-banquier de la Société Générale a été approché par deux policiers en civil, qui l'ont emmené très rapidement, en voiture. Jérôme Kerviel n'a opposé aucune résistance, comme il l'avait annoncé peu avant de retrouver la France au terme de deux mois et demi de parcours pédestre en Italie. Lundi 19 mai au matin, il a été transféré au palais de justice de Nice. "Il lui sera notifié la peine prononcée contre lui et la maison d'arrêt qui a été choisie", a indiqué à l'AFP le procureur de Nice Eric Bedos, sans donner plus d'informations. Il a finalement été incarcéré à Nice.
L'interpellation a laissé les soutiens de Jérôme Kerviel désemparés, certains en pleurs. "C'est violent", a commenté, très ému, le père Patrice Gourrier, qui s'est mis en disponibilité pendant trois ou quatre mois pour terminer la marche de Kerviel jusqu'à Paris. Avant de poursuivre "le combat", le père a appelé à un "sit-in" silencieux tôt lundi matin devant le commissariat de police de Menton, où Kerviel devait passer sa première nuit en détention, avant son transfèrement en prison. "Je vais me présenter au premier policier que je trouve", venait de dire Kerviel en approchant de la frontière, entouré de ses soutiens et des caméras, après deux jours de suspense et de revirements sur ses intentions. "Aujourd'hui, je n'ai pas perdu, j'ai passé une magnifique journée auprès des miens, aujourd'hui je suis heureux, je suis libre, je me rends à la police et à la justice", a-t-il dit, visiblement tendu avant de perdre sa liberté.
Suspense médiatique
Dimanche matin encore, il campait sur sa décision de rester en Italie, attendant toujours une réponse de l'Elysée, dénonçant des "dysfonctionnements judiciaires" dans le traitement de son affaire, sa défense demandant à rencontrer le chef de l'Etat.
Interrogé par l'AFP, l'entourage du président a répondu qu'"aucune rencontre n'(était) à l'ordre du jour". Pour l'Elysée, le chef de l'Etat est "le garant constitutionnel de l'indépendance de l'autorité judiciaire" et est "attaché au respect des décisions rendues par les juridictions françaises". Selon une source gouvernementale, l'exécutif n'avait pas l'intention de "tomber dans le piège évident tendu par Kerviel et son avocat". Dimanche soir, le ministre des Finances Michel Sapin a même affirmé que Kerviel était "un escroc" qui a été "condamné" et devait "purger sa peine". Jean-Luc Mélenchon a au contraire exprimé le soutien du Front de gauche "parce qu'il est innocent", regrettant que la Société Générale ait "refusé toute expertise indépendante".
Conseillé par une douzaine de stratèges de son comité de soutien, avec son avocat Me David Koubbi en chef d'orchestre, Jérôme Kerviel aura maintenu pendant deux jours le suspense face aux caméras qui lui ont offert une tribune inespérée. La Société Générale a dénoncé depuis samedi un "tapage médiatique", "semé de mensonges". Jérôme Kerviel, jugé seul responsable de la perte subie par sa banque, a été condamné en octobre 2010 à cinq ans de prison, dont trois ferme. Il a déjà purgé 41 jours en détention provisoire début 2008. Le trader avait dissimulé ses prises de risques avec des produits financiers dérivés, en introduisant de fausses données dans un système automatisé.
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