Les Français ont voté et même si le résultat de leur votes déplait à certains il faut tout de même accepter et essayer de comprendre. Pas la peine de tourner autour du pot. L’élection européenne a livré son verdict : le Front national est arrivé en tête d’une élection nationale. Une première historique pour le parti fondé par Jean-Marie Le Pen. Sa fille l’avait dit. Elle l’a fait. C’est une victoire personnelle incontestable, d’autant plus importante que le scrutin européen n’est pas celui qui est le plus favorable au FN. Essayer de comprendre pourquoi, malgré des propositions économiques contestées et contestables, mais que les Français n’ont pas voulu entendre, le FN a ravi la vedette à tous les autres en ce dimanche 25 mai.
Comprendre que c’est d’abord l’Europe qui a fait elle-même sa contre-campagne électorale : une Europe lointaine, qui s’illustre plus ses « ratés », et ils sont nombreux, que par ses succès dont elle parle peu. Une Europe incompréhensible représentée par trois ou quatre têtes que l’on ne connait même pas. Une Europe tatillonne, technocratique, réglementariste, qui semble davantage entraver que faciliter ; qui semble plus vulnérable que protectrice. Une Europe qui parait se soucier plus de ses banques que de ses peuples. Une Europe trop grande, trop diverse, dans laquelle le consensus ne semble désormais possible que sur des minimas. Une Europe plus laxiste que libérale qui ne contrôle plus ni ses importations, ni son immigration, ni son patrimoine. Une Europe passoire où sous couvert de bons sentiments « la libre circulation des hommes et des biens » on a autorisé tous les excès..
Cette Europe là n’a plus grand-chose à proposer au citoyen français qui ne la comprend plus. Non seulement elle ne le fait plus rêver mais elle ne lui donne plus d’espoir, elle ne le rassure plus et souvent même lui donne le sentiment qu’elle est la cause de tous ses maux.
Mais, pour comprendre le vote de dimanche, il faut aussi examiner la classe politique française pour ce qu’elle a de spécifique. Deux partis de gouvernement PS et UMP qui n’ont quasiment pas fait campagne pour les élections européennes, sauf peut être dans les derniers jours, en sachant pourtant que celle-ci serait difficile et que ces élections seraient très importantes.
Une UMP qui n’a toujours pas digéré ses querelles de personnes depuis l’élection de son Président, qui est maintenant au prise avec des affaires de fausses factures et de détournement. Une UMP divisée qui n’a pas su exprimer clairement qu’elle était sa position sur l’Europe, qui n’a pas mis en place les bons candidats, qui est empêtrée dans ses contradictions politiques en vue de la prochaine présidentielle. Une UMP qui, depuis des mois, ne semble préoccupée que par ses problèmes internes alors que les Français ont d’autres soucis et surtout d’autres attentes.
Le Parti Socialiste n’a pas donné une meilleure image. Entre l’affaire Cahuzac, les hausses d’impôts, les poses fiscales annoncées mais jamais tenues, la courbe du chômage qui devait s’inverser mais qui finalement… Un PS tout aussi divisé que ses adversaires. Un Président au plus bas dans les sondages dont on connait maintenant la stratégie : décisions mitigées, objectifs flous, changements de positions continuels mais obstination dans une politique qui va à l’échec. Une boite à outils qu’il prétendait adaptée à la situation mais qui s’est révélée totalement insuffisante.
Tout cela a contribué à faire de la société française une société déboussolée qui n’a plus confiance en rien, qui ne croit plus en ses dirigeants politiques qui ont trop promis, trop menti,.. En deux ans, après avoir annoncé le changement, les Français ont vu tous les indicateurs se mettre au rouge et ils ont vite compris que cette austérité qui ne veut pas dire son nom n’était pas là que pour quelques mois mais qu’elle pouvait être durable.
Ils ont compris, les Français, que non seulement le changement annoncé en France ne viendrait pas mais que les marges de manœuvre du Président étaient de plus en plus réduite. Ils ont compris que même un nouveau Premier Ministre, aussi dynamique et volontaire soit-il, ne pourrait pas résoudre les problèmes. Ils ont hélas aussi compris que François Hollande, impuissant à l’intérieur, l’était tout autant à l’extérieur et que sa volonté de changer l’Europe avait elle aussi échoué..
Que va faire le Président qui, constitutionnellement, n’a plus aucune marge de manœuvre non plus. Dissoudre l’Assemblée Nationale serait une grave erreur, changer de Premier Ministre serait ridicule, baisser les impôts comme le suggérait ce matin Manuel Valls ? Un peu tard et surtout avec quel argent ? François Hollande s’est mis tout seul dans la nasse. Les Français n’ont plus qu’à espérer qu’il ait une idée… géniale pour en sortir.
Jean-Pierre ECHAVIDRE
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