Après la forte hausse enregistrée en février dernier, le chômage a considérablement baissé en mars comme l'indiquent les chiffres publiés mardi 26 avril au soir. C'est même la plus forte baisse du nombre de demandeurs d'emplois inscrits en catégorie A depuis dix ans.
Après la forte hausse enregistrée au mois de février (+38.900), le nombre de demandeurs d'emplois inscrits en catégorie A à Pôle emploi a fortement diminué en mars : -60.000 en France métropolitaine, soit une baisse de 1,7% sur un mois, ce qui constitue la plus forte baisse du chômage depuis 10 ans. La baisse est la même pour les demandeurs d'emploi de moins de 25 ans et légèrement moins marquée (-1%) pour les plus de 50 ans.
"Les effets du pacte de responsabilité" selon El Khomri
"Cette baisse du nombre de demandeurs d’emploi sans activité est le résultat de l’amélioration graduelle de l’activité économique […], grâce notamment aux effets du pacte de responsabilité et de solidarité", a commenté Myriam El Khomri, la ministre du Travail. Depuis juin dernier, les chiffres du chômage alternent hausses et baisses. Le mois de février avait ainsi enregistré une hausse record, avec +38.900 demandeurs d’emploi en catégorie A.
Avec cette baisse, la France compte désormais un peu plus de 3,5 millions de chômeurs inscrits en catégorie A en France métropolitaine, soit une baisse de 1,4% sur trois mois mais une hausse de 0,5% sur un an. Les catégories B et C ne sont, elles, pas concernées par la forte baisse enregistrée en catégorie A : le nombre d’inscrits en catégorie B (personnes en activité réduite) a augmenté de 2% et de 3,2% pour la catégorie C (personnes en activité réduite longue). Au total, le nombre de demandeurs d’emploi en catégories A, B et C diminue in fine de seulement 8700, soit 0,2% sur un mois.
Les chiffres de la catégorie A sont donc à relativiser légèrement et, malheureusement, comme de mois en mois les statistique sont une fois bonnes et une fois mauvaises on ne peut guère conclure que « ça va mieux » comme le disait récemment le Président de la république.
Ce qui plombe encore l'économie
Car les ministres ont beau défendre un excellent bilan, le compte n’y est pas totalement. Parmi les catégories les plus fragiles, les jeunes et les seniors. Les premiers sont davantage au chômage que la moyenne européenne (25,9% contre 19,7%) même si la tendance pourrait s'inverser (+0,5% en février, -0,4% en mars). Pour les seconds, la situation n’est guère meilleure, avec une hausse du taux de chômage des plus de 50 ans de 0,9% en février, malgré un recul de 1% en mars. L’embellie se fait aussi attendre chez les demandeurs d’emploi de longue durée, pour qui l’augmentation du chômage est de 8,5% sur un an, avec une stagnation en mars.
Source mécanique de la baisse du chômage : un niveau suffisant de croissance. Et là, la France est en retard, affichant un taux de croissance prévisionnel "d’au moins 1,2% pour 2016", selon la Banque de France. A titre de comparaison, la zone euro naviguerait entre 1,4% et 1,5%. Quelques dixièmes de pourcentage, mais une importante répercussion sur l’économie : le seuil de création nette d’emplois se situerait actuellement à 1,5%, selon plusieurs économistes.
De leur côté, les ménages ne partagent pas l’enthousiasme relatif des entreprises. Leur moral est très bas, avec une situation financière morose et une crainte vis-à-vis de leur niveau de vie futur. Parmi les préoccupations des Français, l’emploi et la peur du chômage occupent le haut de la liste. La courbe va-t-elle finalement s’inverser avant 2017 pour l’ensemble des catégories de Français? "Ça ne va pas mieux pour tout le monde", a tempéré un François Hollande pourtant ravi lors de son intervention au siège de DCNS, mardi 26 avril après-midi. A l’évidence, il reste encore du chemin à faire.
Source : leJDD.fr 26-04-2016