Dans un entretien accordé à « Paris Match », Ségolène Royal dénonce le "mépris" de certains de ses collègues. La ministre de l'Ecologie s'en prend également à Michel Sapin sur l'écotaxe et à Arnaud Montebourg sur le dossier Alstom. Des accusations assez graves qui font un peu « désordre » au niveau de ce gouvernement resserré dans lequel on nous avait annoncé la fin des « couacs » !.. Accusations qu’elle a aussitôt démenties oralement à la sortie du Conseil des Ministres mercredi 14 mai puis à nouveau à l’Assemblée Nationale dans l’après-midi. Ségolène Royale est coutumière du fait. Elle se « lâche » devant des journalistes et dès le lendemain assure que ce qui est écrit n’est pas ce qu’elle a dit !...
Moins de deux mois après sa nomination au ministère de l'Ecologie, Ségolène Royal retrouve sa la liberté de parole et suscite ainsi la polémique. Dans une interview à paraître dans « Paris Match » jeudi 15 mai, la candidate socialiste à la présidentielle de 2007 ne ménage pas ses collègues du gouvernement. Elle dénonce les "boules puantes", la "condescendance", le "mépris", selon elle, de certains ministres et s'offusque des "procès en incompétence" qui lui seraient faits au sein d'une classe politique "majoritairement composée de machos sûrs de leur bon droit".
Elle assure être en "phase politique" avec François Hollande et qualifie de "fluides" ses relations avec le chef de l'Etat. "Je fais mon travail. Le reste, je m'en fiche. Je n'ai pas de temps à perdre", souligne Ségolène Royal. "Je suis à ce poste parce que je suis compétente. Peut-être même la plus compétente", lance-t-elle encore.
Désaccord avec Sapin sur l'écotaxe
La ministre s'en prend également dans cet entretien à Michel Sapin au sujet de l'écotaxe. Persistant dans son refus d'imposer une "écologie punitive" aux Français sous la forme d'une taxe sur les poids lourds, solution défendue notamment par le ministre des Finances et une mission parlementaire, elle l'accuse de duplicité.
"Michel Sapin a une position institutionnelle qui colle, comme par hasard, à celle de la commission parlementaire présidée par le député Jean-Paul Chanteguet, dont il est le suppléant. Ce qu'il m'avait caché. Il a fallu que je le découvre par hasard", explique-t-elle. "Moi, j'ai une position imaginative, créative. Sur ce dossier, je suis attendue au tournant. Mais j'avancerai. A marche forcée s'il le faut", prévient-elle. Elle suggère ainsi un enterrement du dispositif en évoquant la perspective d'"un accord à l'amiable" avec la société Ecomouv', qui était chargée de collecter l'écotaxe et avait investi en ce sens.
General Electric "une très bonne opportunité pour Alstom"
Sur Alstom, Ségolène Royal fissure l'unanimisme de l'exécutif français, qui pousse l'offre de reprise de Siemens pour les activités énergie face au projet de General Electric, en plébiscitant la proposition du groupe américain. "General Electric est une très bonne opportunité pour Alstom. C'est le meilleur projet industriel. Pourquoi ne pas le dire? Et pourquoi vouloir systématiquement faire fuir les investissements étrangers?", dit-elle dans « Paris Match ». Sans le citer, Ségolène Royal s'oppose directement à Arnaud Montebourg, qui a dit lui sa préférence pour Siemens.
Autant de propos qu'elle a ensuite minimisés dans la cour de l'Elysée. "Je ne me laisse pas déstabiliser par des petites phrases dans la presse, je ne veux pas laisser dégrader ni mon travail ministériel, ni le travail du gouvernement, ni la solidarité". "Je ne me souviens pas avoir dit des choses comme ça", "si ce n'est sur le ton de la plaisanterie", les propos "sont sortis de leur contexte", assure-t-elle interrogée sur ses propos visant Michel Sapin.
Le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a pour sa part rappelé l'importance de la cohésion gouvernementale en réponse à une question sur la charge de Ségolène Royal. "Elle est sacrée parce qu'elle est la condition de la réussite. Il n'y a pas de réussite dans un gouvernement sans la solidarité gouvernementale et sans la cohésion gouvernementale", a-t-il dit lors du compte rendu du Conseil des ministres.
Ni le Président de la République, ni le Premier Ministre n’ont réagi à ces propos. Le « recadrage » de Ségolène Royal qui, forcément occupe une place à part dans le gouvernement, sera très difficile pour l’un comme pour l’autre. Et comme la Ministre de l’Ecologie a une très haute opinion d’elle-même on n’a surement pas fini d’en entendre !...
Source : leJDD.fr 14-05-2014
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