Bercy a annoncé vendredi 22 avril au soir que l'Etat allait renflouer EDF à hauteur de trois milliards d'euros. Un nouveau coup de pouce à l'industrie nucléaire, alors que le groupe vient de lancer un projet d'augmentation de son capital de quatre milliards d'euros pour sortir de l'endettement.
"EDF est à un tournant de son histoire", déclare dans « Le Figaro » le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy. Le groupe a annoncé vendredi 22 avril un projet d'augmentation de capital de 4 milliards d'euros pour renforcer sa situation financière, auquel l'Etat va largement contribuer. "EDF est un groupe déjà endetté, de plus en plus endetté, et il est indispensable que nous mettions cet endettement sous contrôle. Le groupe doit donc dégager des moyens supplémentaires pour financer ses investissements", justifie au quotidien le dirigeant du groupe, détenu à près de 85% par l'Etat.
Une équation financière compliquée
Dans la foulée de cette annonce, Bercy a ainsi annoncé son intention de participer à cette augmentation de capital de l'électricien, pour un montant de 3 milliards d'euros. Les ministères des Finances et de l'Economie ont indiqué dans un communiqué commun qu'ils voulaient "assurer la réussite d'EDF dans le cadre d'un dialogue social de qualité". Le gouvernement et EDF discutaient depuis des semaines pour trouver une issue à l'équation financière de l'électricien, endetté et plombé par des prix de l'électricité en berne en Europe et un mur d'investissements à venir, notamment le controversé projet Hinkley Point les centrales EPR au Royaume Uni, dont l'ultime feu vert a encore une fois été reporté.
EDF va baisser ses coûts d'"au moins un milliard d'euros"
Après Areva fin janvier, c'est donc maintenant EDF, l'autre pilier du nucléaire français, que l'Etat s'engage à renflouer. Le projet d'augmentation de capital doit être lancé d'ici le début de l'année prochaine, si les conditions en Bourse le permettent. Bercy n'a pas détaillé comment il financerait ce nouveau coup de pouce, mais il dispose de participations dans d'autres entreprises qu'il pourrait céder. Le gouvernement a en outre accepté de recevoir les dividendes d'EDF qui lui seront dus au titre de 2016 et 2017 sous forme d'actions, plutôt qu'en numéraire, ce qui va soulager fortement la trésorerie du groupe.
Pour s'assurer ce soutien, EDF n'avait pas d'autre choix que de se mettre encore plus au régime, comme l'avait réclamé le ministre de l'Economie Emmanuel Macron. Il entend désormais baisser ses coûts d'"au moins un milliard d'euros" en 2019 par rapport à 2015, bien au-delà des 700 millions qu'il visait déjà en 2018. L'électricien, qui avait déjà prévu de réduire de 5% ses effectifs en France, n'évoque pas de suppressions de postes supplémentaires. EDF va réduire ses investissements nets (hors compteur intelligent Linky et nouveaux développements) de près de 2 milliards d'euros en 2018 par rapport à ceux réalisés en 2015. Ils s’établiront donc à 10,5 milliards d'euros à cette échéance.
Cette thérapie de choc doit permettre au groupe d'aborder plus sereinement l'avenir. Et notamment la maintenance lourde des 58 réacteurs français, évaluée à plus de 50 milliards d'euros d'ici 2025. Il devra aussi financer le rachat, décidé par l'Etat l'an dernier, de l'activité réacteurs d'Areva, valorisée autour de 2,5 milliards d'euros. Une offre ferme de l'électricien
est attendue, mais toujours suspendue à la résolution du dossier de l'EPR en construction en Finlande par Areva.
Source : LeJDD.fr 23-04-2016